Le rêve des panafricanistes pères fondateurs de la Cedeao est loin d’être une réalité. « Un des malheurs de l’Afrique, ce sont ces “Africains plus BLANCS dans leurs têtes que NOIRS de leurs peaux. Ils sont capables de sacrifier leurs sœurs et frères », dixit Siné Diarra.
Sur tous les continents, les constructions communautaires se heurtent à des difficultés. Les pays arrivent à lever les obstacles sans arriver à de telles énormités de l’époque napoléonienne contre un membre.
L’asphyxie financière attendue qui devrait déclencher le désordre politique et installer le chao, ne s’est pas produite. Mais, encore aujourd’hui plus qu’hier, nous devons maintenir à un niveau très élevé notre “Veille Stratégique”.
En effet, les Commettants des “Africains plus BLANCS dans leurs têtes que NOIRS de leurs peaux” ne baisseront jamais les bras. Ils n’ont rien chez eux, “si le lion a pitié de la biche, c’est lui qui mourra de faim” dit-on.
La lutte pour la souveraineté nationale est un combat permanent et malheureusement sans fin.
Comme le pire qui pourrait arriver à un chauffeur somnolant quelques secondes, la moindre inattention pourrait coûter cher et entrainer le retour au statuquo.
Aux termes de près de six mois, (allant du 9 janvier au 3 juillet 2022) d’embargo économique et de sanctions financières, imposés à notre pays, il nous parait plus important de tirer des leçons qui nous permettront de progresser que de vouloir évaluer et comptabiliser seulement des impacts.
Première leçon : la capacité du Mali à se prendre en charges et la remise en cause des “politiques publiques d’aides au développement” à l’Afrique
“Le budget du Mali est financé en grande partie, environ 20 à 25 %, par des ressources provenant des “politiques publiques d’aides au développement”, le pays ne pourrait pas tenir au-delà de quelques semaines”.
Voici des genres de phrases très effrayantes, destructrices du moral, apocalyptiques que l’on pouvait entendre de la bouche de “personnes éclairées” sur lesquelles, les autorités du pays devraient pouvoir compter en périodes difficiles.
Le spectre du chao était décrit avec une telle peur, que j’avais proposé, dans une publication, à ceux ou celles qui craignaient les conséquences d’un embargo limité dans le temps, alors que nos sœurs et frères du Nord et du Centre en subissent depuis près de10 ans, de quitter le pays et de regagner l’autre côté de la mer.
Heureusement, l’asphyxie financière attendue qui devrait être le détonateur du désordre politique n’a pas eu lieu. La première leçon à tirer de ces sanctions économiques et financières, est la capacité du Mali à se prendre en charges et la question, sur l’utilité et l’efficacité des politiques d’aides publiques au développement ?
D’abord, qu’est-ce-que c’est ?
Les « politiques publiques » sont définies par le Dictionnaire d’Economie et des Sciences Sociales comme « l’ensemble des actions engagées par les autorités publiques (Etat, administrations, collectivités territoriales, Europe) dans les différents domaines qui sont ou qui deviennent de leur ressort : santé, logements, aménagements du territoire, éducation, etc. ».
“Les Aides Publiques au Développement (APD) du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE englobent toutes les aides des pays développés aux pays du tiers-monde”.
Nul ne doute qu’aucun pays au monde ne peut se suffire à lui-seul en permanence. Par conséquent, il est normal de suppléer à des moments, le manque de ressources internes par le recours aux ressources d’autres pays.
Seulement, le comble, c’est qu’on est arrivé à installer « la culture de l’aide et de la dette » en Afrique. On nous a mis dans la tête que nous sommes pauvres. Et nous l’acceptons volontiers.
A titre d’illustrations, selon de nombreuses statistiques, des centaines de millions d’Africains vivraient avec moins de 1 dollar par jour. Ce calcul ne prend pas en compte l’éleveur propriétaire d’un troupeau de centaines de têtes de bovins, caprins, encore moins le pêcheur, l’agriculteur propriétaire de mangerais, bananerais, de champs d’orangers, etc. C’est pourquoi on ne comprend pas souvent qu’avec ces indicateurs de pauvreté, les Africains vivent mieux et se suicident moins.
