On peut voir son enfant pleurer et ne pas s’en inquiéter. Mais voir couler les larmes de son père, de sa mère, ou de ses grands-parents est certes une expérience douloureuse que nul ne souhaite vivre.
Le Mali des grands empires, le Mali de Soundiata, Babemba, Thiéba, Samory, El Hadj Omar et tant d’autres, le Mali qui a rayonné pendant des siècles à travers le monde, ce Mali, notre mère patrie a pleuré les jours où il a subi des atrocités à Aguelhok et à Tessalit, les jours où Tombouctou, Gao et Kidal sont tombés, les jours ou Konna et Diabali ont été attaqués. Peut-être la crise la plus grave de son existence.
Au Mali nous aimons bien dire avec confiance et fierté que Le bateau Mali peut tanguer mais ne chavirera jamais “Mandé bé Lombo lamba, n’ka Mandé té bo”. Cela est peut être une ancienne vérité qui de nos jours mérite d’être revue. La réalité est que depuis 20 ans le bateau Mali ne cesse de tanguer. A force de tanguer nous avons attrapé toutes sortes de malaises (démoralisation, perte de nos valeurs, trahison, mensonge, manque de patriotisme etc.). Les occupants de ce bateau veulent maintenant la stabilité, la tranquillité, la lucidité, la sérénité, la confiance pour leur permettre de se concentrer sur l’essentiel, et aider le Mali à recouvrer la place qui était la sienne dans le concert des nations modernes. Il est plus que temps de remettre le bateau Mali sur son cours normal, il est plus que temps de remettre le pays sur les rails. Ce bateau Mali a désormais besoin d’un nouvel équipage tout frais, dynamique, compétent, patriote, plein d’énergie, qui vise l’excellence et non la médiocrité, qui croit en la rigueur et non au laxisme, qui privilégie l’intégrité et non la corruption, et qui mettra l’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut.
Et croyez moi, de l’intérieur comme de l’extérieur, ce ne sont pas les compétences qui manquent. En effet, depuis des décennies, nos grandes écoles nationales ont produit des cadres de haut niveau sollicités sur l’ensemble du continent, et de grandes sociétés et universités américaines, européennes et asiatiques regorgent de cadres maliens. Ces Cadres ne cherchent qu’à servir leur pays le Mali, qui a aujourd’hui tant besoin d’eux.
La référence de cet équipage sera alors nos valeurs ancestrales parce qu’un pays sans valeurs est un pays sans repères, sans identité, sans agenda, un pays qui va à la dérive, un pays sans lendemain. On ne peut pas continuer à exister sur du “faire semblant”, on ne peut pas continuer à exister sur du faux, sur du mensonge.
Aucun pays dans ce monde ne s’est développé et ne se développera dans le laxisme, dans le désordre, dans l’impunité.
Il est temps de se ressaisir, de reconnaitre que ceux qui nous ont gouvernés pendant ces 20 dernières années ont échoué sur tous les plans. Une période de 20 ans est plus que suffisante pour faire ses preuves. Ce qu’on n’a donc pas pu faire en 20 ans, ce n’est ni en 5 ans ou même en 10 ans qu’on pourra le faire. Nos leaders des 20 dernières années ont eu leur chance. Le meilleur service qu’ils puissent rendre à ce peuple est de reconnaitre leur échec, et se retirer de la scène politique en disant : ” Nous avons échoué, donc nous laissons la place à d’autres “.
C’est sincère, c’est courageux, c’est noble, c’est malien.
Notre manque d’anticipation, de vision, de planning, et la non-application des lois et règles en vigueur sont à l’origine de nos malheurs.
Comme on le dit en anglais, “FAILING TO PLAN IS PLANNING TO FAIL” (L’échec est la conséquence du manque de prévision, du manque de Planification).
Nous avons souvent abusé de notre “Sanankouya” qui bien qu’étant un symbole de notre Société depuis les temps de Kouroukanfougan est de nos jours utilisé de manière inappropriée. Ce Sanankouya ne devrait en aucun cas être un obstacle à nos lois et règles en vigueur surtout dans des situations où il faut absolument appliquer des sanctions fermes, immédiates et sans état d’âme.
