Mali: La blessure de l’âme.

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Mr Sekou Diallo (Alma Ata, Kazakhstan)

Quelque part “en haut” au Mali, certaines personnes seraient déjà au courant de la très triste réalité qu’est la partition du pays qui semble être mise en exécution et que plus rien ne pourrait arrêter. Je dis plus RIEN en tenant compte de la nature même de l’Africain Noir : trahison, coup bas, égoïsme, insouciance des autres et de son sol natal, aptitude à courir derrière les autres, à les servir, à les singer en tout, même au détriment de ses propres valeurs qu’il méprise. L’Africain Noir n’a donc rien compris jusqu’à présent malgré des siècles de domination et d’humiliations de toute sorte par tous les autres peuples du monde. Au lieu de nous unir pour la défense collective d’intérêts primordiaux devenue un élément capital de la géopolitique contemporaine, nous nous battons entre nous pour des richesses dont le contrôle nous échappe ainsi dans le brouhaha et dans les émotions.

A qui la faute?

Prenons le cas du Mali. Durant ces 20 dernières années, nous avons assisté à une destruction systématique des fondements de l’Etat par les tenants du pouvoir. L’école, le tissu social, même l’armée qui doit être permanemment sur le qui-vive pour défendre le pays. Tout a été démonté pièce par pièce. La fièvre de la course folle  à l’argent facile, le désir insatiable de s’enrichir à tout prix a envahi l’élite politique et la bourgeoisie locale. Non satisfaits de brader la richesse principale qu’est l’or, ils se sont associés aux trafiquants de stupéfiants et aux preneurs d’otages pour bénéficier du magot. Ils devenaient ainsi de plus en plus avides, de plus en plus insolents, allant d’imprudence en imprudence dans leurs actes. Le nord du Mali est devenu un terrain ou se pratiquaient toutes les sales opérations qui puissent exister grâce à la démilitarisation de la zone. Un territoire de plus de 800.000 km qui échappe à tout contrôle de l’Etat malien. Au lieu de chercher par tous les moyens un règlement efficace au danger, la classe dirigeante a préféré clamer son impuissance sur tous les toits, sans pour autant que l’argent des rançons et des drogues cesse de s’acheminer vers le Bamako officiel. Il semble que tout a commencé par des disputes autour de la cagnotte criminelle. A cause de la cupidité de quelques individus, tout le pays est tombé.

Après avoir été longtemps délaissé, le nord du Mali a suscité de grandes convoitises quand ses richesses ont été étalées au grand jour. Il s’agit d’or, de pétrole, d’uranium, de sable de verroterie et de potentialités hélioélectriques. A cela il faut ajouter les 5 milliards que génère la vente des drogues, sans prendre en compte les rançons. L’enjeu était donc de taille. La méfiance a toujours existé entre Bamako et les rebelles touareg. Si les derniers trouvaient qu’ils gagnaient peu, les premiers estimaient que leur demande était de trop. La tension a fini par monter au moment où l’on savait que notre armée n’est pas en position de pouvoir riposter. En plus d’être une armée de luxe avec des généraux stupides, aussi obèses les uns que les autres, elle n’a plus d’armes; celles qui restaient ont été vendues aux Indiens sous forme de ferraille.

La division est dans le sang de l’Africain. Notre faiblesse qui pourra jeter dans un futur relativement proche les bases de notre disparition réside dans le fait que nous sommes toujours accrochés à nos ethnies, même si elles ne comptent que quelques milliers de personnes. Lorsqu’il devient impossible à un pays comme la France avec ses 70 millions d’habitants de faire face seule aux profondes mutations qui se produisent dans le monde, il est très singulier qu’une ethnie africaine veuille se poser en première ligne, au-dessus des autres, alors qu’elle est composée en grande majorité d’illettrés comme toutes les autres. Cela s’applique aux rebelles touareg qui pensent pouvoir bénéficier seuls des richesses du nord. Il n’en est rien. S’il se trouve que l’idée d’une partition du Mali est en cours et qu’elle est soutenue dans des cercles extérieurs restreints, les rebelles risquent très fort de ne voir que des factures sans pouvoir sentir l’odeur du pétrole par exemple. Le diviser pour mieux régner, la règle qui marche en Afrique sans faille à cause du caractère turbulent de l’Africain,  fera gagner aux autres ce dont ils rêvent pour rester maitres éternel du jeu.

