Lutte contre la corruption et la délinquance financière: entre exigences et cohérence

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Lutte contre la corruption et la délinquance financière
Dr Makan DIALLO

Dire que le Mali et les Maliens ont souffert et souffrent de la corruption est un doux euphémisme ! N’ayons pas peur des mots, au rythme où vont les choses, si l’on y prend pas garde, le phénomène de la corruption risque de nous mener tout droit vers l’abîme.

 

 

Que de chemins parcourus pour enrayer ce mal insidieux qui mine notre société, mais en vain. La corruption est devenue culturelle au Mali. Prosaïquement, elle est en nous, elle est dans notre sang ! Toutes les strates de la société Malienne sont gangrénées par le fléau.

 

 

Si hier, la corruption avait quelque chose de malsain, d’immoral, de honteux, aujourd’hui elle est banale et banalisée au sein de l’opinion nationale. Si certains Maliens n’ont pas conscience du délit du fait de son accentuation et s’adonnent « innocemment » à cette pratique, d’autres du haut de leur puissance agissent en toute connaissance de cause sans honte ni peur. Le laxisme et  l’impunité ambiante d’une part, la crise morale et sociétale d’autre part, ont fini par rendre à la corruption « ses lettres de noblesse » au Mali. Les classements et rapports des organismes de notation notamment Transparency International sont édifiants à plus d’un titre.

 

 

De plus en plus, des voix s’élèvent au sein de l’opinion publique Malienne pour une lutte implacable contre le fléau. Les Maliens en ont marrent et n’entendent plus accepter l’inadmissible. A ce niveau, les choses sont claires. Mais, il ne suffit pas seulement d’en parler, de pérorer, de dénoncer, il faut agir ! Plus que jamais, le temps est à l’action !

 

 

La première République par le comportement vertueux des responsables de l’époque et la probité sans faille du Malien n’a eu véritablement  pas à souffrir d’une telle pratique. La belle époque dirons- nous, où le citoyen Malien avait en lui les valeurs morales et républicaines qui faisaient  sa fierté : dignité, responsabilité, esprit de sacrifice, équité, patriotisme,  solidarité, courage, sens de l’intérêt général, respect des lois etc.

 

 

Sous les 2è et 3è républiques, le Mali est devenu méconnaissable par  l’ampleur du phénomène. Les multiples programmes et plans de lutte contre la corruption n’ont véritablement pas donné de résultats probants dans la mesure où le phénomène perdure et s’incruste davantage.

 

 

A l’analyse, l’on peut déjà affirmer que le Malien joue à l’hypocrisie ! Trop de boucan et point d’agissements ! Nous parlons tous de lutter contre la corruption, mais en réalité nous ne faisons rien pour cela, pire nous contribuons par nos comportements de tous les jours à perpétuer le phénomène, à l’enraciner de plus belle.

 

Et si chacun commençait déjà à se poser cette petite question : Que dois-je faire en tant que citoyen pour lutter contre la corruption ? Il faut le savoir, nous avons tous une parcelle de pouvoir en tant qu’individu! Nous avons notre libre arbitre, le pouvoir de dire NON pour ne pas CORROMPRE et/ou se laisser CORROMPRE ! Déjà avec une telle attitude, un tel comportement, on aura beaucoup fait dans la lutte contre la corruption. Prenons juste trois cas parmi une multitude : et si le policier de la circulation décidait de ne plus arnaquer les paisibles citoyens et refuse le bakchich à tout bout de champ ? Et si le journaliste refusait, de vendre son papier au plus offrant ou de faire le flibustier moyennant sous, tout en se consacrant entièrement à son sacerdoce ? Et si l’enseignant en sa qualité d’éducateur se comportait finalement en véritable guide doté de qualités morales irréprochables ? Et si le juge dans toute sa puissance respectait tout simplement son serment ? On peut toujours continuer dans notre démonstration tellement les cas foisonnent. Il suffit juste que chacun fasse à son niveau un examen de conscience, préalable à toute forme d’actions.

