Madiba s’est éteint : Reconnaissance unanime d’une humanité en deuil

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 Ce 5 décembre 2013 restera marqué dans l’histoire de l’humanité comme celui qui a vu disparaître une légende : Nelson Mandela ! Madiba s’est éteint à 95 ans dans la discrétion et la dignité. Et depuis, les hommages pleuvent de la planète entière. Mais, Aude-là du deuil dans lequel cette disparition plonge l’humanité, nous devons chercher à tirer du parcours atypique de l’icône des références faisant de nous ses dignes héritiers.

 

 

Nelson Mandela le 17 juin 2010 à Johannesburg
© Pool/AFP

Le plus grand des enfants de l’Afrique du Sud ! Une icône  de la liberté et de l’égalité ! Un résistant légendaire et exceptionnel ! Socle des valeurs ! Un destin exceptionnel et exemplaire ! Le plus grand humaniste de tous les temps ! Ce qui est indéniable, c’est qu’une «vive lumière de l’humanité s’est éteinte» en la personne de Nelson Mandela, Madiba pour nous ses héritiers.

 

 

En tant que musulman, nous ne pouvons pas dire que Mandela était un « Prophète » car Mohamed (PSL) est le dernier pour l’Islam. Mais, il était un Messie, un Saint, une légende immortelle. «Nous avons perdu l’un des hommes les plus influents sur cette terre», a déclaré Barack Obama pour qui «sans Mandela, il ne serait certainement pas à la Maison Blanche».

 

 

Mandela est sans doute de «ces hommes éternels qui ne meurent jamais» ! A l’image de Martin Luther King, il a été et restera le héros de la lutte contre l’apartheid, donc l’un de ces hommes entièrement dévoués à un combat  qui leur survit toujours.

D’où cette reconnaissance d’une humanité en deuil. Reconnaissance à un «socle des valeurs» sociales et politiques qui n’a pas seulement marqué son époque, mais l’histoire même de l’humanité. La mémoire de l’icône est saluée avec respect et dignité.

Aujourd’hui, presque chaque humain a la douloureuse sensation d’avoir perdu un être proche. Un être cher dont on s’était préparé inconsciemment à cette échéance inexorable de sa disparition. N’empêche que la nouvelle officielle annoncée par le président Jacob Zuma à plongé le monde dans la stupeur et la tristesse.

 

 

Mandela est une icône qui, comme le dit le président Obama, doit nous inspirer tous et au quotidien. Boxeur devenu résistant, rien n’a réussi à briser sa volonté d’atteindre son objectif politique, de concrétiser son projet de société : bâtir une nation où chaque Sud Africain, sans distinction aucune, sera libre de vivre en quiétude, de s’exprimer et de réaliser ses rêves.

 

 

Une prestigieuse moule pour notre génération

Notre génération l’a connu à la prison et sa ténacité a forgé notre engagement pour la liberté, la justice et la démocratie. Notre attachement à ses idéaux s’est traduit dans les années 80 par la création du «Club Nelson Mandela» à Kadiolo (480 km au sud de Bamako) pour mieux sensibiliser les scolaires sur le civisme et la démocratie, mais aussi définitivement briser les barrières entre les élèves des zones rurales et leurs camarades citadins.

 

 

 

Cette éducation inculquée par la philosophie de Nelson Mandela s’est manifestée plus tard au lycée  par un fervent attachement à la notion de liberté. Cela s’est traduisait par exemple par une opposition à la décision d’imposer la carte de l’UNJM (Union nationale des jeunes du Mali) aux élèves et, plus tard par une farouche volonté de contribuer à l’écroulement de la dictature du parti unique l’UDPM (Union démocratique du peuple malien), par un militantisme révolutionnaire au sein de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Cet attachement viscéral à la liberté d’exprimer ses opinions a naturellement influencé le choix du métier que nous exerçons aujourd’hui avec la même passion.

 

 

Le combat et la victoire de Madiba sur un système féroce basé sur l’oppression, la terreur et les inégalités doit inspirer les Maliens, en tant que nation, mais aussi comme individus conscients du rôle à assumer pour relever le pays de sa crise.

 

 

Le premier enseignement, c’est que nous ne sortirons jamais définitivement de la crise qui vient de secouer notre pays qu’étant unis face aux défis multiples et divers.  Et ce n’est pas non plus en entretenant une haine viscérale entre les ethnies que nous bâtirons cette nation forte que nous voulons de tous nos vœux pour éviter tout retour à la case-départ.

 

 

Et, une autre leçon de Madiba, l’espoir aujourd’hui fondé sur la génération «Danbé» ne sera pas concrétisé tant que les rouages économiques et politiques seront confisqués par une minorité, tant que toutes les filles et tous les fils du Mali n’auraient pas une égalité de chance de s’affirmer et de servir leur patrie.