 

Les dirigeants maliens, et ceux des pays d’Afrique noire en générale, se sont lancés sur une logique qui ne mènera nulle part à court, moyen ou long terme. Ce n’est pas en servant les intérêts des autres  qu’ils seront reconnus comme dignes fils de l’Afrique par ceux-là devant qui ils se prostituent pour rester au pouvoir. La peau du traitre n’a pas de couleur, celle des traitres africains ne vaut même pas une peau aux yeux de leurs maitres blancs. Ils sont flattés tant qu’ils servent, mais abattus comme des bêtes de selle dès qu’ils renoncent à servir ou que l’on trouve qu’ils en savent trop déjà. C’est un peuple fort qui fait un dirigeant fort, et  n’est pas fort un peuple qui n’a pas à manger et à boire, un peuple dont la vie et la survie dépendent des décisions prises ailleurs. Si les dirigeants maliens n’apprennent pas à se soucier du peuple au vrai sens de l’expression, sans démagogie ou politique politicienne, nous connaitrions les mêmes problèmes de partition dès que quelque chose d’autre sera découvert dans une autre région du pays. Pour cela, il ne suffit à certains que de réveiller le gène de division qui  est logé malheureusement  dans chacun de nous. Quand on a rien ou qu’on rien à perdre, on est bien tenté d’accepter des promesses dorées sans réfléchir, qui ne sont que des chèques sans provision. Dites à un badaud de venir chez vous prendre un morceau de pain. Il fera le chemin très vite. Mais  s’il avait sa maison à lui avec du pain, il se demanderait si ça vaut la peine. Le peuple qui possède quelques biens serait, de la même façon, prudent. Pour ne pas perdre ce qu’il a, il se soude à ses dirigeants dont il attend une protection. Ensemble, ils deviennent les 5 doigts d’une main qui forment un poing pour frapper. En Afrique, il n’existe pas ce lien entre les citoyens et le sommet. Pendant que les uns sont confortablement assis dans le bateau, la majorité peine à gagner l’autre rive à la nage, contre vents et marées. Ce qui fait qu’on ne se soucie pas de l’autre qui se noie, de peur de ne pas descendre avec lui au fond des eaux. Voici tout le cercle infernal du clivage.

L’ensemble du peuple malien, notamment la jeunesse, est fautif à plus d’un degré. Nous comptons sur une influence extérieure, divine ou non, pour sortir des pétrins. Beaucoup de Maliens ont cette certitude de la providence, l’espoir que le miracle se produira grâce à des prières ou à une tierce personne qui leur tendra le bâton magique. Nous aimons critiquer les dirigeants que nous avons « produits » nous-mêmes par notre indifférence, par notre habitude à vendre nos âmes contre quelques gouttes d’argent ou de cadeaux dont nous nous réjouissons sans songer aux conséquences. C’est avec notre complicité et notre silence coupable que nos dirigeants se comportent de la sorte. S’ils se sentaient acculés par la pression sociale, différente évidemment de la pagaille, ils deviendraient ce que nous voulons qu’ils deviennent. L’essence de toute révolution a-t-on dit, c’est lorsque le peuple refuse d’être dirigé comme auparavant et que les dirigeants ne peuvent plus diriger comme par le passé. La crise qui en résulte bascule toujours en faveur des premiers. Pour prendre le thé que nous aimons tant ou rouler sur des Jakartas d’occasion, il faudrait bien une place, un pays, un chez-soi. Mais à force d’être passifs et inactifs, nous risquons d’être privés de ce qui est plus cher dans cette vie, de la Patrie dont nous ne prenons pas soins.

Nous sommes déjà 7 milliards  d’hommes sur terre. La population mondiale augmente d’année en année grâce à l’apport des pays qui étaient hier sous joug colonial. Des experts murmurent que l’Occident qui se sent déjà acculé de tous les côtés par des « hommes de couleurs » et qui croupit sous les effets d’une crise financière grave, murit un plan de destruction massive pour se débarrasser d’une moitié de l’humanité qu’il juge excédentaire puisque les ressources se font rares à cause de la consommation galopante. Il s’agit, dit-on, de 500 millions de personnes, soit 5 fois plus de morts lors de la Seconde guerre mondiale. Tous les peuples qui ont connu des souffrances atroces ont pris les dispositions nécessaires pour éviter  que la catastrophe ne se répète. L’exemple d’Israël est édifiant parmi tant d’autres. Mais l’Afrique noire est restée dans son insouciance. Je crains fort, si l’Occident a réellement concocté un tel plan, que nous ne soyons les seuls à payer le tribut fort cette fois-ci.

Car les traitres parmi nous font plus de cadavres que l’ennemi extérieur.

Une contribution de Mr Sekou Kyassou Diallo
Master of Arts en journalisme, Alma Ata, Kazakhstan.

 

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