Le 21 mars dernier, plusieurs dizaines d’hommes à moto ont attaqué des villages et des campements dans le département de Tillia. N’épargnant aucun être vivant, ils ont semé la mort, pillant les dépouilles.
Le bilan est lourd : 141 membres de la communauté Touareg, dont 22 enfants âgés de 5 à 17 ans, ont été froidement assassinés. On compte de très nombreux blessés. Officiellement, ces massacres n’ont pas été revendiqués. Officieusement, tout porte à identifier l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) comme responsable. Au Niger, le groupe djihadiste mène une campagne sanguinaire qui depuis le début de l’année a déjà couté la vie à plus de 300 civils.
L’EIGS s’est implanté dans des zones étendues et désertes à l’ouest du Niger, zones dans lesquelles l’Etat a du mal à appliquer son contrôle et contenir la menace de ces bandes armées très mobiles.
Le groupe dirigé par Abou Adnan Al Sahraoui fait donc à nouveau sinistrement parler de lui. Ce dernier cherche par tous les moyens à reconstituer ses ressources, tant humaine par le recrutement de combattants que financière. Les villageois en âge de combattre, qui refusent de rallier la cause de l’Etat Islamique, sont massacrés tout comme leurs familles. Récemment, l’EIGS se serait vu renforcer par des combattants venus de l’étranger dont des nigérians affiliés à Boko Haram, groupe dont la barbarie n’est plus à démontrer.
Le mode opératoire du massacre de Tillia n’est, en effet, pas sans rappeler celui utilisé par le groupe qui sévit dans la région du lac Tchad. Les assaillants, lourdement armés et se déplaçant à moto, ciblent des villages isolés, tuent sans distinction les populations, pillent les habitations avant de les incendier et repartir. L’étendue du territoire rend les interventions des forces de l’ordre particulièrement difficile.
Le défi sécuritaire face auquel le président Mohamed Bazoum va devoir faire face durant son mandat s’annonce d’ores-et-déjà très compliqué.
Idrissa Khalou
@IKhalou