 

 

A l’image du Saint Madiba, notre slogan doit être désormais : liberté, vérité, justice, tolérance et égalité. Des crimes odieux ont été commis entre le putsch du 22 mars 2012 et la période transitoire qui a suivi. Et c’est la vérité sur ces crimes qui rendra justice aux victimes et leurs ayant-droits. Comme le dit un adage, «une faute avouée est à moitié pardonnée».

Un crime reconnu et assumé se pardonne à moitié. Le temps se chargera du reste. Rien n’efface définitivement un crime. Mais, la vérité console les cœurs et les poussent progressivement au pardon. C’est pourquoi la Commission «Vérité et Réconciliation» permis à Mandela de bâtir cette «Nation Arc-en-ciel» comme aboutissement de son long et pénible combat contre la discrimination et l’oppression, et pour la liberté, la justice, l’égalité, la tolérance et la démocratie.

 

 

Individuellement, chacun de nous peut également tirer profit du parcours de Nelson Mandela pour aboutir au changement auquel nous aspirons tous après avoir frôlé le chaos.

Pour ce faire, chacun doit s’armer de courage et de la persévérance. Le courage d’assumer ses convictions et ses opinions quelles que soient les brimades, la répression, la violence… qu’on nous oppose dans ce sens.

 

 

Rien n’a réussi à briser la volonté, le mental de Mandela. Ni les intimidations, ni les 27 ans de prison dans des conditions souvent inhumaines. Les ambitions qu’il avait pour l’Afrique du Sud étaient devenues une obsession plus forte que toutes les vexations, les privations et les humiliations qu’on lui faisait subir au nom de l’apartheid.

 

Héros par sa persévérance

Il ne serait jamais devenu ce héros pleuré aujourd’hui pas la terre entière s’il avait écouté ceux qui ne cessaient de lui dire : «sois raisonnable, tu ne peux pas changer la société sud africaine à toi seul… Tu mènes un combat perdu d’avance…» ! Et c’est ce que nous entendons dans notre pays à longueur de journée lorsqu’on s’évertue à être un modèle de valeur et comportements responsables au service du pays.

 

 

«Tu ne pourras rien changer parce que ce tu fais, des centaines de cadres le défont à longueur de journée. Tu perds ton temps… Fais (voler, tricher…) comme tous les autres sinon ils finiront par te dévorer» ! Ce sont les discours tenus à longueur de journée à ces cadres conscients et responsable vite taxés «d’idéalistes» ! Quelle fierté d’être idéaliste si cela rapproche des valeurs qui ont fait de Mandela cette légende immortelle.

Le changement ne se décrète pas, il se vulgarise au quotidien. Et il faut des modèles sûrs pour l’incarner et l’impulser. «Mais, kôrô (doyen), je ne suis pas le seul. Ici chacun  jette ses ordures comme il peut…», nous répondait une fois une vendeuse à qui nous conseillons de ne pas jeter ses ordures, mais de faire l’effort de les amener à une poubelle avoisinante.

 

 

«Ne fais pas comme tout le monde. Cherches à être un modèle pacifique pour eux et montres leur que vous gagnerez tous à exercer votre commerce dans un cadre sein et agréable qui va attirer davantage de clients» !

 

 

Aujourd’hui, la dame nous a «restitué notre vérité» et ne cesse de vanter les mérites de la salubrité à laquelle tous les autres commerçants de l’espace ont adhéré grâce à ces efforts.

Le Mali attend de chacune de ses filles et de ses fils des comportements dignes de ce genre. Personne n’a le droit aujourd’hui de baisser les bras parce qu’il se croit emporter par les vagues d’une majorité plus puissante que ses propres convictions. Fais ce que tu peux faire pour faire évoluer les mentalités et les comportements et laisse le reste à l’histoire, au temps.

 

 

Tu finiras par faire des adeptes qui en feront d’autres ainsi de suite. C’est cela aussi le processus du changement souhaité. Et Nelson Mandela nous a montre la voie la plus droite et la mieux balisée pour bâtir la grande nation à laquelle nous aspirons pour notre mieux être et celui des générations futures !

 

 

Et comme aimait rappeler le sage Madiba, «être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser des chaînes ; c’est aussi vivre d’une façon qui respecte la liberté des autres». Cela est essentiel au changement aujourd’hui souhaité et attendu par tous les Maliens.

 

 

Mais, comme le dit la créatrice de bijoux, Assétou Gologo dit Tetou : «ce qui se passe dans le monde autour de la mort de Nelson Mandela, devrait nous donner l’énergie, le courage, le discernement nécessaire pour nous engager dans une cause juste». Et il n’y pas cause plus noble que de se battre pour son pays et pour les générations futures.

 

Moussa BOLLY

 

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