Comment sont les enjeux de la sécurité au Mali perçus par les citoyens ordinaires ? Quelles sont les sources de sécurité existantes ou perçues par les gens vivant dans des communes maliennes. Telles sont les questions qui ont guidé cette étude de la sécurité par le bas, conduite par une équipe d’anthropologues.
L’étude porte un regard sur la situation sociopolitique et sécuritaire malienne à partir des discours et pratiques populaires, y compris les initiatives citoyennes pour renforcer la sécurité, telles que la patrouille d’auto-défense et le règlement local de conflit. En même temps, elle révèle ce que les gens perçoivent comme « une absence de l’État », car l’insécurité prévaut « lorsque la gestion des affaires de l’État ne se fait pas dans la transparence ». Aussi, les notions locales de sécurité, telles que lakana et hakilisigi en bamanankan, sont analysées dans le contexte local spécifique et en échange avec les citoyens lambda. L’étude s’est déroulé dans deux communes maliennes : Niono et de Kalaban-Coro. L’insécurité a pris de l’ampleur à Niono (Région de Ségou) avec des attaques des groupes armés.
Le chef de guerre djihadiste Amadou Koufa est actif dans cette zone frontalière avec la Mauritanie. Une psychose s’est installée par rapport à une éventuelle attaque. Les problèmes fonciers se posent dans cette région où l’Office du Niger est le maître d’ouvrage d’aménagement des terres fertiles. Kalaban-Coro (située à côté de Bamako) constitue un hinterland de la capitale malienne. Dans cette commune, la recherche a cherché à comprendre comment la sécurité et l’insécurité sont perçues et vécues par les citoyens lambda, qu’il s’agisse du banditisme, des groupes armés ou des dispositifs sécuritaires.
A KalabanCoro se pose également des sérieux problèmes fonciers liés à l’expansion de Bamako. La recherche est le fruit d’une collaboration établie depuis 2008 entre le Point Sud (Mali) et l’université d’Uppsala (Suède). La présente étude se situe dans le cadre du programme « Construire une paix durable au Mali : Contributions de la société civile aux politiques de sécurité des populations », 2016-2018, dirigé par Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) avec la Coalition Nationale de la Société Civile pour la Paix et la Lutte contre la Prolifération des Armes Légères (CONASCIPAL). Le programme est financé par l’Agence Suédoise de coopération pour le Développement International (Asdi).
L’étude est accessible en ligne ici : http://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:1095872/FULLTEXT01.pdf