Matin du dimanche 13 mai 2018 : un vent de jeunesse et de spiritualité souffle sur Bamako. Les leaders religieux et coutumiers venus de tout le pays sont rassemblés au Palais des sports de Bamako pour deux jours de travaux en présence d’un auditoire de plusieurs milliers de Maliens de tous horizons, tous conscients qu’un évènement historique se déroule sous ses yeux.
Journées d’affluence
Ce fut l’affluence des grands jours de prêches, les 13 et 14 mai à Bamako : plus de 8000 participants, dont de nombreux jeunes et beaucoup de femmes sont venus écouter les 400 leaders religieux et coutumiers, arrivés des 49 cercles du pays. Ils se sont rassemblés pour faire vivre la foi, dynamiser le vivre-ensemble et la fibre nationale et faire bloc contre le terrorisme et le radicalisme religieux.
Depuis plusieurs semaines, quelques indiscrétions laissaient présager que les leaders religieux et chefs coutumiers projetaient de s’impliquer à leur tour dans la mobilisation de tous les Maliens, et surtout la jeunesse du pays. Aujourd’hui, cette mobilisation se met en place, inexorablement, comme annoncée. Les 14 et 15 mai, elle a pris la forme d’un forum, organisé à l’initiative, entre autres, de Maki Ba, Président de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali. La date n’a pas été choisie au hasard : en cette veille de Ramadan, le moment est propice pour créer les conditions de la diffusion d’un message d’unité, de paix et de développement. La première étape visible de cette mobilisation se déroule sous nos yeux en ce premier jour de Forum, dont l’objectif était de constituer un large front face à l’intolérance religieuse, à l’Islam rigoriste et au terrorisme par une sensibilisation de tous les relais religieux, coutumiers et sociétaux du pays.
Ces rencontres ont fait intervenir les plus hautes personnalités du pays. L’évènement a été couvert par la télévision nationale et plus de dix radios ont relayé les discours des intervenants.
Des intervenants au sommet
Le premier jour, à la tribune, Cherif Ousmane Haïdara, très écouté, donne le ton de ces journées en dénonçant l’instrumentalisation des communautés à des fins d’instabilité. La jeunesse Malienne adhère et applaudit.
Puis le Premier Ministre, qui s’est déplacé pour l’occasion avec une partie de son gouvernement, inaugure lui-même les débats en rappelant sa propre détermination contre le radicalisme, son intransigeance à l’égard des terroristes, de leurs complices et de tous ceux qui veulent instrumentaliser la religion.
Les représentants des trois familles fondatrices de Bamako sont présents, certains d’entre eux animent les débats. Les participants sont invités à se pencher sur trois thématiques requérant l’implication des leaders religieux et chefs coutumiers : la lutte contre le terrorisme et le radicalisme, la prise de conscience citoyenne contre le terrorisme et le radicalisme, et enfin l’application de l’APR. Les débats sont riches, chaque participant est soucieux de s’impliquer et d’apporter sa propre pierre à l’édifice. Très écouté de tous, l’aménokal des KelAnsar intervient solennellement au nom de l’ensemble du monde touareg pour définir les contours d’un cadre de concertation permanent entre touaregs et peulhs du centre afin de lutter ensemble contre l’ennemi commun qu’est le terrorisme. La parole de l’aménokal révèle sa sagesse et son érudition ; son intervention est attentivement écoutée et très appréciée.
Le Mali uni contre le terrorisme
Parmi les participants, on remarque particulièrement les représentants de la CMA : Al Ghabass Ag Intallah, frère de l’aménokal des Ifoghas et Secrétaire Général du HCUA et Redouane Ag Mohamed Ali, Secrétaire général du HCUA, représentant la CMA au CSA. Mahamadou Djery Maïga, Président de la commission politique de la CMA (Maïga, lui, se serait impliqué dans l’organisation de l’évènement). Consciente de la haute importance des thématiques, toute l’assemblée, et tout particulièrement les jeunes, fait preuve d’une contribution assidue. La société civile est représentée notamment par Modibo Kadjoke, chef de la mission nationale d’appui à la réconciliation, qui se chargera lui-aussi de relayer largement les messages.
A la sortie, de petits groupes de jeunes se retrouvent déjà dans les rues d’ACI2000 proches du Palais des Sports, et prolongent entre eux les discussions : la jeunesse se fait déjà le relai et le promoteur des messages reçus des intervenants ayant participé au forum.
La dynamique de la jeunesse
Si les objectifs de ce rassemblement sont pleinement atteints, les choses ne s’arrêtent pas là : il s’agit bien d’une dynamique générale de lutte contre le terrorisme et le radicalisme qu’ont initié les organisateurs du forum. Elle ne fera que se renforcer et s’étendre à l’ensemble des populations de tout le pays, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, à mesure que le message sera diffusé par les relais religieux et communautaires mobilisés pour l’occasion. A la suite de ce forum, l’ensemble des référents religieux et coutumiers ont obtenu une audience auprès du Chef de l’Etat lui-même afin de lui remettre une liste de recommandations, destinée aux différents relais en vue de leur application au profit des populations.
Conquise, la jeunesse Malienne qui a assisté à ce forum des leaders religieux et des chefs coutumiers s’est illustrée par des interventions appréciées. Les jeunes ont surpris l’assemblée par leur pertinence et leur clairvoyance. Une preuve de plus, s’il en fallait, de leur maturité et de leur responsabilité ? En voici une : les jeunes ne se sont pas laissées prendre par le jeu de l’Imam Dicko qui a, comme l’on pouvait s’y attendre, tenté de perturber le forum et de l’empêcher d’atteindre ses objectifs. Mais l’imam wahhabite a une fois de plus échoué dans sa tentative et fait décidément figure de grand perdant. L’ensemble des participants à ces journées a préféré retenir l’élan de jeunesse, de spiritualité et de conscience citoyenne qui a jailli durant deux jours à Bamako et dans l’ensemble du Mali.
Paul-Louis Koné
@pauloukone
A ma connaissance les leaders chrétiens ont aussi participé et ont même intervenu. Si c’est vrai, pourquoi Paul L. Koné ne le mentionne pas ? Autrement il faut écrire « les leaders religieux musulmans musulmans et coutumiers »
C’est très bon que les chefs religieu s’implique contre les bandits armé, terroristes qui ont apporté chez nous leur islam extreme qui n’est pas le notre. Ils sont caché derriere la religion qu’il respecte pas, ce sont que des assassins !
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