Les pays Africains sont tellement « fiers » de leur pauvreté, qu’ils la réclament haut et fort pour rester indignement le « mendiant international » qui tend sa main à toute sorte de fonds : dons, subventions, etc.
Autant, devant les mosquées et églises, on donne à un mendiant toute sorte de sacrifices, des plus sales aux plus ignobles en passant par les plus pourris, autant nos Etats prennent toutes sortes d’aides.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il existe une ligne constante dans la Partie « Ressources » des Budgets de nos Etats intitulée « Aides Publiques au Développement ». Cette ligne est alimentée grâce à la « générosité des pays donateurs ». C’est la « ligne de la honte », la corde de l’esclavage au cou de l’un et la « ligne de la supériorité » de l’autre.
Quand on donne un sac de farine, les caméras du monde entier sont invitées pour étaler notre misère, pour bien « boucler la bouche à l’esclave ». Alors qu’au nom de la synergie des efforts, de la mise en commun des moyens pour faire face à un danger, ils se font entre eux des dons, s’entraident, sans que personne ne parle « d’aides ».
Les aides publiques au développement sont une forme d’assistance très bien pensée. En effet, la dépendance de nos Etats aux « impérialistes » est tellement bien préparée que nos dirigeants ressemblent à une personne dont on a attaché pieds et mains. Cette personne a forcément besoin d’aides pour se libérer.
Le livre « L’aide fatale » publié aux Editions J.C Lattès, en septembre 2009, de l’économiste Zambienne Moyo Dambisa, résume à lui –seul, la dangerosité des politiques publiques d’aides au développement et le malaise de tout Africain relativement averti. Certaines de ces aides, ont pour contrepartie indirecte, d’anticiper sur les matières premières, les ressources minières, 20 à 30 ans à l’avance, hypothéquant ainsi l’avenir des générations futures.
Quant à leur utilité et efficacité, la pire des choses est qu’une partie de ces aides sont, comme l’écrit le journaliste Antoine Glazier, soit détournées par nos Autorités elles-mêmes, soit se volatilisent entre dirigeants des pays développés et ceux des pays Africains. On ne sait pas souvent « qui tient qui ? ».
Il apparait clairement que l’efficacité des “aides publiques au développement” est très contestée et le Mali vient de le prouver à deux reprises. D’abord, lors de la Transition de 2012-2013 et en 2022 sous les sanctions de 6 mois, allant du 9 janvier au 3 juillet, comme pour dire en filigrane aux pays riches, gardez votre argent, le Mali n’en n’a pas besoin.
Le pays a fonctionné sans aides extérieures. Il a prouvé ainsi aux pays Africains, que nous pouvons consommer la production et la fabrication locales, mieux organiser la mobilisation des ressources internes et tourner significativement le dos au FMI Comme l’avait dit l’ancien Président du Togo, feu Général Gnassingbé Eyadema, il est temps de mettre fin à la “FMI-SATION” de nos économies.
Les sanctions contre le Mali ont permis de tirer cette leçon très positive.
Deuxième leçon : la CEDEAO n’est pas encore une “réalité”.
Telle que l’avaient rêvé ses pères fondateurs, de véritables panafricanistes, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est loin d’être une réalité, pour plusieurs raisons.
- Le manque de solidarité communautaire est évident. Quand des pays rêvent de bâtir un espace économique intégré, comme celui prévu au “Chapitre IX : Création et Réalisation d’une Union économique et monétaire” du Traité, le principe primordial sur lequel repose toute l’architecture de la construction communautaire est la solidarité indéfectible entre les Etats membres en toute circonstance, car “l’union fait la force” dit-on. Ce principe de base, une clé de succès très importante de toute construction collective, n’existe pas dans la Cedeao.
L’embargo économique contre le Mali est une illustration parfaite. Des pays ont préféré mettre leurs propres populations en très grandes difficultés, malheureusement sur “instructions” d’un pays extérieur à l’Union.
En 2014, certains pays ont encore préféré fermer leurs frontières à la Guinée, au moment de “l’épidémie Ebola”, en est une autre.