Aujourd’hui le Mali est en détresse. C’est donc le moment de former l’union sacrée pour répondre à son appel comme le demande l’Hymne national.
Nous avons pris l’engagement dans l’Hymne national de répondre à cet appel et de rester unis pour assurer sa prospérité. Ce n’est pas les atouts qui manquent pour cela.
Nous disposons d’une superficie de plus de 1 240 000 km2, de deux des plus grands fleuves d’Afrique (le Niger et le Sénégal), du delta central du Niger qui fait presque dix fois la superficie de la Belgique , du coton, de l’or et d’autres ressources minières importantes, d’un capital humain impressionnant, toutes choses qui devraient pouvoir facilement transformer le Mali en grenier de l’Afrique de l’Ouest comme les colons avaient voulu le faire, en un eldorado !
Et pourtant, malgré tous ces atouts, notre pays, depuis deux décennies, continue tristement de figurer dans le peloton de queue des pauvres parmi les plus pauvres.
Nous avons une tâche titanesque car il s’agit de rebâtir un État qui s’est effondré, un Etat qui paradoxalement était fréquemment présenté comme un modèle de démocratie et de stabilité en Afrique.
Maintenant nous disons que :
-20 ans d’injustice et d’impunité ça suffit !
-20 ans de corruption à ciel ouvert ça suffit !
-20 ans de médiocrité et de raccourci ça suffit !
-20 ans d’amateurisme et de tâtonnement ça suffit!
-20 ans d’incivisme ça suffit !
-20 ans de faire semblant ça suffit !
-20 ans de propagande mensongère ça suffit !
-20 ans d’opportunisme en lieu et place de l’engagement patriotique ca suffit !
-20 ans de la promotion du faux en lieu et place du vrai ça suffit !
Plus grave, pendant les dix dernières années, on a voulu même nous faire croire que nous étions dans un Mali qui gagne! En effet :
-Pendant que la corruption battait son plein, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne
-Pendant que l’injustice, l’impunité et le clientélisme étaient devenus des sports favoris on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne
-Pendant que les pauvres citoyens étaient spoliés de leurs biens et de leurs droits, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne
-Pendant que les pauvres paysans étaient spoliés de leurs terres au profit des “tout puissants”, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne.
-Pendant que des milliers de diplômés sans emploi avaient perdu tout espoir, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne
-Pendant que des fonctionnaires devenaient des milliardaires et que le citoyen lambda n’avait pas un repas décent par jour, ne bénéficiant même pas des soins de santé élémentaires, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne.
-Pendant que l’école malienne s’effondrait on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne
-Pendant que des communautés aux alentours de Bamako même n’avaient pas accès à l’eau potable, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne
-Pendant que notre vaillante armée était dépouillée de ses équipements et nos soldats privés de formation adéquate on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne.
-Pendant que l’Etat s’effondrait, on nous faisait croire que nous étions dans un Mali qui gagne.
Aujourd’hui tout le monde au Mali a bien compris qu’on ne pouvait plus continuer comme avant et qu’il faut un changement radical. Quelle que soit la position des uns et des autres vis-à-vis de la situation actuelle, force est de reconnaitre que les évènements du 22 mars 2012 ont révélé une situation dramatique qui nous interpelle tous, une situation qui nous donne cependant l’opportunité de redémarrer sur de nouvelles bases, et devant laquelle nous avons l’obligation de réussir.
Le changement dont nous avons besoin, seul le peuple et rien que le peuple peut l’impulser avec la carte d’électeur. C’est la seule voie qui puisse garantir un nouveau départ, un nouvel élan, un Mali émergent.
Aujourd’hui le monde entier se félicite que le Sénégal a su tenir une élection démocratique, libre et transparente ayant conduit à une alternance dans ce pays pour la deuxième fois de son histoire. Comme au Sénégal, il faut que le peuple malien comprenne que son salut est et restera dans la préservation de ses acquis démocratiques et que c’est à lui d’obliger sa classe politique à rentrer dans les clous et non d’encourager une aventure suicidaire tel un consensus insensé.
