« Il n’est de richesse que d’hommes, Investissements humains et Qualité de la population ». Tel est le titre de l’ouvrage de Théodore SCHULTZ, prix Nobel d’économie en 1979, publié aux éditions Bonnel, Paris 1980.
Dans la solidarité et l’unité nationale, un pays relativement « petit » est devenu une puissance économique et militaire de rang mondial. Le « génie créateur » de ce peuple uni, lui a permis de transformer le désert en verdure pour se hisser au rang de « puissance agricole ».
Par le manque de solidarité et d’unité nationale, le « moi et moi seul », le très peu d’intérêt pour la collectivité et le pays, l’étroitesse d’esprit nourri par la manipulation extérieure, nous sommes en train de détruire plus de 1000 ans d’histoire du Mali, laborieusement construite par nos ancêtres.
Par ces deux exemples, qui peut contredire SCHULTZ ?
I – QU’EST-CE QU’ON NE SAIT PAS DES PROBLEMES DE NOTRE PAYS ?
Nul ne doute « qu’on ne finit pas d’appendre ». En effet, des problèmes existants évoluent, changent de formes avec les temps et les Hommes pendant que d’autres naissent.
Mais l’essentiel des problèmes qui font le malheur des populations maliennes sont bien connus. Que ne sait-on pas des problèmes :
- d’infrastructures structurant le développement ?
- d’éducation, d’enseignement et de formation ?
- de santé, d’assainissements et d’hygiène?
- d’aménagements du territoire ?
- d’environnement,
- d’insuffisance de la production agricole avec le corollaire de la dépendance alimentaire ?,
- de faiblesse du tissu industriel avec le corollaire de la dépendance de l’économie à l’extérieur ?,
- de corruption et de fuite des recettes ?
- de sécurité,
- de justice,
Il existe peu de compartiments de l’économie ou de problèmes de sociétés qui n’aient pas fait l’objet d’études. Tout est quasiment connu, consigné dans des rapports :
- d’états généraux sectoriels,
- de conférence nationale,
- de dialogue national,
- de concertation
- rapports d’études techniques,
- rapports d’audit et de contrôle,
Ces rapports dont les contenus sont généralement assortis de propositions de solutions et de recommandations, ont été largement relayés par la presse et / ou fait l’objet de débats sur des antennes de radios et de plateaux de télévision.
Mais pourquoi ne fait-on pas la mise en œuvre de ces solutions ?
On pourrait donner trois esquisses d’explications.
Première esquisse : le manque de volonté. Dans notre pays, on ne « règle » pas les problèmes, on les « gère », surtout quand la résolution du problème nécessite des investissements. On va toujours brandir le manque de moyens. On est fier d’être « un pays pauvre »
Deuxième esquisse : la non-pertinence des solutions et recommandations proposées. Il est évident que, quand un décideur n’est pas convaincu d’une proposition, il ne mettrait pas en œuvre la solution ou la recommandation qu’il considérera comme un coût d’opportunité, à ne pas supporter.
Cette esquisse ne résiste pas à la critique. En effet, il est difficilement concevable qu’aucune des propositions et recommandations contenues dans un rapport ne soit pertinente, à moins qu’il ne s’agit de « propositions compactes » ou un « paquet de propositions » dont la mise en œuvre d’une proposition nécessite la réussite de celle qui précède.
Troisième esquisse : l’incompétence du décideur en charge de la mise en œuvre .Dans notre pays, il est regrettable de constater que la « méritocratie » a laissé la place à la « famille politique », le népotisme, les trafics d’influence, toutes choses qui concourent à la médiocrité.
Il n’est pas rare de voir des personnes à des postes dont elles n’ont ni le profil théorique, ni l’expérience, en un mot la compétence. Dans ces conditions, comment voulez-vous de tels décideurs mettre en application des solutions et / ou recommandations d’un rapport qu’eux-mêmes ne comprennent pas ?
Dans notre pays, on n’aime pas les personnes compétentes. La brillance dérange. Alors, on les met en marge, puisqu’elles constituent des « cailloux dans les chaussures des acteurs » du système savamment mis en place.
Et pourtant, sans ces brillants technocrates, le pays ferait difficilement des progrès.
II – NECCESITE DE RECOURIR AUX COMPTENCES
Dans sa promotion de la méritocratie, un des slogans du Général Moussa Traoré était : « L’Homme qu’il faut à la place qu’il faut ».
Il y a des « métiers de bureau » et des « métiers de terrain ». Chacun a choisi, par vocation, le métier qu’il exerce. A titre d’illustrations :
- La place d’un ingénieur agronome, eaux et forêts, électromécanicien, hydraulicien, industriel, de BTP, génie civil, etc., doit-il être en costume cravate ou boubou brodé dans un bureau ?
- La place des « hommes de sécurité », doit-il être dans des bureaux ?
Il nous faut revenir impérativement aux fondamentaux de gestion d’un pays, sinon, on ne s’en sortirait pas. Le choix des Hommes doit reposer en premier lieu sur l’intégrité et les expériences. Tout le reste est secondaire, la personne parfaite n’existant pas.