Les anciens fameux « titres de séjour » en Côte d’Ivoire, heureusement supprimés en 2007 par le Président Laurent Bagbo, créés par les Autorités antérieures et payés à 150 000 F CFA par les étrangers ressortissants de la Cedeao, 300 000 F CFA pour les autres étrangers et seulement 100 000 F CFA pour les ressortissants français, étaient-ils une marque de solidarité ?
Quand un pays membre est candidat à l’organisation d’un événement de portée mondiale, ou une personne ressortissante d’un pays membre est candidate à un poste d’une organisation internationale, etc., les pays de la Cedeao ne parlent pas d’une même voix.
Enfin, que dire des “militaires ou mercenaires” Ivoiriens actuellement arrêtés depuis le 10 juillet 2022 au Mali pour infiltration illégale ? Quelle marque d’amitié et de solidarité communautaire ?
Le fait qu’un pays membre de la communauté menace de s’attaquer à un autre membre n’est-il pas une mise en parenthèse de la fraternité et de la solidarité ?
Cette affaire de “militaires ou mercenaires” Ivoiriens montre à suffisance que la restauration des “prétendues valeurs démocratiques remises en cause par un coup d’état” brandie en soutien aux sanctions, n’est qu’un alibi pour couvrir un objectif caché : la “recolonisation” du continent, dans un contexte de “guerre pour le contrôle des ressources”.
Alors de quelle Communauté rêve-t-on de construire si entre eux, les pays membres ne s’aiment pas, se méprisent, voire menacent d’entrée en guerre ?
Dans un contexte d’environnement permanemment turbulent, les crises se succèdent. En l’absence de solidarité, il n’y aurait quasiment pas de solutions communautaires. Chaque pays se rabattrait sur ses propres capacités de résilience interne, aggravant davantage le manque de solidarité et le fossé entre les pays.
- La Cedeao ne respecte pas elle-même ses propres textes. La décision de l’embargo contre le Mali a été prise au mépris de tous les textes réglementant l’Institution communautaire, notamment le “Chapitre XIII : Etats membres insulaires et sans littoral” et le “Chapitre VI : Sanctions”
Quelle crédibilité pourrait-on accorder à une Institution qui prononce des sanctions en dehors de ses textes ?
- La Cedeao ne respecte pas les ” Décisions de sa propre Cour de Justice”. Il est prévu au “Chapitre XV : Différends” une Cour de Justice, compétente pour statuer sur des différends au sein de l’Union. Les Etats ignorent purement et simplement les décisions prises par cette Instance communautaire. En effet, de nombreux pays membres, condamnés par cette Cour pour des entraves à la démocratie, ne se sont pas encore soumis aux décisions de la justice communautaire. La construction communautaire n’est-elle pas une utopie ?
Une autre illustration forte, est que la Cour a ordonné la suspension des sanctions financières contre le Mali, elle n’a pas été entendue. Quel mépris pour ses propres Institutions ?
Enfin une illustration forte du non-respect de ses propres Institutions, est que la décision d’invitation à la réunion de mars 2022, du Président de la Transition, son excellence le Colonel Assimi Goïta, n’était pas signée par le Président en exercice, mais par un fonctionnaire de la Commission.
Quel mépris pour le Mali ? Puis les Maliens sont traités « d’idiots, naïfs, tombés sur leurs têtes, et disposant pas d’économistes ». Voilà des mots du Président le plus vieux de tout l’espace, du haut de ces 80 ans, Président en exercice d’une communauté qu’il ambitionne de construire.
On pourrait ainsi conclure que la crise Mali-Cedeao a étalé au grand jour le manque de solidarité et d’entraide, principe primordial pour la construction d’une communauté économique intégrée. La Cedeao n’est pas encore et, est loin d’être une réalité.
Alors, compte tenu de ce qui précède, la question que l’on peut se poser est : faut-il rester dans une telle Communauté, qui préfère se solidariser avec des pays extérieurs contre un pays membre ?
La réponse est claire, “mieux vaut ne pas être accompagné que d’être mal accompagné”. La Cedeao actuelle se distance de celle idéalement conçue par ses pères fondateurs pour contribuer au bonheur des populations des pays membres.
