Mali, les grandes manœuvres

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Sauve est la démocratie malienne tant vantée et moult fois donnée en exemple, question d’égratigner un voisin naguère fier de son expérience. En cours de route, le pays a perdu un président démocratiquement élu et auquel il ne restait que quelques semaines au pouvoir avant le choix de son successeur, via une consultation populaire. L’esprit de la Constitution a été malmené et voila Amadou Toumani Touré obligé de rendre sa démission. « Par amour pour le Mali », précise l’ancien Général et désormais ex-Chef de l’Etat victime d’un coup d’Etat conduit par un Capitaine.
Le Mali institutionnel retrouve ce qu’il n’aurait jamais dû perdre, en attendant de recouvrer son intégrité territoriale, ce qui,  en l’état actuel des rapports de forces, pourrait prendre un peu plus de temps.
Ceux qui ont pris le contrôle de Kidal, Gao et Tombouctou entre autres localités, ont commencé à faire monter les enchères, amenant déjà une voix européenne, en l’occurrence le chef de la diplomatie belge, à évoquer une éventuelle « autonomie » du territoire revendiqué par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Il y verrait un moindre mal, l’idée inacceptable d’indépendance commençant à prendre forme dans le discours de personnalités parlant au nom de la rébellion.
Le geste insensé d’un groupe amené par un officier a eu pour conséquence de précipiter un fait dont le capitaine Amadou Sanogo disait vouloir empêcher la survenue. L’Armée dite sous équipée et insuffisamment entraînée « par la faute d’une mauvaise gouvernance » sous le Président Amadou Toumani Touré, a été vite défaite dans le Nord du pays. Même plus rapidement que n’en pouvaient rêver ceux qui, depuis près d’un demi siècle, tentent de soustraire une partie du pays à l’administration de Bamako.
Faut-il pour autant en déduire, « la fin de la guerre », ainsi que décrétée mercredi 4 avril par le MNLA ? D’autres actes restent à poser et tout laisse croire que la diplomatie régionale n’est pas encore au terme de ses efforts. Quand la CEDEAO aura fini de  tourner la page Sanogo (ce ne serait qu’une question de jours) après avoir négocié la démission du Président Touré, il lui faudra contribuer à restaurer l’intégrité territoriale du Mali sans préjudice de sa propre crédibilité internationale.
Si l’Organisation régionale n’a pas les moyens militaires pour faire plier des « indépendantistes » aussi aguerris que maîtres incontestés sur un territoire nord malien immense et hostile, elle perdra du temps à mettre en place une force crédible. A moins de se résoudre à renoncer à un peu plus de sa fierté, en faisant appel aux capitales occidentales plutôt préoccupées par la présence d’éléments dont les idéaux sont aux antipodes des intérêts de Paris, Washington ou encore Londres,  Berlin…
En décidant de lever toutes les sanctions antérieurement adoptées contre les nouveaux et éphémères « maîtres » à Kati, la CEDEAO a pris la résolution du moindre mal. Imposer un blocus économique aurait fait comme premières victimes, non pas le Capitaine Sanogo et ses fidèles dans l’armée, mais des populations déjà frappées par les pénuries alimentaires occasionnées par les mauvaises récoltes de la campagne 2011.
Les rebelles qui contrôlent désormais le Nord du pays s’en seraient frotté les mains. Car les institutions en seraient encore plus affaiblies et le mécontentement populaire aiguisé, créant peut-être, les conditions idéales pour une progression de ceux qui envisagent d’aller jusqu’à Bamako, parce que « l’Indépendance » proclamée par le MNLA ne suffirait pas.
Le Mali sous administration islamiste ; la perspective inquiète très largement au-delà de la région ouest africaine. Voila qui devrait faciliter la tâche à la CEDEAO, d’autant que le capitaine encore aux affaires, le temps de l’installation des personnalités de la transition sous la conduite du président de l’Assemblée  Nationale, Dioncounda Traoré, a fait une partie du travail en matière de demande d’aide.
Le chef des putschistes a lancé en fin de semaine, un appel à un soutien international avec comme seules conditions, que cet appui ne soit que logistique. En l’occurrence, Sanogo enfonce une porte ouverte. Les Occidentaux destinataires du message ne sont pas disposés à s’empêtrer dans un nouveau bourbier en Afrique. Les foyers qui ressuscitent ça-et-là dans une Libye insuffisamment pacifiée, sont le meilleur indicateur d’une improbable intervention  -type nouvelle Otan-  comme dans une guerre classique.
