Mémoire du Parena sur le carnage du Radisson et la détérioration de la situation sécuritaire

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Rentrée politique 2016 du Parena : « Inspirer l’espoir chez les Maliens »

1 – Le 20 novembre dernier, une attaque terroriste d’une ampleur sans précédent a frappé Bamako : 22 morts dont une quinzaine de  visiteurs étrangers et plusieurs Maliens (personnel de l’hôtel et agents de sécurité).

2 – Quelques heures plus tard, le PARENA a rendu public un communiqué par lequel les dirigeants, militants et sympathisants du parti s’inclinaient devant la mémoire des victimes innocentes de l’attaque, dénonçant les terroristes-tueurs qui avaient pris pour cible notre pays et nos hôtes ressortissants de pays amis.

Enfin, nous avons salué l’action salvatrice des FAMAS et de leurs camarades américains,  français et onusiens.

3 – Par la suite, le PARENA a observé  les trois jours de  deuil national et l’état d’urgence décrété par le président de la République pendant dix jours..

4 – Nous exprimons notre profonde gratitude aux gouvernements et aux peuples du monde entier, notamment ceux  du bassin du fleuve Sénégal et de la CEDEAO, pour la solidarité fraternelle à nouveau exprimée à l’endroit du Mali.

5 – Le deuil national et l’état d’urgence étant achevés, il est de notre devoir démocratique et citoyen de soulever des questions et de souligner les dysfonctionnements et les ratés de l’action gouvernementale dans la gestion de la sécurité nationale.

6 – La fusillade du Radisson est la 4ème attaque perpétrée dans le District de Bamako depuis le début de l’année 2015. Elle survient après l’attentat contre le général Mohamed Abderahmane Ould Meydou (26 janvier), la fusillade de la Terrasse   (7 mars), l’attentat contre le poste de police de l’autogare de Sogoninko (12 août).

C’est la deuxième attaque contre un hôtel qui se termine dans le sang après celle du Byblos (Sévaré, les 7et 8 août).

7 – Le sort de la  plupart des auteurs de  ces attaques est inconnu à ce jour et nul ne sait le point des enquêtes visant à les neutraliser.

8 -Cette réalité aurait dû conduire le gouvernement à prendre des mesures appropriées pour protéger les sites sensibles de la capitale. Or chacun sait que le Radisson comme tous les autres hôtels étaient jusqu’au 20 novembre sous la seule protection des agents de sécurité privée qui ne sont armés que de gourdins.

9 – En outre, les attentats terroristes perpétrés à Paris, le 13 novembre, auraient dû inciter le Gouvernement à prendre des mesures préventives de sécurité pour protéger la population malienne et nos hôtes. Ce ne fut pas le cas.

10 – Par ailleurs, les syndicats de la Police nationale ont déploré le dénuement dans lequel se trouvaient les Forces Spéciales au moment de l’attaque contre le Radisson. Ils ont souligné, en particulier, le manque de gilets pare-balles. Selon la Mercuriale des prix du MDAC, un gilet pare-balles coûte selon le protocole conclu avec GUO-STAR, 650.000 francs CFA l’unité, payable sur trois ans. Des gilets pare-balles ont-ils été commandés à GUO-STAR en 2013? Si, oui, ont-ils été livrés ? Comment expliquer que les Forces Spéciales aient manqué de gilets pare-balles le 20 novembre 2015?

11 – Le 22 novembre, recevant son homologue du Sénégal, le président de la République a annoncé que les Forces Spéciales maliennes seront mises dans les conditions pour accomplir leur mission, « même s’il faut recourir à un collectif budgétaire » alors que l’examen du budget 2016 est à peine entamé ! Que faut-il déduire de cette déclaration présidentielle ? Qu’il n’y avait ni prévision ni provision pour doter les forces de sécurité de moyens nécessaires à l’accomplissement de leur mission? Cette déclaration du Président soulève une autre question : si nos forces ne sont pas dans les conditions, qu’a-t-on fait des 480 milliards inscrits dans les budgets 2014 et 2015 au titre de la défense et de la sécurité ?

12 – La sécurité, la protection des personnes et des biens est une question de gouvernance, de bonne gouvernance. Quand un gouvernement baigne dans la mauvaise gouvernance, dans les scandales de détournements de fonds publics, comme c’est le cas au Mali, il aura du mal à doter les forces de moyens adéquats et à assurer la sécurité des citoyens.

13 – Pour mémoire, des contrats d’une valeur totale de 108 milliards ont été conclus à partir du 13 novembre 2013 entre le Gouvernement et la société GUO-STAR représentée par un proche du Chef de l’Etat que celui-ci a décrit à l’époque comme « un spécialiste en ingénierie financière ».  Ce « spécialiste » sera nommé le 7 janvier 2014 Conseiller Spécial du président de la République. Conclus pour une période de trois ans,  ces contrats de fourniture de matériels à l’armée ont donné lieu à des micmacs inqualifiables et à de grossiers virements  de milliards sur des comptes bancaires à l’étranger…

14 – La situation sécuritaire s’est considérablement dégradée tout au long de l’année en cours. Plus de 100 incidents armés de sécurité ont été enregistrés depuis le 1er janvier entraînant la mort d’au moins 350 personnes. Depuis la signature de l’Accord de paix et de réconciliation en juin, 44 incidents se sont produits sur l’ensemble du territoire national et 174 morts ont été recensés.

15 – Le PARENA exhorte président de la République et le Gouvernement à sortir du cycle de l’improvisation et à mettre au point une stratégie nationale autonome de sécurisation et de protection  du peuple en rénovant notre outil de renseignement, de défense et de sécurité. En mettant l’accent, au regard des menaces et des défis auxquels nous sommes confrontés, sur la prévention et les ressources humaines.

16 – Le PARENA recommande :

– une surveillance accrue des sites stratégiques et points sensibles tels que les sièges d’institutions, les ponts, centres de conférence, hôtels, stades et lieux de rassemblement ;

– l’organisation de patrouilles de surveillance sur les trois ponts de la capitale ;

– une protection renforcée des résidences des chefs d’institutions et des membres  du Gouvernement

– la dotation effective des forces spéciales et de toutes les forces armées et de sécurité en moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions.

 Bamako, le 1er décembre 2015

Le Comité Directeur du PARENA   

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