Dans son format actuel avec des membres, plus solidaires avec l’extérieur qu’avec l’intérieur, l’intégration économique souhaitée ne pourrait jamais se réaliser. Dans ces conditions, il est, sans aucun doute, préférable pour le Mali de quitter la Cedeao et de concevoir son développement sur le “bilatéralisme” dans le cadre de la “Zone de Libre-Echange Continentale Africaine” (ZLECAF) en construction.
Troisième leçon : l’Uemoa est une Communauté de “façade” et le F CFA, une “arme de répression”, une monnaie de « recolonisation »
La Cedeao n’est pas encore une réalité, certainement comme démontrée ci-avant. Mais elle est au moins, de conception Africaine, c’est-à-dire qu’elle a été pensée, voulue et conçue par des dirigeants des pays membres.
L’Uémoa l’est encore moins. Celle-ci est tout simplement une union économique créée de toute pièce, sans l’avis des pays membres, autour d’une monnaie dont ceux-ci ne maîtrisent aucun aspect. En effet :
Sur le plan légal, la monnaie de l’Uemoa, le F CFA n’a jamais été adoptée par l’Assemblée nationale d’un pays “utilisateur”. Héritée de l’esclavage dont elle a servi à dédommager les anciens « marchands et propriétaires d’esclaves », le F CFA est une vraie monnaie de honte.
Sur le plan technique, elle est conçue, fabriquée à volonté et mise à disposition à souhait par le “propriétaire” aux pays “utilisateurs” Le coût de fabrication formé des salaires des employés, des frais d’amortissement des équipements et machines, des frais de maintenance, des frais d’assurance, d’impression des billets et pièces, etc. est refacturé aux pays “utilisateurs”.
Ce qui fait que les taux d’intérêt dans les pays de la Zone Franc, qui prennent appui sur ce coût de fabrication, sont les plus élevés au monde. Ces taux très élevés expliquent en partie la faible industrialisation des pays de la Zone Franc.
Sur le plan de la gestion, la banque centrale Bceao assure par délégation la gestion du propriétaire, le Trésor Français : taux d’intérêts, taux de change, etc.
Maitrisant tous les leviers, toutes les conditions étaient réunies pour prononcer les lourdes sanctions financières, la privation de ses fonds en dépôts, qui devraient, selon leurs prévisions, au bout de trois à quatre semaines assommer le Mali.
Puis le temps passe, les prévisions ne se réalisent pas. Que s’est-il passé ? Comment font-ils là-bas ? Il faut renforcer les sanctions, mais comment ?
Les rumeurs d’une dévaluation commencent à circuler. Mais le Mali n’est pas très endetté. Une dévaluation provoquerait, plutôt une déstabilisation inimaginable chez les ” amis protégés” lourdement endettés. Il est important de rappeler que la Guinée, le Ghana, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Léone, ont tous leurs propres monnaies.
La prochaine crise financière dans l’espace Uemoa, non loin d’ailleurs, serait celle de la dette. Si les “amis protégés” n’arrivent pas à réaliser les missions qui leurs sont confiées”, le “propriétaire” du CFA en guise de représailles, pourrait sortir la redoutable “arme” monétaire, l’asphyxie ou la dévaluation pour semer le chao dans nos pays.
Les sanctions ont permis de tirer une leçon très importante : les pays de l’Uemoa n’ont pas de monnaie. Elle a mis en évidence que le CFA est clairement une arme de “recolonisation”.
Ce qui doit faire trembler tous les 15 pays de la Zone Franc et être plus unis pour résoudre un problème existentiel qu’ils partagent. Non, au lieu de cela, certains pensent qu’en s’alignant avec le “propriétaire” de cette monnaie, pour affaiblir un pays membre, ils vont s’en sortir.
Erreur fatale, dans un contexte de recomposition des cartes géopolitiques, malin celui qui pourrait prédire le sort de ces deux Communautés Cedeao et Uémoa, qui s’acharnent sur le Mali.
Quant à la question : comment ceux-ci n’arrivent pas à se libérer de l’emprise du F CFA ?
