La menace Mariko plane toujours

Oumar Mariko fait encore des siennes, non sans une certaine ironie : celui qui se fait le chantre du nationalisme radical recourt à un avocat proche de l’extrême droite française et de plusieurs dictatures étrangères pour régler ses déboires administratifs. Mais Mariko n’est plus à une contradiction près ; des contradictions qui pourraient être lourdes de conséquences…

L’avocat français choisi par Oumar Mariko, un certain Marc Ceccaldi, compte parmi ses clients la figure de l’extrême droite française, Marine Le Pen, l’ancien dictateur guinéen Dadis Camara (ami de Mariko !), ou encore l’oncle du dictateur Bachar El Assad. Manifestement, Marc Ceccaldi reconnaît à Oumar Mariko un profil comparable…

Ce nationalisme à deux vitesses ne peut que décrédibiliser ses critiques envers la France qu’il qualifie volontiers de néocoloniale. Mais Oumar Mariko cultive le goût du paradoxe. Si la France n’est pas exempt d’erreurs, lui reprocher un comportement néocolonial est dénué de logique étant donné que l’intervention française a précisément permis de sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali, de sauver le régime du Président Traoré, et d’empêcher l’érection d’un émirat salafiste à Bamako. A moins qu’Oumar Mariko eut préféré pareil scénario ? Faut-il en effet rappeler l’amitié qui lie Iyad Ag Ghaly et Oumar Mariko, déjà côte à côte en 1991 lorsque le premier aidait le second à mettre à genou le Président Moussa Traoré à Bamako ? Faut-il rappeler que cette amitié permettra à Oumar Mariko de s’appuyer sur Iyad Ag Ghaly en 2007 pour établir à Kidal la liste de son parti SADI ? Faut-il enfin rappeler que c’est au nom de cette proximité qu’Oumar Mariko s’est déplacé à Niafunké en juillet 2012 pour trouver un terrain d’entente avec Ansar Dine ? En coulisse, certains soutiennent fermement que Oumar Mariko était au courant de l’attaque de Konna, voire soutenait celle-ci pour faire tomber le régime de transition qu’il soutenait pourtant et s’imposer comme Premier Ministre.

Ces collusions pourraient prêter à sourire si Oumar Mariko n’incarnait pas une menace pour la stabilité du pays et des différents régimes qui se succèdent. En effet, l’intéressé lui-même reconnaît avoir été à l’origine de la chute des Présidents Moussa Traoré et ATT. Pourquoi agirait-il autrement aujourd’hui alors que, fidèle à son inconstance, il oscille comme souvent entre soutien et opposition au Président IBK ? Aujourd’hui sous le coup d’une instruction judiciaire pour avoir commandité le meurtre de deux étudiants, des enlèvements et des séquestrations, il demeure encore un allié de circonstance et trouve ainsi de précieux alliés dans la majorité présidentielle, à commencer par le président de l’Assemblée nationale dont l’influence pourrait inciter la justice à faire machine arrière. Pourquoi donc Oumar Mariko est-il si précieux pour le régime ? Outre sa popularité incontestable qui le protège, Oumar Mariko partage avec nos autorités le souci de soutenir les milices d’autodéfense, songhai, peulhs ou bellah. On se souvient de l’enthousiasme naïf qui était le sien à son retour de Sévaré en juillet 2012 lorsqu’il avait garanti « l’excellence » des milices Ganda Koy et Ganda Iso. Ce courant ultra-nationaliste qui mélange haine de l’autre et souverainisme aveugle constitue un frein à la réconciliation nationale et une menace permanente. Les récentes manifestations orchestrées contre le régime par Oumar Mariko de même que sa présumée tentative de coup d’État en avril n’en sont que les démonstrations les plus criantes.

Idrissa KHALOU

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