MALI : Sans solutions, les djihadistes menacent de mort les trafiquants de carburant

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Carburant au nord du MaliLes nombreux revers subis par les terroristes au nord du Mali au cours des derniers mois ont considérablement affaibli l’ensemble des mouvements djihadistes. Encerclés, isolés, ruinés, les leaders de Al Mourabitoune se retournent maintenant contre leurs derniers soutiens : les transporteurs et trafiquants de carburant. Un ancien membre du groupe aujourd’hui prisonnier aurait fait part à la police malienne d’une série d’opérations djihadistes visant à éliminer les transporteurs qui en savent trop, mieux contrôler leur approvisionnement et détourner les revenus générés par ces trafics.

 

Comme tout le monde le sait, la partie nord du pays, au-dessus de la ligne Tombouctou-Gao, n’est pas irriguée par l’importation « officielle » de produits pétroliers. Cette vaste région, où se réfugient encore les derniers combattants djihadistes, répond à ses besoins en carburant quasi-exclusivement en ayant recours à la contrebande, en provenance d’Algérie et du Niger. Cette contrebande, inutile de le cacher, est tolérée par nos autorités, en raison des fortes contraintes techniques et financières liées à l’approvisionnement de cette zone, que même les plus grosses compagnies pétrolières ne peuvent assurer. Il faut dire qu’une grande partie de la population du nord en profite, et le système, finalement, fonctionne bien. Ou plutôt fonctionnait bien : comme dans les autres domaines, l’arrivée des djihadistes et leur prolifération dans la région ces deux dernières années avait modifié la donne.

 

Les djihadistes, obligés de se déplacer en permanence et donc dépendants du carburant, avaient en effet « offert leur protection » à certains transporteurs, à condition qu’ils détournent une partie du trafic à leur profit. Mais la menace de disparaître qui pèse désormais sur eux les aurait fait revoir les plans. Décidés à rompre leurs accords tacites, ils auraient décidé d’éliminer purement et simplement leurs collaborateurs, en Algérie, au Niger et au Mali.

 

Ce changement brutal de stratégie est la conséquence directe de la pression que les forces de sécurité exercent en permanence sur les djihadistes, qui pensent avoir intérêt aujourd’hui à éliminer tous les témoins de leur présence et de leurs habitudes dans le nord du pays et à récupérer au passage les revenus importants générés par ce trafic pour tenter de résister quelques semaines de plus.

Ibrahim KEITA

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