 

 

L’Etat du Mali, en ce qui le concerne doit pouvoir pour une fois pleinement jouer son rôle sans fioritures. Aujourd’hui, avec le renouveau annoncé, la présence à la tête du ministère de la justice d’un homme, qui, en l’espace de 6 mois aura démontré toute sa détermination, toute sa volonté à lutter efficacement contre la corruption, le coup est parfaitement jouable. Sa reconduction récente témoigne de la volonté des autorités actuelles de maintenir le cap dans le cadre de la lutte contre la corruption, et traduit clairement le soutien et la confiance du Président IBK à l’endroit de son ministre. Ce qui est rassurant avec toutes ces cabales et autres intrigues de ces derniers jours en vue de le voir débarquer du gouvernement.

 

 

L’actuel ministre de la justice peut avoir des défauts, mais l’important ici ce sont les actes qu’ils posent et jusqu’à présent il va dans le sens de la grande majorité silencieuse. Il ne doit pas « se dégonfler » malgré les menaces, et intimidations de la part de certaines personnes.   Il doit continuer à traquer les délinquants financiers, les fossoyeurs de notre pays sans tambours ni trompette, mais avec efficacité, fermeté et justesse ! Moins de bruit et plus d’actions ! Il peut être sûr du soutien de la grande majorité de ses concitoyens qui même s’ils ne font pas très souvent entendre leur voix, sont en phase avec lui.

 

 

Par son audace, sa détermination, son sens du sacrifice, le garde des sceaux séduit ! Pour une fois, nous avons un Ministre de la justice qui OSE ! On peut l’aimer ou ne pas l’aimer, mais une chose est sûre l’actuel Ministre ne laisse personne indifférent. Avec lui, l’espoir renait dans  la lutte contre la corruption. Désormais les notions de justice, de  responsabilité, de sanction, d’impunité ont un contenu et un sens !

 

 

Les Maliens doivent savoir que l’impunité et le laxisme qui ont fait le lit de toute cette dérive n’ont plus leur place dans le Mali émergent. Que la responsabilité n’est pas une notion vide de sens ! Que la sanction n’est pas une vue de l’esprit ! Que nul ne sera au-dessus de la loi quel que soit son rang social, son pouvoir politique ou financier ! Le ministre semble aller dans ce sens et c’est tant mieux pour nous tous !

 

 

Il est évident que la bonne gouvernance dont nous appelons tous de nos vœux passe nécessairement par la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Une lutte, qui du reste doit être déclarée CAUSE NATIONALE.

 

 

Les Maliens sont plus que jamais interpellés. Il nous appartient à tous d’accompagner résolument cet élan salvateur, cette offre citoyenne qui in fine ne profitera qu’à nous tous.

 

 

Les actions engagées par la justice ces derniers temps laissent croire que désormais rien ne sera plus comme avant. Mais comme nous le savons, un homme quel que soit son talent, sa volonté, sa détermination ne peut réussir seul surtout lorsqu’il s’agit de combattre un tel fléau.

 

 

Le Ministre doit avoir les coudées franches pour mener à bien sa mission.  Les ennemis de la nation sont tapis dans l’ombre. Certains pour x ou y raison feront tout pour faire échec à cette entreprise, mais avec le soutien affiché et sans faille du Peuple malien, une victoire dans la lutte contre la corruption est bel et bien possible. Le peuple Malien dans son ensemble doit veiller et soutenir autant que faire se peut l’actuel Ministre.

 

 

Deux symboliques dans la lutte contre la corruption augurent de lendemains meilleurs et font croire que désormais rien ne sera plus comme avant : les poursuites engagées contre certaines catégories de personnes supposées INTOUCHABLES, à savoir les magistrats, les hommes politiques, les responsables d’institutions publiques sans compter les « égarés » de Kati.

 

 

L’actuel Ministre a pris à bras le corps la problématique liée à la lutte contre la corruption et tient le bon bout pour le moment.

En commençant par une purge au sein de ceux-là mêmes qui sont au cœur de la lutte contre la corruption, en voulant extirper au sein de la magistrature des « vermines » qui souillent l’ensemble du corps, il est clair que la démarche utilisée est d’une cohérence implacable. Tant que nous n’avons pas de juges propres, tant que la justice est corrompue, toute lutte contre la corruption sera vaine ! Le travail doit commencer par là. Une justice saine avec des juges compétents, d’une probité à nul autre pareil pour une lutte efficace contre la corruption. Voilà le nécessaire et l’indispensable préalable !

