Mali : Un jeu de poker menteur ?

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La faiblesse de nos armées et de nos forces de sécurité découle ombilicalement, nous le savons tous, des réticences de la même communauté internationale chaque fois que nos Etats ont voulu investir dans ces secteurs de souveraineté. Même les arguments de la montée vertigineuse du grand banditisme face auquel nos éléments ont peu de moyens n’ont pas permis de convaincre cette même communauté de l’intérêt qu’il y avait à accorder aux questions de défense et de sécurité intérieure tout l’intérêt qu’elles méritaient.

Par ailleurs, et il faut le dire sans nuance, cette guerre-là est la guerre de la France ! Tout au plus de la coalition qui l’a accompagnée dans sa croisade contre la Libye de KADHAFI. Tous les observateurs sérieux avaient prédit que cette croisade, dans sa forme, allait ouvrir une boîte de pandore dans la région du fait qu’elle allait non seulement raviver des crises latentes mais en plus donner des armes de premier choix à ceux qui choisiraient la guerre pour se faire entendre.

Deux semaines après le début de la guerre contre le terrorisme – djihadiste du Mali, on attend toujours de voir la force multinationale à l’œuvre, la France étant toujours seule sur le terrain aux côtés des Maliens.

C’est à croire qu’on est en plein poker menteur tout se jouant loin des évidences et des annonces des uns et des autres. En effet, entre les déclarations, les actes et les faits, le fossé est souvent si grand qu’on se demande si tous les acteurs prennent la pleine mesure des évènements et de la situation. C’est même à se demander s’il y a un cap clairement défini, qu’on sait d’où on part et surtout où on va. Pourtant les enjeux sont si importants !

Après les tergiversations de la France : « J’y vais » ; « j’y vais pas », on avait cru qu’elle s’était définitivement décidée en volant promptement au secours du Mali pour stopper l’avancée des rebelles d’une part et en annonçant qu’elle irait jusqu’au bout sans se fixer de limite dans le temps ni de niveau d’engagement d’autre part.

En conséquence, Maliens et Africains ont applaudi des deux mains, eux qui n’ont plus aucune gêne à reconnaître que l’affaire les dépasse et qu’ils sont loin de faire le poids dans une guerre qui leur est imposée et qu’ils n’ont aucune chance de gagner tout seuls.

Il ne faut pas avoir honte de le dire ; cela d’autant plus que si nous en sommes là aujourd’hui, en vérité nous sommes loin d’en être responsables tant dans le fait de notre incapacité à faire front que dans la survenue des évènements.

La faiblesse de nos armées et de nos forces de sécurité découle ombilicalement, nous le savons tous, des réticences de la même communauté internationale chaque fois que nos Etats ont voulu investir dans ces secteurs de souveraineté. Même les arguments de la montée vertigineuse du grand banditisme face auquel nos éléments ont peu de moyens n’ont pas permis de convaincre cette même communauté de l’intérêt qu’il y avait à accorder aux questions de défense et de sécurité intérieure tout l’intérêt qu’elles méritaient. Voilà d’où vient la faiblesse de l’Armée malienne et de nos différentes armées ; et voilà pourquoi c’est la France qui sera, qu’elle le veuille ou non, en première ligne.

La vérité commande de le dire et de mettre fin aux euphémismes et aux tournures diplomatiques qui veulent que l’Armée française accompagne l’Armée malienne et les forces africaines. C’est bien tout le contraire. Nos armées serviront tout simplement de caution à l’action de la France. Les seules forces africaines qui peuvent s’affranchir de cette tutelle sont celles des pays qui sont passés outre les injonctions du FMI, de la Banque mondiale et de la communauté internationale pour se doter d’armées conséquentes, capables de rivaliser avec l’ennemi. Il s’agit, dans le cadre de la situation qui nous interpelle, du Tchad, du Nigéria et de l’Algérie dont les armées sont en effectifs comme en équipements en mesure de supporter la comparaison avec les djihadistes-terroristes.

Chacun de ces pays a non seulement les moyens de son option, la manne pétrolière, mais en plus une histoire qui parle d’elle-même. Pour le cas du Tchad, on se rappelle qu’il a tiré une croix sur la part des générations futures qu’il gardait sur son pétrole. Les cris d’orfraies de la communauté internationale n’y a rien fait. C’est ce qui lui a permis de faire face à ses nombreuses rébellions et à être aujourd’hui un recours. Un véritable pied de nez à tout ce beau monde.

Comme le dit un adage populaire de chez nous « tôle ce n’est pas tôle ». Cela donnerait « militaire ce n’est pas militaire ». En effet, tandis que le soldat français est protégé des orteils jusqu’au bout des cheveux, est doté d’un armement sophistiqué, a des appareils de vision nocturne et de précision et derrière lui toute une logistique et une organisation qui comprend des drones et même des satellites, le soldat burkinabè ou malien, lui, a dans le meilleur des cas un casque lourd et un kalach au poing. Ridicule !

Par ailleurs, et il faut le dire sans nuance, cette guerre-là est la guerre de la France ! Tout au plus de la coalition qui l’a accompagnée dans sa croisade contre la Libye de KADHAFI. Tous les observateurs sérieux avaient prédit que cette croisade, dans sa forme, allait ouvrir une boîte de pandore dans la région du fait qu’elle allait non seulement raviver des crises latentes mais en plus donner des armes de premier choix à ceux qui choisiraient la guerre pour se faire entendre. C’est ce qui se passe et ceux qui en sont responsables devront être en tête pour corriger les conséquences de leur incurie.

En un mot comme en cent, la France doit terminer le sale boulot qu’elle a commencé. Et puis, faut-il le noter, étant très proche du théâtre des opérations, il y a un impératif à assurer nos arrières. On ne le sait que trop bien, une règle d’or du mouvement djihadiste est de frapper là où on l’attend le moins. La récente prise d’otages en Algérie en témoigne éloquemment. Nous devons donc investir sérieusement dans la prévention d’actes attentoires à la sécurité dans nos pays. Sur ce point il est loisible d’observer que notre pays a pris des mesures dont certaines sont perceptibles. C’est à saluer. Mais il est aussi connu que la meilleure sécurité est celle qui implique les populations en faisant de chaque citoyen un agent de sécurité. Chacun est donc interpellé.

Cheick Ahmed (ilingani200@yahoo.fr)

L’Opinion

 

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