Mali : Rébellion au nord: Vers le report de la présidentielle 2012

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 Le drame que vivent présentement les Maliens du nord et du sud, à cause des attaques rebelles d’une rare violence, conduisent à s’interroger sur la possibilité de tenir dans les normes, l’élection présidentielle malienne, le 29 avril 2012. La guerre fratricide au nord du pays a occasionné le déplacement de dizaines de milliers de Maliens fuyant les combats entre l’armée malienne et les groupes rebelles.

Pour ramener la paix, alternativement à l’option militaire, plusieurs initiatives se sont exprimées, à travers des confessions religieuses, des communautés, des partis politiques et la société civile. De toutes les autres, l’initiative politique portée par les partis politiques, semble comporter des propositions concrètes pouvant ramener la paix en posant les jalons d’un dialogue entre les parties en conflit. La classe politique représentée par quatre chefs de partis qui sont Soumaïla Cissé de l’URD, Dioncounda Traoré de l’ADEMA-PASJ, Tiébilé Dramé du PARENA et Choguel Maïga du MPR, ont été reçu deux fois en une semaine par le Président Amadou Toumani Touré (samedi 4 février et vendredi 10 février). L’initiative de la classe politique qui se décline en un plan d’actions a été remise au Président ATT le vendredi 10 février, par ces leaders politiques dont deux, Soumaïla Cissé de l’URD et Dioncounda Traoré de l’ADEMA-PASJ, sont candidats investis à l’élection présidentielle d’avril 2012. Selon nos sources, le plan d’actions comprenant des mesures applicables a eu l’assentiment du chef de l’Etat.

A la suite de l’audience avec le Président ATT, le porte-parole des partis politiques Dioncounda Traoré a déclaré que la « réaction du Président a été positive. Ce que nous cherchons tous, est que dans ce pays on arrive à instaurer la paix et à faire en sorte de restaurer un climat propice à l’organisation d’élections crédibles et transparentes et au développement de ce pays, tout simplement». Il a en outre indiqué que les heures que nous traversons étaient « suffisamment graves » pour que l’on ne se préoccupe pas simplement d’élections. « Effectivement si certaines situations devaient perdurer dans le pays, il serait peut-être temps de se poser la question de savoir si les élections vont se tenir de façon normale », a laissé entendre Dioncounda Traoré. Même si le porte-parole de la classe politique pense qu’on n’en est pas encore là, le doute est déjà permis sur la tenue de la présidentielle le 29 avril prochain.

Au front, les armes ne se sont pas tues. Le commandement militaire se montre conscient de l’impératif des échéances électorales, et entend mener les opérations sur le terrain de sorte qu’elles soient respectées par la tenue des élections dans un climat de paix restauré. Rendant visite aux troupes à Gao, le nouveau ministre dela Défense, Sadio Gassama leur a rappelé la mission qui a été confiée à l’armée sous son commandement. C’est de rétablir la paix dans un court délai de trois mois, parce que les élections doivent se tenir. A l’opposée, les rebelles ne lâchent pas prise. Dans la région de Gao, la ville de Ménaka reste aux mains des rebelles depuis le 17 janvier 2012.

Le Mouvement national de Libération de l’Asawad (MNLA) y installe son administration. Ce serait la capitale de l’Azawad dont ils revendiquent l’indépendance. La guerre irrédentiste a fait de nombreux morts, dont le nombre reste secret, tant du côté de l’armée que de celui des rebelles. Autant de deuil au sud comme au nord du Mali, et des exilés des villes et de l’intérieur ; des dizaines de milliers de refugiés au Niger, en Mauritanie, en Algérie et au Burkina Faso. « Notre pays vit une des heures les plus critiques de son Histoire millénaire. Jamais l’unité du pays n’a été autant menacée. Jamais la cohésion de notre vieille nation n’a été autant ébranlée. De graves périls menacent l’essentiel dans notre pays », a déclaré le président du PARENA, Tiébilé Dramé lors de la cérémonie d’ouverture dela Conférencedes Fédérations du parti le 11 février dernier au Centre international de conférence de Bamako. C’est pourquoi le PARENA a décidé d’annuler son Conseil National consacré aux élections pour marquer sa solidarité avec l’ensemble de notre peuple.

De ce point de vue, à côté de l’essentiel qui est menacée, la question des élections devient l’accessoire et la recherche de la paix, une priorité absolue. Il y a donc lieu de réfléchir, selon Tiébilé Dramé « aux conséquences de la crise du Nord sur la démocratie, sur le fonctionnement et le renouvellement des institutions de la République, sur les élections programmées pour les prochains mois ».

S’agissant du référendum, la constitution dispose à l’alinéa 2 de l’article 118 dela Constitution du 27 février 1992 qu’ « aucune révision ne peut être engagée ou poursuivie s’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». Si cette atteinte devait persister encore, c’est évident qu’il ne devrait pas avoir de referendum le 29 avril, encore moins d’élections.

En ce qui concerne l’élection présidentielle, « si le Mali est un et indivisible, peut-on imaginer un seul instant tenir des élections sans les régions du Nord, avec l’insécurité, les dizaines de milliers de réfugiés et de déplacés internes ? », s’est interrogé le président du PARENA, Tiébilé Dramé. Cette interrogation en appelle plusieurs autres : l’organisation des élections bâclées dont la conséquence serait la contestation des résultats et l’instabilité politique au sud qui viendront s’ajouter à la guerre, à l’insécurité au Nord.

Koaci.com

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1 commentaire

  1. “Vers le report de la présidentielle…” C’est le souhait des auteurs de la confusion. Mais ils vont vite déchanter parce que Dieu aime le Mali.

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