Dans le Mali Nouveau que nous construirons ensemble, l’accent sera désormais mis sur la bonne gouvernance, le sens du professionnalisme, de l’unité, de la solidarité au vrai sens du mot, du respect des lois et des institutions, de la rigueur, de l’obligation de résultats, et de l’excellence. Le débat contradictoire sera privilégié à tous les niveaux. Nul ne sera désormais au-dessus de la loi, nul ne bénéficiera de privilèges indus. La tricherie, la spoliation du Citoyen lambda, les emplois fictifs, les raccourcis seront bannis.
C’est un Mali nouveau que nous voulons bâtir avec la volonté et la participation effective de tous. De ce fait, il y a lieu de dire :
PLACE MAINTENANT A LA BONNE GOUVERNANCE !
PLACE MAINTENANT AU PROFESSIONNALISME!
PLACE MAINTENANT A LA RIGUEUR !
PLACE MAINTENANT AU SERIEUX !
PLACE MAINTENANT A LA DIGNITE !
PLACE MAINTENANT A L’EXCELLENCE !
Pour réaliser ce changement, il faut que tous les acteurs se mobilisent :
-La Société Civile et les Partis politiques doivent inciter les citoyens à voter en leur faisant comprendre l’intérêt du vote car c’est leur avenir qui en dépend.
-Le Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire qui est déjà dans la logique de sécuriser ces élections par l’introduction du fichier biométrique est à encourager et à accompagner dans sa tâche, tout en maintenant la date du 7 juillet pour le premier tour.
-Le Ministère de la Justice qui cherche également à mettre en place des dispositifs pour rendre ces élections propres doit exiger des candidats la déclaration, la vérification et la justification de leurs biens, ainsi qu’un casier judiciaire propre, clair et limpide.
-L’Etat en général doit s’investir pour que le Mali organise pour une fois un scrutin paisible, inclusif, libre et transparent en priorisant le dialogue et la réconciliation entre tous les enfants du pays dans un cadre de laïcité, d’unicité et d’intégrité territoriale.
Nous disposons d’une arme fatale qui n’est autre que notre carte d’électeur. Le 7 juillet 2013 représente la ” CAN SPECIALE ” du Mali, la vraie ” Super Coupe du Mali “, la Coupe au cours de laquelle chaque malien âgé de 18 ans ou plus aura la chance non seulement de jouer, mais aussi de marquer son but. Le but de l’honneur, le but de la dignité, le but de la gloire, le but du patriotisme.
Ce jour là chacun aura la chance de battre le record de Seydou Blé en marquant son but au delà des 35 mètres. Faites donc participer vos amis, vos voisins, vos parents et même vos grands parents, qu’ils soient valides ou qu’ils soient dans une chaise roulante, faites les venir pour marquer leur but qui va libérer le Mali, le but qui essuiera les larmes du Mali, pour que le Mali ne pleure plus jamais.
-VOTER C’EST METTRE FIN A LA CORRUPTION!
-VOTER C’EST METTRE FIN A L’INJUSTICE !
-VOTER C’EST METTRE FIN A L’IMPUNITE !
-VOTER C’EST METTRE FIN A NOS SOUFFRANCES !
-VOTER C’EST ESSUYER LES LARMES DU MALI !
-VOTER C’EST LAVER L’AFFRONT SUBI PAR LE MALI !
-VOTER EST UN ACTE PATRIOTIQUE!
*Fier d’être Malien!
Fier d’être un produit de la diaspora!
Le Mali au dessus de tout!
Par Mamadou DIAOUNE*
diaoune@msn.com
Tel. 66.97.01.52 / 76.40.45.00
Mr Diaoune une bonne réflexion sur le mali, je vous remercie de nous rappeler les valeurs cardinales de notre société.
Très belle analyse à lire et à relire 1000 fois par chaque malien et chaque malienne.
Si seulement on vous écoutait.
Si seulement d’autres maliens intègres vous rejoignaient.
Si seulement vos propos étaient sincères; excusez-moi, mais pour finir on ne croit plus personne, c’est ce qui est le plus triste dans cette débacle.
Un miracle serait-il possible ?
Mr. Diaoune, tu as tout dit dans ton analyse : Dignite, rigueur, civisme , c’est ce qui
Nous manque ;Amadou djicoroni le disait , on a perdu tout cela
Depuis belle lurette.
Merci et courage dans la lutte pour retrouver notre dignite et sauver le Mali des laudateurs.
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