Mali: Nampala/Kidal, une question de nonchalance ?

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Il y’a presque une année aujourd’hui, le serviteur qui vous écrit s’interrogeait avec vous, sur les raisons de l’absence de moyens aériens pour l’armée malienne, et à l’époque, nous en avions conclu, que cette absence était plus dû à une sorte d’insouciance générale (que j’avais qualifié en son temps de “nonchalance malienne”) qu’à un réel embargo international, fomenté contre notre pays.

Aujourd’hui, les tragiques événements de Nampala et de Kidal, viennent nous rappeler l’acuité de ce problème. Et les propos du Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, ne font que renforcer notre conviction, la nonchalance continue de tuer au Mali. Elle tue des Hommes, des soldats, des pères de famille, des fils, des femmes et des enfants; mais elle tue également l’espoir, la confiance et la fierté de tout un peuple.

En effet, comment comprendre que la première institution du pays en soit encore à simplement proclamer :

“Il nous faut des hélicoptères de combat, des avions de reconnaissance et de transport”.

Ce n’en serait pas tragique, qu’on en sourirait, mais ceci fut proclamé le jour des funérailles des 17 soldats tombés pour la patrie lors de la dernière attaque contre le camp militaire de Nampala.

Alors oui je sais, les défenseurs du régime vont nous ramener à la même rengaine, notre pays, le Mali, est victime d’un embargo qui ne dit pas son nom, par un pays dont on n’ose dire le nom, même si j’ose pensé à votre place, à notre ami-ennemi, la France, à qui l’on ne cesse pourtant de tresser des lauriers pour ses sacrifices et sa présence “salutaire” au Nord. Mais passons, car nous avons de vrais questions que nous souhaiterions poser et surtout voir relayer par tout à chacun, au premier responsable du Pays, au Président de l’Assemblée Nationale, au Gouvernement, ainsi qu’à toutes les autres autorités civiles et militaires :

1°) Pourquoi, plus de quatre ans après le début de cette crise politico-militaire, le Mali (qui parait-il, a failli disparaître et demeure toujours sous la menace narco-djihadiste) est-il toujours privé d’une force de frappe aérienne ? La notion d’urgence est-elle différente au sommet de l’Etat ou la nonchalance malienne l’a t-elle emporté? L’urgence pouvant attendre lorsque l’on compte naïvement sur Barkhane et la MINUSMA (en version mandat renforcé) comme dernier recours.

2°) Au sujet de l’embargo “réel” ou “imaginaire”, dont ne cesse de nous tympaniser les oreilles tous les chantres du régime :

A t’il été levé le 15/06/2015, lors de la commande des 6 avions de combat Super Tucano par le Gouvernement Malien à l’entreprise Brésilienne EMBRAER ?

A t’il été levé le 16/02/2016, lors de la commande de l’avion de transport C295W par le Gouvernement Malien au groupe européen AIRBUS ?

A t’il été, tel un intermittent du spectacle rétablit depuis ? Ce qui expliquerait pour les complotistes, qu’aucune oreille n’ait encore entendu le vrombissement de ces appareils à Bamako Sénou ou sur le théâtre d’opération ?

3°) Au sujet du chronogramme de livraison, le Gouvernement Malien a t’il une idée sur la date approximative à partir de laquelle, nos FAMAS pourront compter sur un appui aérien, et ainsi dissuader mais surtout punir tout ennemi potentiel ? A t-on prévu une formation technique accélérée des pilotes, mécaniciens et autres intervenants de notre future capacité aérienne? Ou le Mali suit-il un processus de livraison standard soumis au délai de production et de livraison classique?

4°) Où en sommes-nous du projet d’acquisition d’hélicoptères gazelles françaises vantés par le député Karim KEITA depuis 2014 ? A t’il été abandonné ? A t’on choisi une autre alternative ? Pourquoi ne pas avoir commandé d’urgence des matériels à la Russie, et notamment des hélicoptères d’attaque modernisés MI24 super hind ou MI28 ? (Ne serait-ce que du matériel transitoire en attendant d’avoir des équipements définitifs mais plus long à obtenir, sachant que la Russie se montre ouverte à aider notre pays dans ce sens) ?

5°) N’a-t-on toujours pas compris au sommet de l’Etat, que la principale faiblesse militaire du Mali réside dans son manque de vecteur aérien ? Et ceci, que ce soit en 2012, en 2013, en 2014, en 2015 ou en 2016.

N’a t-on toujours pas compris que la signature puis la mise en oeuvre chaotique des fameux accords de paix (soit dit en passant, largement déséquilibré) ne sont qu’une des résultantes de cette faiblesse militaire ?

A-t-on conscience que le sentiment d’impuissance après toutes ces attaques contre les FAMAS soit hautement dommageable pour le moral de nos soldats ? Et donc leur combativité.

6°) Le Gouvernement a t’il prévu en sus du rattrapage des lacunes aériennes constatées, un saut technologique qui permette de faire entrer l’armée malienne dans ce 21éme siècle, grâce notamment, à l’équipement en outils sophistiqués devenus aujourd’hui abordables tels que par exemple, des drones tactiques afin de pouvoir faire une surveillance aérienne rapproché des lieux stratégiques et de leurs environs immédiats afin de prévenir les menaces ? En effet, du fait que nos jeunes soldats soient issus d’une génération née avec les NTIC, ils auraient une facilité accrue à se familiariser à ces nouveaux outils.

Voici chers lecteurs, en résumé, nos interrogations principales et légitimes, qui sont, nous en sommes convaincus, partagées par beaucoup de nos concitoyens et qui mériteraient des réponses appropriés et précises. Espérons qu’elles ne soient pas passées à la trappe par mépris ou … nonchalance…

Amadou KA “malistrategique.over-blog.com

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