Menace de sanctions contre le Mali : Un jeu d’intimidation entre la CEDEAO et la Transition ?

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Après avoir accusé réception des sanctions prononcées par la CEDEAO, les autorités maliennes de la Transition ont tenté de prouver leur bonne foi  en organisant les Assises Nationales de la Refondation. Cette concertation nationale,  aux allures d’un référendum,  a pour but de convaincre les maliens de la nécessité de proroger le délai de la Transition.

Dans cette perspective,  un panel des « Hautes personnalités » a vu le jour après l’adoption de la loi créant l’Organe unique de gestion des questions électorales. Mais ces initiatives,  qui semblent réconforter les maliens dans leur désir de rallonger cette Transition et surtout pour mener à bien la lutte contre la délinquance financière, peuvent-elles dédouaner les autorités de Transition du non-respect des engagements pris relativement à l’organisation des élections dans le délai initialement stipulé ? Sont-elles de nature à convaincre la CEDEAO  et les autres partenaires ?

Le dernier communiqué, en date, de la CEDEAO est très limpide. Préoccupée par la situation sécuritaire et politique du pays, l’organisation sous-régionale met en doute la volonté des autorités maliennes de la Transition. Elles sont soupçonnées de vouloir se maintenir illégalement au pouvoir. Le retour à l’ordre constitutionnel promis n’est plus d’actualité.  Puisqu’en absence d’un chronogramme officiel,  nul ne saurait affirmer une date d’élections démocratiques futures.

La méfiance de la CEDEAO est d’autant plus forte qu’elle constate que les sanctions précédemment infligées n’ont pas été dissuasives. Et l’organisation entend en découdre avec les Autorités maliennes de la Transition qui devront assumer la responsabilité des sanctions (économiques et financières) à venir.

Toutefois,  la diplomatie malienne n’a certainement pas encore dit son dernier mot. Et,  il semble qu’elle ait plus d’une corde à son arc. Mais pourra t-elle imaginer un autre tour de passe-passe pour arriver à ses fins ? Et quelles fins vise-t-elle ? La question mérite d’être posée afin que nous (tous les maliens) soyons au parfum des projets qui tardent à voir le jour.

On a évoqué l’insécurité pour justifier la nécessité d’un report d’échéance. Mais, en dépit du soutien inconditionnel du peuple, la sécurité semble impossible à garantir. Du coup, la CEDEAO est préoccupée par le lien que nos Autorités créent entre le retour de l’ordre Constitutionnel et une impossibilité de sécuriser le territoire. Si on a pu tenir les Assises Nationales  de la Refondation dans un contexte sécuritaire difficile,  rien ne s’oppose à ce que les élections se fassent dans des circonstances similaires. C’est une conclusion évidente à laquelle on peut parvenir. Par ailleurs, quel délai donne-t-on pour restaurer l’intégrité du territoire ? Quand on songe au fait que ce combat contre le terrorisme est un combat de longue haleine, même pour des États plus forts et mieux outillés, il apparaît hasardeux de lier le retour de l’ordre constitutionnel au rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire.

La CEDEAO, ayant compris cela, ne peut raisonnablement pas cautionner une confiscation du pouvoir par les militaires quand bien même ces derniers seraient adoubés par le peuple. Ce dernier, victime à coup sûr, des sanctions économiques à venir, mesure t-il les enjeux ? Nos autorités de la Transition seront-elles disposées à prendre le risque d’exposer un peuple déjà affamé et meurtri à d’autres épreuves ? La CEDEAO ne peut-elle pas s’en remettre au libre arbitre des maliens qui affirment être derrière cette Transition ?

Autant de questions qui taraudent l’esprit d’un observateur apolitique !

Dr DOUGOUNÉ Moussa

Professeur d’enseignement Supérieur

Consultant Formateur auprès des entreprises et des banques

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