C’est dire que dans l’état actuel des rapports de forces, le temps ne joue pas en faveur des autorités qui devraient sous peu, prendre en charge la gestion de la crise encore circonscrite dans le Nord du pays. Mais que faire alors que la France, par la voix de son chef de la diplomatie, a déjà affirmé que la solution ne pouvait être militaire et que le puissant voisin algérien a mis en garde contre l’idée de guerre ?
En vérité, les choses sont allées beaucoup trop vite pour laisser le temps à une juste appréciation des décisions prises ou envisageables.
Une première annonce rebelle a été faite jeudi 5 avril, portant « arrêt des combats ». Le lendemain vendredi, était annoncée sur le même plateau de France 24, « l’Indépendance du territoire » qui ne serait « pas négociable ». Le Mali est non seulement menacé de partition, mais les forces en présence sur le territoire revendiqué par le MNLA ont la particularité de ne pas avoir les mêmes objectifs. Ce qui ne peut qu’accentuer le désordre déjà décrit par des familles fuyant le Nord.
Quand le Mouvement à l’origine du conflit dit avoir fini de (re)conquérir le « pays touareg », ce qui signifie la « fin des opérations militaires », des acteurs dans des habits de la religion disent vouloir aller jusqu’à Bamako. L’expérience que j’ai personnellement du Nord Mali où j’ai séjourné plusieurs fois m’a suffisamment édifié sur l’existence dans la capitale, d’alliés objectifs ouverts à la propagande islamiste.
Le pouvoir malien sous ATT était-il faible au point de justifier un coup d’Etat ? Cela expliquerait peut-être que l’Ambassadeur de France à Bamako n’ait pas hésité à prendre langue avec le chef de la Junte, alors même que la classe politique malienne était dans l’expectative, privant Sanogo d’interlocuteur crédible.
En s’accommodant de la nouvelle donne à Bamako (à défaut de l’avoir encouragée), Paris voulait-il créer les conditions d’une libération négociée des otages occidentaux aux mains de ravisseurs établis dans le Nord Mali ? Le Président candidat Nicolas Sarkozy en aurait certainement tiré un formidable coup de pub politique et diplomatique. Au rythme où vont les choses cependant, tout laisse croire que pour engranger des points sous cette forme, le camp UMP attendra.
La balle est désormais dans le camp du Président de l’Assemblée Nationale. Le Pr Dioncounda Traoré, homme politique de grande valeur qui sera appuyé par un Premier Ministre de transition, aura la lourde tâche de préparer l’élection présidentielle, tout en restant l’interlocuteur de la communauté internationale pour la gestion du brûlant dossier qu’est devenu le Nord Mali. Durant cette phase cruciale, le peuple tout entier aura besoin de faire preuve d’un maximum de sursaut patriotique pour ne pas briser l’élan enclenché.
La Communauté internationale ne semble toutefois pas encore bien préparée à faire face à la situation qui se dessine au Mali. Elle est au contraire prise à son propre jeu. Quelles différences y aurait-il en effet, entre la sécession sud-soudanaise ayant conduit à la partition du Soudan et les revendications du Mouvement National de libération de l’Azawad ?  Il y en a au moins une, de bien manifeste : les ressources pétrolières principalement localisées dans une partie loin de la capitale sous contrôle d’un pouvoir hostile aux intérêts occidentaux.
Le territoire revendiqué par la rébellion touarègue avait jusqu’à très récemment, la particularité de pouvoir devenir progressivement « le Mali utile », du fait des potentialités réelles ou supposées que recèlerait le sous-sol. Cela pouvait-il justifier le silence de ceux qui contrôlent les Nations Unies ?
Le « devoir d’ingérence humanitaire » serait il à géométrie variable ? Ce qui est de nature à outrer IBK ancien Premier Ministre et ancien Président d’Assemblée Nationale qui, s’appuyant sur des témoignages de « violences, vols, viols et autres destructions de biens » perpétrés à Tombouctou et à Gao notamment, se demandait jeudi dernier encore, pourquoi l’agitation diplomatique onusienne en Syrie tardait à être appliquée au Mali.
      Ahmadou Tidjane GOLOGO
Consultant

