La loi portant institution des autorités intérimaires : A peine adoptée, déjà violée par le Gouvernement

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Les responsables de la CMA

Le pire serait de nous en accommoder. Parce que chacun des actes posés, chacune des appositions  digitales des Ministres des Affaires Etrangères et de l’Administration Territoriale sur les documents engageant le pays, les courtes vociférations de la justice aveugle, ne sont que symptomatiques, de ce mode de gouvernement sans pensée.

Mépris. Ils évitent soigneusement les populations et le fait majoritaire au nom d’un azawad rejeté d’avance. Récusent la volonté populaire, fascinés par une brutalité plus tranchée que la leur. Ils démantèlent l’autorité de l’Etat en la mettant entre parenthèses, et tant pis pour les populations qui ne bénéficient plus de sa protection. Ils réduisent la question à la défense de leur seul bord politique. Réfutent le point de vue des républicains. Trépignent contre les jeunes de Gao, convulsionnent contre les critiques saines. Asséner des absurdités ne les a jamais rendues moins aberrantes.

Obnubilés par une chimérique paix au détour d’un imparfait accord,
Nous ne  pouvons que nous indigner de la décision prise par notre Gouvernement de procéder au vil partage des régions du nord à l’image de ce qui a été fait ailleurs  au lendemain de la seconde guerre mondiale. Après avoir sacrifié honteusement les populations de Tombouctou et de Gao sur l’Autel des mouvements armés, le Gouvernement a proposé pour la présidence du  Conseil régional de Kidal, le Colonel Hassan FAGAGA et ce, au mépris de la très jeune mais déjà violée loi modificative du Code des collectivités territoriales.

L’article 154 de la loi portant modification du Code des collectivités territoriales adoptée le 31 Mars dernier dispose : “…l’autorité intérimaire régionale est constituée de personnes résidant dans la région et provenant des services déconcentrés, de la société civile et du secteur privé ainsi que de conseillers régionaux sortants….‘’.
Au mépris de cette disposition de la loi, le gouvernement malien, au lieu de proposer une personne attachée aux valeurs républicaines et à l’intégrité territoriale, choisit dans le camp de ceux-là même qui veulent la partition du pays. Le colonel Hassan Ag FAGAGA de la CMA, désigné président des autorités intérimaires dans la région de Kidal. Ce choix grotesque, funeste et indéfendable ne répond pas aux critères fixés par la loi. Selon le texte ci-dessus cité, les membres des groupes armés ne font pas partie des personnes qui peuvent être désignées pour diriger les autorités intérimaires. Le Colonel Hassan AG FAGAGA, déserteur de l’armée Malienne, compagnon fidèle de Iyad Ag Ghaly, est le lieutenant de la ville de Kidal. Il n’est ni issu des services déconcentrés, ni de la société civile, ni du secteur privé encore moins membre du Conseil régional sortant. Cette décision motivée par des raisons inavouées est sans doute un signe de manque de courage moral et de préséance du Droit, malgré les mises en garde.

Nous ne pouvons non plus compter sur les contre-pouvoirs classiques, ni sur les intellectuels munis de genouillères et réduits à pratiquer l’obstruction provisoire. Les experts, éminents professeurs, hauts fonctionnaires en charge du démantèlement de la loi fondamentale qui se sont muselés en fermant aussi les yeux voire le cœur sur le caractère anticonstitutionnel de  la procédure de révision, en répondront devant l’histoire.

Nous pouvons peut être escompté une parole et une action libre des magistrats nouveaux affranchis ; nous consoler avec les Rasta, la société civile qui retrouve petit à petit  le goût du pavé. Tout cela peut advenir et advient déjà. Nous savons que ces femmes et ces hommes portent l’honneur de tous ceux qui savent que le Mali est grand lorsqu’il est à l’image d’une femme, digne et conviviale, plutôt que frivole, injuste et vulgaire. Le Mali s’est livré vite et à chaque sollicitation, il en a essuyé beaucoup de coups et rien de tout cela n’a atténué les risques inhérents à la maîtrise de l’appareil d’Etat par une présidence inconséquente, et sa confiscation par une caste de magnats qui n’ont que la compétence d’un égoïsme lucrativement performant et la légitimité des courtisans.
Ne comptons pas sur l’excès de patriotisme de nos gouvernants actuels, aphones et inaudibles. Ce que notre pays traverse ne saurait être surmonté à coup  de poignées de mains chaleureuses, ni de préséances et autres salamalecs de salons par les brutes en cravate. Il n’est pas question de rationalité, de cohérence, de justice, de pertinence, mais de colère, de rage, de frustrations, d’une volonté de rejet de la prime à la rébellion et d’un fort désir de déconstruction du mensonge azawad. Négligents ou impuissants, nous répondons de l’état de notre pays. Nous ne serons donc jamais innocents de laisser le Mali entre leurs mains. Ils le défont sous nos yeux, y injectent plus de périls qu’il n’en porte déjà.

C’est cette funeste entreprise qui est en marche et le pire, c’est que nous nous en accommodons. .
 Me. Abdourahamane Ben Mamata TOURE

Docteur en Droit privé, Directeur des études à l’ENA du Mali

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2 COMMENTAIRES

  1. C’est honteux pour nos dirigeants actuels. Ils sont tous incapables de dire tout haut face à la France qui soutient les rebelles ce que les maliens ne veulent pas à savoir le partage et l’occupation pour toujours de notre pays. Les décisions prises sont dictées pour les forces imposées aux maliens. Toutes les populations locales et de Bamako doivent être vigilantes pour que tous ceux qui ont tué ou détourné un franc soient écartés. Et puis pourquoi ne pas organiser des élections régionales séparément. On déploie les forces seulement à tombouctou et on organise les elections e t ainsi de suite

  2. Tous ceux qui sont à la base de cette salle besogne n’échapperont pas. La malédiction est en marche. Elle sera impitoyable. Ne vous en faites pas. Seule la volonté de Dieu se réalisera au nord du Mali. Les armes le gouvernement et autres sont peu de choses face à elle.

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