Après un long silence assourdissant, l’opposition politique malienne, avec à sa tête le président du parti Union pour la République et la Démocratie (URD), le député Soumaïla Cissé, a réagi au paraphe du Projet d’accord de Paix. Ayant pris connaissance de sa déclaration à propos dudit document, je me permets un droit de réponse toujours en tant que citoyen africain. A part les préliminaires qui ont consisté à déclarer leur amour de la patrie, leur attachement à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale du Mali et au retour de la paix, les leaders des différents partis politiques ayant signé cette déclaration ont mentionné quatre points qui leur ont permis de tirer leur conclusion.
D’abord, ils ont fustigé le manque « de véritables concertations sur les questions de fond ». C’est un point de vue qui peut toujours être discuté. Quoi qu’il en soit, si on écoute le Gouvernement, il y a bien eu de larges concertations. En effet, le Ministre malien de la Réconciliation nationale n’a-t-il pas insisté sur le caractère « inclusif » de ces pourparlers lors d’un entretien public ? A vrai dire, même s’il peut y avoir une part de vérité de part et d’autre, cette critique ressemble plus à de la politique politicienne qu’une critique fondée.
Ensuite, les leaders des partis d’opposition se sont également insurgés contre la mention du mot Azawad dans le document. Ils considèrent cela comme « une véritable imposture politique et est porteuse de germes réels de séparatisme qu’aucun Malien ne doit sous-estimer ». A cela, je leur réponds qu’en termes de négociation, il faut bien donner et recevoir en retour pour avancer. La négociation marche sur deux piliers, celui du Gouvernement et celui des protagonistes. D’autant plus que ce terme sera soumis à un débat national qui permettra au peuple de trancher.
En outre, les partis d’opposition considèrent les futurs efforts en matière de décentralisation plus poussée envers les régions du Nord comme des faveurs faites à« certaines catégories de citoyens, ce qui n’est pas, [selon eux], de nature à rassembler la communauté nationale autour de [leur] destin commun, et pourrait, au contraire, porter atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale ». Là aussi, je dois dire que l’un des points clés de ce Projet d’accord de paix a trait à une forte implication des populations locales dans la gestion de leurs propres affaires à travers une régionalisation poussée. Par ailleurs, je dois aussi ajouter que cette stratégie s’inscrit dans la droite ligne des recommandations faites lors des Etats généraux de la décentralisation. Donc, il ne s’agit pas de favoriser une catégorie de citoyens mais de promouvoir la gestion locale de territoires qui en font légitimement la demande.
Enfin, la même déclaration de l’opposition a émis des réserves sur le calendrier de d’exécution des engagements prévus dans le Projet d’accord. Là par contre, c’est compréhensible, compte tenu du caractère imprévisible des protagonistes. L’attentat du 6 au 7 mars 2015 le prouve à suffisance ! Mais, doit-on s’abstenir de prévoir un calendrier de mise en œuvre des engagements sous prétexte qu’on est dans un contexte imprévisible ? Je pense que non ! D’ailleurs, ne dit-on pas que gouverner, c’est prévoir ?
Forts de tous ces aspects évoqués, les partis d’opposition ont conclu « que cet accord n’est pas celui qu’ils auraient souhaité pour [leur] Peuple. » Cette conclusion entraîne inéluctablement une question : qu’est-ce qu’ils proposent à la place ou pour l’amender ?
Une contribution de Sidy TOUNKARA