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6 COMMENTAIRES

  1. Soyons objectif, vous pensez qu’on peut redresser en une semaine une armée déstabilisée en 20 ans. Le capitaine n’a jamais dit qu’il va régler le problème en une semaine, au moins il a une vision en l’occurrence c’est de doter les forces armés de moyens conséquent pour que dans l’avenir le pays puisse pas connaitre de tel sort. Par contre avec son prédécesseur personne au Mali même dans l’assemblée Nationale ne savait la politique de défense d’ATT.
    Il faut que les uns et les autres se donnent la peine méditer un temps soit peu sur les causes réelles de ce coup de force qui n’honore pas certes notre pays mais vient aussi à un moment où le pays subissait la pire humiliation de son histoire.
    Entre le Mali et la Démocratie je choisi le Mali.

  2. C’est l’eternel probleme des pays pauvres que vous posez.Deux poids et deux mesures.Nous devons l’integrer une fois pour toute.Lacommunaute internationale n’a jamais vole au secours de qui que ce soit, jamais!Elle ne defend que ses interets.Toujours.

  3. Moi je dirai plutot que c’est une honte pour le Mali ce coup d’etat. Tous ceux qui s’agitent et sautent de joie pour cette connerie vont se rendrfe compte seulement dans quelque jours. ATT a ete chasse par la france parce que-croit elle le mali est un mauvais eleve en tant que pays colonise par elle. Elle va installer un homme qui va lui ouvrir les portes du petrole du nord Mali, qui va signer le retour des maliens de france, qui va faire pour elle ce que Alpha et ATT lui a refuse. La rebellion a juste ete creee a ce effet sinon les Mali a tout fait pour son Nord et surtout pour ceux qui se reclame de la rebelion. ATT a fait des betises c’est vrai mais faison attention. Vous ne serez pas surpris de voir des diplomates francais discuter avec cette junte dans les jour a venir si la france sent que Dioncounda veut suivre les traces d’ATT ou d’Alpha. Elle pourra. C’est pourquoi Sanogo est la a brandir son epe de damocles. Sinon avec 20 ans de democratie, notre classe politique devrai etre en mesure de sen debarraser sans probleme. Proposition: fermer l’ambassade de France au Mali et chercher d’autres partenaires credibles

