Lutte contre le virus Ebola au Mali : l’urgence du moment

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IBK, la déception déjà ?
Makan DIALLO
Docteur en Droit Privé
Avocat au Barreau de Paris et du Mali

Ça y est,  le Mali connait depuis la semaine dernière son premier cas déclaré de malade à virus Ebola, et malheureusement son premier décès aussi.  Une fillette de deux ans environ  dont les parents seraient morts en Guinée (Kissidougou) de la même maladie, et qui fut ramenée au Mali par sa grand-mère vivant à Kayes.  Partie en Guinée pour présenter ses condoléances, cette dernière est  retournée avec la petite orpheline par route (transports en commun) de Kissidougou à Kayes en passant par Bamako. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il semblerait que la petite présentait déjà des symptômes de la maladie (fièvre, saignement du nez etc.) de son point de départ à son point d’arrivée à Kayes et personne même pas son accompagnatrice pour s’en alarmer. Ignorance, Inconscience, Négligence ? Allez savoir. Au regard de l’état de santé de la petite et du nombre de personnes qui ont pu être exposées durant le trajet,  le risque d’une contamination de masse est réel, et aujourd’hui, il est d’une urgence absolue de faire en sorte que le mal ne se propage et soit circonscrit à temps !

Il faut le dire, la probabilité pour que cette maladie se retrouve dans notre pays le Mali était assez élevée. La Guinée fait frontière avec le Mali. Ce pays frère en proie à cette épidémie depuis un bon moment a enregistré des centaines de victimes, et pour qui connait la porosité de nos frontières, et le mode de vie de nos populations, l’apparition chez nous de cette maladie n’est qu’une demi-surprise.

Un cas déclaré officiellement certes, mais à voir les circonstances dans lesquelles la fillette s’est retrouvée au Mali et les péripéties qui ont entouré le voyage de la Guinée vers le Mali, il y a lieu de s’interroger. Ce premier cas sera-t-il le dernier ? D’autres  personnes ont –elles été contaminées dans la foulée ? Si oui, serions-nous à mesure de circonscrire l’épidémie ?  Des interrogations fort légitimes qui peuvent inquiéter mais ne doivent nullement céder à la panique ou à la psychose ! Mais déjà il faut se dire certaines vérités pour que désormais chacun prenne ses responsabilités et s’assume en conséquence, car en Afrique on a tendance très souvent à attribuer le moindre fait de l’homme à la fatalité, alors qu’avec un minimum de bon sens on peut changer le cours des choses à notre avantage.

L’ignorance d’une grand-mère ou légèreté coupable ?

Le comportement de la grand-mère à vouloir ramener sa petite fille au Mali malgré l’état de santé de cette dernière et la constance que les parents sont décédés  de virus Ebola intrigue. La grand-mère avait-elle toutes les informations pratiques liées à cette épidémie et en avait –elle réellement conscience ? Quid des proches de la fillette en Guinée censés connaitre la réalité des choses pour interdire le voyage de cette dernière d’un endroit à un autre avec le risque d’une contamination à grande échelle? Si l’acte n’est pas délibéré, les proches parents  de la fillette ont fait preuve d’une légèreté coupable évidente.

 

La défaillance des autorités guinéennes et Maliennes

Aussi avec toutes les mesures prises par les autorités Guinéennes pour venir à bout du virus Ebola notamment les mesures d’hygiène, de sécurité sanitaire avec la prise en charge médicale des personnes atteintes du virus, la mise en quarantaine des malades et même des personnes susceptibles d’être contaminées etc.  Comment une fillette dont les parents sont morts à cause du virus Ebola (donc personne à risque) a pu passer à travers les mailles du filet sanitaire de ce pays et se retrouver au Mali?

Les autorités du Mali pour leur part, nous rabâchaient les oreilles ces derniers temps en annonçant  que les dispositions étaient déjà prises surtout au niveau des frontières notamment celle du Mali-Guinée pour un contrôle médical efficient. Le résultat est là avec ce premier cas pour dire finalement que le dispositif mis en place présente des failles.  Il est clair que cette fillette et son accompagnatrice qui ont certainement emprunté le tronçon classique via Kourémalé (ville frontière entre nos deux pays) n’ont aucunement été contrôlées à l’entrée sur le territoire national par les services médicaux. A partir de là, on peut s’interroger sur  l’efficacité du dispositif sanitaire mis en place par les deux pays.