 

 

C’est aussi un signal fort à l’endroit de l’opinion publique. L’égalité devant la justice. Un juge quel que soit son rang, sa puissance ne saurait être au-dessus de la loi. La fonction de juge ne veut pas dire immunité ou impunité. Un juge doit être un citoyen comme un autre et par conséquent soumis à la loi ! Belle pédagogie qui rassure et rappelle que la loi s’applique à tous erga omnès.

 

 

Le cas des hommes politiques notamment les maires et certains responsables de services (PMU, BRS etc.) réconforte le bas peuple. Par la sanction, on fait une piqûre de rappel pour dire que le bien commun est sacré. Si l’on se rend coupable de corruption, l’on doit s’attendre en retour au glaive de la justice !

 

 

La lutte contre la corruption est un combat exaltant et de longue haleine. Le peuple Malien doit rester soudé et  tous les acteurs concernés doivent  pouvoir se donner la main. Tel ne semble pas être le cas ces derniers temps, où des bisbilles apparaissent entre le Ministre et le Procureur Général. Divergences de vue, de méthode, incompatibilité d’humeur ? Peut-être un peu de tout cela, mais il est évident qu’il y a  un problème d’égo. Deux hommes connus pour leur rigueur, et leur fermeté, mais aussi leur forte personnalité. Le « moi » risque d’annihiler les efforts entrepris.  En se donnant en spectacle, en étalant sur la place publique leur inimité, il est clair que l’efficacité tant souhaitée dans la lutte contre la corruption ne sera pas au rendez-vous.  Nos deux soldats de « l’assainissement citoyen et républicain » doivent faire preuve de retenue et d’intelligence  au risque de se décrédibiliser aux yeux de l’opinion nationale. Leur rang social, la sagesse due à leur âge et leur fonction ne doivent pas permettre une telle exposition pour le moins ridicule. Le travail est assez énorme pour s’attarder sur des questions de personne. J’espère bien me tromper, mais  les dernières sorties des responsables syndicaux de la justice donnent beaucoup à réfléchir. Les revendications corporatistes sont certes légitimes mais le timing utilisé  laisse penser à un croc en jambes nuisible pour l’initiative entreprise. Est-ce pour « intimider » le Ministre pour qu’il « foute la paix » aux robeux ? Les syndicats ont publiquement affirmé, vouloir soutenir l’action du Ministre ! Dont acte. En la matière solidarité rime avec efficacité, et les acteurs, tous intelligents qu’ils sont, doivent comprendre cela.

 

 

Le redressement de notre pays est revendiqué, la bonne gouvernance est sollicitée. Pour ce faire la lutte contre la corruption et la délinquance financière est un passage obligé  et elle impose le strict respect de la loi. Dura lex sed lex !

 

 

 Contribution de

Makan DIALLO

Docteur en Droit Privé

Avocat inscrit au barreau de Paris et du Mali.

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1 commentaire

  1. Ce lui qui est né produit de corruption peut il vaincre la fameuse pratique? elle est dans le sang car une fois nommé haut responsable c’est nos familles qui commencent à nous pousser à être corruptible, madame première personne à être toucher quand son mari est aux arrêts dirait je cite “Nan finfin soro ni koyina an tino soro blen”, madame dit la vérité, car les cadres honnêtes de ce pays ne sont jamais récompensés voilà la raison, en un mot c’est l’état Malien qui cultive la corruption dans nos habitudes, nos façons de penser, d’agir, de voir, “madiougou ti iyéréyé” exemple frappant si je vais corrompre le PM directement par sa propre personne chose difficile, mais je sais qu’il ne peut pas se refuser en aucune idée de la personne qui lui est chère,je passerai voir cette dernière pour m’aider à atteindre mon objectif, les sinankouyans en sont les causes aussi quand un bozo damande un service à un dogon à moins qu’il ne soit digne fils il ne peut pas résister à la demande du cousin

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