  4. APPELLE AUX CITOYEEN MALIEN

    Réveillez vous mes cher compatriote et analyser la situation que notre paye est entrain de subir, faute a une trahison de haut dégrée. Notre pays est victime d’un soit disant coût d’état depuis le 22 Mars 2012. Mes cher compatriote moi je n’appelle pas çà un coût d’état; par ce que je n’ai jamais vue L’ex président ATT arrêté par ces putschistes. Pour moi un coût d’état na pas deux preuves; la seule et unique preuve est de montre le Président arrêté a la population. Ce qui n’a jamais été fait. Ce crime commit par un militaire qui est suppose renforce la loi et protégé les citoyen vient mentir a ces compatriotes. Qui, semble pour moi ce laisse manipule par n’importe qui. Qui est Sanago pour se levé un jour manigancer un coût d’état imaginaire, et pire dissoudre tout une constitution d’un grand payé comme le Mali. Si le Président a trahit son propre paye ou était le président de l’Assemblé General Monsieur Dioncounda Traore . Qui ,en sa fonction représente la voix de la population ou était il pour que n’importe qui se lève pour venir faire n’importe quoi, ou était les officieux supérieur ou était les juges, le Mali n’avait il pas un une cour suprême? tous ont délaisse le pays dans la main d’un groupe compose d’une vingtaine de personne. Mes compatriotes tous ceux ci ne vous dis rien? Quelqu’un qui veux le bonheur de son paye ne peux pas se levé et viole la loi de son payé en flagrant de li aux yeux et au vue de tout le monde. Les membre du CNRDRE qui ce dit qu’ils veulent redresser la démocratie , et ce sont eux qui sont les premiers a violée la loi, en prennent le pouvoir avec la force au lieu de ce levé pour mobilise la population a sortir massivement pour allez votez lors de l’élection qui était prévu pour juste quelque semaine. Ou en-somme nous aujourd’hui un MALI divise. La rébellion du Nord qui a durée plus de 20 ans le Mali n’avait pas perdu une seule ville du Nord mais en trois jours nous avons perdu tout le Nord. Quelle était la raison donner par la Junte pour son soit disant coût d’état, «le problème du Nord» qu’es ce qu’ils ont fait des lors pour le Nord? Si c’est pas d’envoyé les membres du CNRDRE dans les régions du Mali pour leur soutenir dans leur crime. Qui parmi eux se sont levé pour aller aidez le reste des militaires au Nord? Personne même pas une délégation de 2 personnes, a plus forte raison une troupe. Quand le CNRDRE se lève pour dire qu’ils n’ont par d’armement pour allez au Nord d’où sort les armes qui ont servit a faire le sois disant coût d’état, a détruire le Palais, a terrorisez la population pendant des jours, a empêché les présidents de la CEDEAO d’ atterrir sur notre territoire. Mes cher compatriote tous ceux ci ne vous dit rien. Mais moi je vois çà comme une boycotte de l’élection et non un redressement de la démocratie. C’est vraie nous voulons l’Union, nous voulons l’Intégrité. Mais rappelons nous que l’on ne peut pas construire ni l’Union, ni l’Intégrité sur le mensonge, sur l’égocentrisme sur la passivité. L’ Union et l’Intégrité dont on parle aujourd’hui ne peut se faire avec les traîtres. Ils doivent être juger et condamné nul n’est au déçus de la loi. Mes compatriotes Réveillez vous, soyons vigilant et ne nous laissons pas manipule par n’importe qui. Mes cher compatriote Le CNRDE a humilier, et expose le Mali dénigre l’arme Malienne Comme a dit BOB Marley «STAND UP FOR YOUR RIGHT». Il N’Y A PAS DE PRESIDENT SANS CITOYEEN. DONC REVEILE VOUS, REPRENNE VOTRE POUVOIR. Pensez au Martyres du 26 Mars qui nous ont libéré aux pris de leur sang pour sauver notre patrie de la dictature, pensez au Nord d’ aujourd’hui ou nos sœurs, mères. qui sont entrain de subir des violes, nos maris frères, pères qu’on es entrain d’égorgé. Choisissez le Mali et non les Traîtres. Moi en tant qu’une citoyenne Malien Je condamne fermement ce coût d’état dont le Mali n’avais pas besoin ; et si on ne se levé pas pour faire respectée la loi de notre patrie on ne va jamais sans sortir par ce qu’on ne vas pas finir de faire le coût d’état dans notre paye pour oui et pour non
    Que le DIEU tout puissant nous aide dans cette crise. Amen
    Bernadette Sidibe

    • Ma soeur, c’est a devenir dingue souvent. Je pensait que j’etais seul a penser de la sorte. Depuis le 22 mars, je me pose la question, a quoi a servit ce coup? Qu’est ce que le Mali y a gagne? Je vois pas. Au contraire, c’est la honte du mali et de l’armee, la division du pays et des maliens, le rabais de l’estime que les autres avaient pour nous, et le terrible sentiment que nous avons notre destin dans la main des autres.
      Pour te reconforter, lit Mr Tall dans l’Indicateur du Renouveau: ” Le putcsh le plus debile et la volonte manifeste de confiscation de pouvoir par le Capitaine Sanogo”. T’en apprend de plus deprimants sur les putshistes et les hommes politques.

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