Des deux côtés, la défaillance étatique est patente ! Les autorités des deux pays sont interpellées et doivent prendre conscience de leur rôle de préservation de la santé de leurs populations respectives. Leur responsabilité est grande et la lutte contre cette maladie requiert un engagement sans faille à tous les niveaux. Pour le cas du Mali, les prochains jours seront décisifs pour mesurer la réelle capacité de l’Etat Malien à faire face au virus Ebola. Pour le moment les Maliens appréhendent.

Aujourd’hui, le Mali a enregistré un cas suivi de décès. Aucun autre cas n’a été officiellement  déclaré à ce jour, sachant que la période d’incubation est de 21 jours et que certaines personnes à risque ayant plus ou moins été en contact avec la fillette ont été mises en quarantaine,  probablement d’autres ont été oubliées ou ont préféré ne pas se signaler. Ce qui est encore très dangereux pour une propagation rapide de la maladie. Donc attendons voir.

L’indispensable changement de comportement de nos populations

D’ores et déjà, les Maliens doivent prendre conscience du risque de contamination et par conséquent changer radicalement de comportements dans leur quotidien. Nous savons que les habitudes ont la vie dure et que le Malien est profondément ancré dans sa tradition et sa culture, toute chose qui malheureusement sert de terreau à la propagation de cette maladie. Les règles élémentaires d’hygiène doivent être de rigueur et la vigilance à tous les niveaux. La meilleure préservation pour soi et pour les autres est de suivre à la lettre les consignes données par les autorités sanitaires. Un problème de santé publique qui appelle à une sensibilisation, une information, une pédagogie tous azimuts. Si nous voulons véritablement vaincre la maladie, chaque Malien et chaque Malienne doivent mettre du sien. Au-delà de l’aide que pourrait apporter la communauté internationale, les Maliens doivent comprendre que la première aide véritable proviendra d’eux-mêmes. Leur sort est entre leurs mains comme on dit. Avec intelligence et détermination, nul doute que le virus Ebola sera mis en échec.

Une solidarité internationale agissante

L’Organisation Mondiale de la Santé a donné l’alerte : Une hécatombe se profile à l’horizon si l’on y prend garde. La mobilisation de la communauté internationale pour circonscrire l’épidémie pour le moment est assez timide. Peut-être parce que c’est l’Afrique ou pour le moment la menace est encore loin de certains.

Il est clair que ce combat n’est pas celui des seuls pays affectés par le virus. Tous les pays sont plus ou moins exposés et rester inactifs à se dire que le virus Ebola c’est pour les autres, est la pire des postures pour assister à un ravage d’envergure, car Ebola ne connait pas de frontières, les hommes étant ce qu’ils sont, le risque de propagation de la maladie à une échelle mondiale est plausible. Aujourd’hui plus que jamais la communauté internationale doit se mobiliser pour aider à l’éradication de cette épidémie.

La maladie à virus Ebola n’est pas une fatalité. Nous pouvons la vaincre, nous devons la vaincre. Ensemble agissons pour nous en préserver !!!!!!

Makan DIALLO

Docteur en Droit

Avocat inscrit aux Barreaux de Paris et du Mali

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1 commentaire

  1. Bjr maitre.
    vos propos sont digne d'un juriste, mais l'aspect technique relève des agents de santé.
    vous avez mentionné dans vos propos la période d'incubation qui est de 2 à 21ans, une personne exposé peut ne pas présenter de signes. s'il n'est pas mise en surveillance, la personne peut passer inaperçue sans aucun signe de fièvre ou autre au bout d'un, 2, 3 4…jours ou une 2 semaines puis développer la maladie après, c'est ça souvent le passage par les mailles de surveillance thermique par les thermo laser actuel.
    Donc toute personne ayant eu un contact direct avec un risque élevé de contamination avec un malade Ebola doit être mis en observation pendant le temps d'incubation et limiter ses déplacements sur une surface bien limitée.
    Je vous signale aussi que les parents de la fillette ne sont pas morts d'Ebola, c'est le père qui est décédé d'autre chose que Ebola. l'accompagnante de la fillette n'est pas grand-mère mais plutot une tante et elle n'est vieille du tout, c'est une dame d'environ la quarantaine.
    Ensemble agissons pour nous en préserver avec les bonnes informations en soumettons ces propos à l'analyse des experts de la santé.

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