Il faut comprendre que le mystère tissé autour de cette monnaie est tel que chaque pays “utilisateur” pense qu’en sortant, ce serait l’apocalypse. La théorie selon laquelle, la “masse monétaire” d’un pays doit être adossée à une “quantité d’or” crée la frilosité chez les “utilisateurs”
Afin de briser ce mûr de la peur, il serait intéressant que chacun réponde à la question suivante :
Depuis bientôt 10 ans, c’est un secret de polichinelle, des milliers de milliards de F CFA sont fabriqués pour financer les achats d’armes, payer les salaires des dizaines de milliers de terroristes, djihadistes, rebelles, éparpillés au Burkina Faso, Centrafrique, Cameroun, Nigéria, Niger, Mali, Tchad.
Dans quelle Banque Centrale sont gardées les “milliers de tonnes d’or” qui garantissent cette gigantesque masse monétaire ?
Quatrième leçon : le panafricanisme prend diverses formes et devient de plus en plus une réalité
L’ex-Président Sénégalais, son excellence Abdoulaye Wad avait bien raison d’édifier la “Statut de la Renaissance Africaine” à Dakar. Près de 20 ans après sa construction, on assiste à la fin d’une époque, celle des peuples Africains muets, silencieux, acquiesçant tous ce que faisaient leurs dirigeants et le début d’une époque, celle des peuples Africains sans complexes débout, faisant tomber les frontières pour défendre leur continent.
En réaction aux sanctions prises contre le Mali, partout dans le monde, les Africains et les amis du continent ont manifesté leur mécontentement. Ils ont organisé des marches de soutien au peuple frère du Mali, dans leurs pays, puis de pays en pays, précisément de « Dakar à Bamako », de « Conakry à Bamako ». Les panafricanistes ont fait montre de soutiens indéfectibles au peuple frère du Mali. Quel bonheur que d’avoir de la bonne compagnie ?
“L’Afrique des peuples” a lancé ainsi un message fort à “l’Afrique des Dirigeants” : désormais vos décisions doivent prendre en compte les intérêts supérieurs du continent, les aspirations de la jeunesse. Pour des dirigeants intelligents, il est temps de conduire autrement les affaires, puisque jamais plus rien ne se sera comme avant.
Cinquième leçon : les relations “naturelles” dans la diversité africaine.
C’est de la sorte que l’on pourrait qualifier de “naturelles”, les relations entre le Mali et la République sœur de Guinée et entre le Mali et la Mauritanie.
En fin 2013, début 2014, “l’épidémie de la maladie à virus Ebola” éclate en Guinée. Quand des pays de l’espace Cedeao fermaient leurs frontières avec la Guinée, le Président du Mali, feu Ibrahim Boubacar Keita se rendit auprès de son frère, l’ex-Président Guinéen, Pr. Alpha Condé pour “témoigner la fraternité et la solidarité du peuple frère du Mali”.
En janvier 2021, suite aux sanctions économiques et financières prononcées par cette même Cedeao contre le Mali, les Autorités de la Guinée annoncent officiellement, qu’elles ne ferment pas les frontières avec la République sœur du Mali.
Quelle marque de la fraternité des peuples ? C’est cela aussi la “solidarité communautaire”. Quand on aspire à construire une communauté économique intégrée, on est uni et solidaire dans le bonheur comme dans la douleur.
Avec la Mauritanie, on pourrait encore soulever les mêmes relations “naturelles”. Dans son livre « Histoire du Sahel Occidental Malien : des origines à nos jours », éditions Jamana. 1989, Amadou BA et d’autres historiens nous apprennent que “l’Empire du Gana” de Kaya Maghan, auquel a succédé “l’Empire du Mali” de Soundjata Keita, était une “fédération de six royaumes” avec pour Capitale fédérale, Koumbi Saleh, ville se trouvant de nos jours en Mauritanie.
Ce pays frère a aussi ouvert largement ses portes au Mali. Encore plus illustratif, est l’incident survenu aux frontières des deux pays. Face aux Mauritaniens tués par des “supposés militaires Maliens”, les Autorités Mauritaniennes ont répondu par la compréhension, le dialogue et la communication. Que se passerait-il si cet incident avait eu lieu aux frontières d’autres pays ?
Le bilatéralisme a toujours fait et fera toujours le bonheur des peuples, à l’opposé des espaces communautaires, lieux de discussions, de négociations pour lever des entraves et autres obstacles à la libre circulation des capitaux et des biens et services.