Les expériences traduisent l’aptitude de la personne à résoudre des problèmes. Pour cela la personne doit avoir eu l’habitude d’apporter de bonnes réponses aux problèmes dont il a eu à faire face dans sa riche carrière. A ce niveau les diplômes comptent très peu.
III – CAS PARTICULIER DE LA « TRANSITION »
La réussite de la « Transition » signifie l’accomplissement correct, dans le délai imparti, de toutes les tâches inscrites dans le « Programme d’Actions Gouvernemental ».
Dans ces moments difficiles que traverse notre pays, l’heure n’est pas à l’amateurisme et au tâtonnement. Il nous faut des hauts fonctionnaires civils et militaires très expérimentés et charismatiques. Certains ministères constituent, sans aucun doute, les clés de succès de la Transition.
- Le ministère de la Réconciliation, on pourrait confier ce poste à un socio-anthropologue très expérimenté connaissant notre pays dans ses terroirs, ses us, coutumes et usages capables d’être par tout le monde. Par sa nature, l’Homme respecte celui qui le connait bien ». Il conviendrait aussi à un « haut fonctionnaire administrateur civil ou militaire », ancien Gouverneur, ou Commandant de cercle très expérimenté. Connaissant le Mali dans sa géographie, les hommes et les cultures, il peut parler à tout le monde.
- Le ministère de l’Administration territoriale, il a pour mission principale d’organiser « l’état civil » pour identifier tous les Maliens de l’intérieur et de l’extérieur, afin de mettre le pays en « état de pouvoir voter ». On pourrait confier ce poste à un « haut fonctionnaire administrateur civil ou militaire », ancien Gouverneur, ou Commandant de cercle très expérimenté, connaissant le Mali dans sa géographie, les hommes et les cultures.
- Le ministère de la Défense, la maîtrise des frontières est une nécessité, dans le contexte actuel de notre pays, pour :
- stopper l’avancée des terroristes,
- recouvrer l’entièreté du territoire national
- sécuriser les populations
- instaurer la quiétude indispensable à l’organisation des élections.
Ce poste à confier naturellement à un militaire.
4.Le ministère des Affaires étrangères, dans un pays sous tutelle onusienne, en coordination avec le Président, il joue un rôle très important de sensibilisation des pays voisins à coopérer et d’amélioration de l’image du pays auprès de la Cédéao, l’UA et la Communauté internationale.
La guerre est aussi d’ordre médiatique et de communication.
- Le Premier ministre, coordinateur de toute l’action gouvernementale.
Justifiant de grandes qualités de manager, il doit être avec le Président de grands « meneurs d’hommes » pour conduire et faire travailler toute l’équipe à l’atteinte des résultats attendus dans les délais impartis.
La réussite ou l’échec de la « Transition » repose sur en premier lieu sur leurs épaules. C’est en cela qu’ils entrent dans l’histoire par la grande porte ou par la petite porte.
- L’adhésion des populations aux actions initiées, autant le public de supporters constitue le 12ème joueur d’une équipe, autant l’adhésion des populations au Programme gouvernemental est capitale dans la réussite de «tout pouvoir exécutif ».
Cette adhésion s’obtient à travers le comportement des membres du gouvernement étant entendu que les « gens n’entendent pas les discours, mais voient les actes ».
- Les « Comptes rendus sur l’état d’avancement », les populations doivent être informées sur le déroulement de la Transition. Pour cela des « Comptes rendus périodiques » nous paraissent nécessaires. Ils renseignent sur :
- ce qui a été fait,
- ce qui reste à faire,
- le reste du temps imparti,
- les difficultés rencontrées.
Aussi, par ces « Comptes rendus périodiques », tous les partenaires de notre pays seraient informés du déroulement de la Transition, les difficultés qu’elle rencontre.
Il est très important que ces difficultés pourraient renseigner sur la possibilité ou l’impossibilité d’organiser les élections qui mettent fin à la Transition.
En conclusion, la « Transition » prend fin avec l’élection des nouveaux dirigeants du pays. Des difficultés majeures comme l’impossibilité d’organiser des élections crédibles en raison de l’insécurité, de la non-identification claire des électeurs, surtout dans le contexte d’un découpage administratif non accepté par les populations, etc.
Dans ces conditions, les Dirigeants de la Transition doivent l’exprimer clairement, à temps, dans un Compte rendu, assorti de recommandations ou de propositions d’autres choses.
Les élections ne sont pas le seul mode de désignation des Dirigeants d’un pays. Il ne s’agit pas de débloquer des milliards pour qu’il y ait des élections. Je rappelle que la Direction des Grandes Entreprises (DGE) seule collecte, en temps normal, entre 80 et 90 milliards de recettes fiscales par mois. C’est dire que nous avons les moyens d’organiser nous-mêmes nos élections.
Siné DIARRA
Expert-Comptable,
Enseignant de Comptabilités, Finances et Audit
Cell : 66 89 69 69 / 76 89 69 69
Site : www.finaudit.ml