Le résultat obtenu est sans appel : les riches s’enrichissent toujours plus et les pauvres ne cessent de s’appauvrir. Le “nivellement par le haut” attendu n’a jamais lieu. Le cercle des pauvres s’agrandit tandis que celui des riches se rétrécit.
Sixième leçon : la diversification des voies d’accès aux Ports, doit privilégier la Guinée et la Mauritanie
Une leçon très importante à retenir de ces sanctions tient à la situation particulière de l’enclavement du Mali.
La continentalité de notre pays est perçue comme une faiblesse naturelle à exploiter contre le Mali par nos partenaires. Sinon comment comprendre que la Cedeao expressément viole le “Chapitre XIII : Etats membres insulaires et sans littoral” de son propre Traité, qui reprend en quelque sorte la réglementation de l’Onu sur la question et mise en œuvre par le “Bureau de la Haute Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement”.
Afin de se libérer du “chantage” incessant de la Cedeao et autres partenaires, nous avions proposé trois solutions, dans une publication intitulée « Transition au Mali, comment sortir de l’impasse ? Propositions de solutions pour une sortie de crise » parue le vendredi 17 décembre 2021, respectivement dans Mali Tribune N°261, Les Echos Hebdo N°1658 et les N°999 et 1000 de Malikile :
- L’industrialisation du pays pour réduire sa dépendance extérieure,
- La mise en œuvre du Projet de « Port de Diboli», pensé par le Président Modibo Keita
- La diversification des voies d’accès au littoral,
Cette dernière solution est déjà en œuvre grâce à la générosité de la Guinée et de la Mauritanie. Le Mali et ses deux voisins doivent se rapprocher davantage, pour lever tout ce qui pourrait être considéré de gros obstacles pouvant entraver le renforcement des relations commerciales. Le développement des relations exige des efforts individuels et des efforts collectifs.
Au niveau des efforts individuels, il appartient à chaque pays de développer ses infrastructures internes, notamment :
- Les infrastructures routières de transport,
- Les capacités des Ports : équipements de manutention, de stockages des articles liquides, solides et gazeux,
- Des chambres froides pour les produits périssables,
- Les capacités énergétiques : eau, électricité, etc.
Au niveau collectif, le Mali doit s’accorder avec chacun des deux partenaires sur les points suivants :
- Les frais de manutention au Port : déchargements, chargements, de magasinage,
- Les droits de douanes des différents pays,
- Les droits de traversée des pays : vignettes et autres taxes de circulation de chaque pays,
- Les frais “d’assurances transports” de chaque pays.
Des négociations doivent porter sur ces différents aspects afin de rendre plus fluides les relations entre les pays. Il serait même opportun d’envisager la construction de « Ligne de chemins de fer Bamako-Conakry ».
En conclusion, dans un contexte de “bouleversements géopolitiques”, l’avenir des espaces communautaires Cedeao et Uemoa est très incertain. En effet :
- Comment des pays qui ne partageront probablement plus la même idéologie pourraient construire un espace commun ?
- N’est-il pas utopique, pour des pays opposés au point d’infiltrer des « mercenaires » chez le voisin, voire d’aller en guerre contre lui, de vouloir construire une communauté économique intégrée ?
Une fois de plus, la Cedeao est le chemin de sa belle mort. Dans son format actuel, soit, on la casse pour la reconstruire, soit on y met fin tout simplement, au profit de la coopération bilatérale, tant l’atmosphère est suffisamment polluée par le manque crédibilité et de confiance.
Siné DIARRA
Expert-Comptable
Enseignant de Comptabilité de finances et d’Audit
Tel : 66 89 69 69 / 76 89 69 69.
Site : www.finaudit.ml
Références bibliographiques
- « Dictionnaire d’économie et de sciences sociales » édition 2014
- Moyo Dambisa, « L’aide fatale » Editions J.C Lattès, en Septembre 2009,
- Amadou BA, « Histoire du Sahel Occidental Malien ; des origines à nos jours », éditions Jamana, 1989.
- Commission de la Cedeao « Traité Révisé » du 24 Juillet 1993, Abuja Nigeria