La loi d’Iyad prévaudra-t-elle à Kidal ?

Les bombes des forces antiterroristes pleuvent autour d’Iyad Ag Ghaly. Mais c’est lui seul que visent les forces internationales. Parviendront-elles à l’atteindre ? Rien n’est moins sûr. Il apparaît de façon certaine que l’ensemble des attaques terroristes à Kidal sont perpétrées sous ses ordres. C’est donc sur lui que se concentrent les opérations de la police et des armées dans la région de Kidal.

Démonstration :

Le convoi d’armes et d’explosifs intercepté et détruit la semaine dernière par une attaque aérienne avait pour destination Kidal : les terroristes de la ville devaient être ravitaillés par cet énorme afflux d’armes, de munitions et d’explosifs, en vue d’une opération de très grande envergure. Or, il est maintenant établi que parmi les jihadistes frappés par les bombes, se trouvait un certain Moussa « Kaf Kaf ». Un nom que les enquêteurs mais surtout la population de Kidal rapprochent immédiatement d’Iyad Ag Ghaly. Ce collaborateur immédiat du célèbre chef touareg terroriste était le principal logisticien d’Ansar Dine dont les exactions commises au nom d’un Islam médiéval et arriéré avaient épouvanté Tombouctou lors de l’occupation du Nord en 2012. Iyad voulait frapper fort, marquer les esprits, s’imposer en maître. Il a failli y parvenir.

Ensuite, nous apprenons que le 17 octobre, les forces de sécurité ont arrêté l’un des responsables de l’attaque du camp de la MINUSMA à Kidal. Ahmed Ag Mossa, car c’est son nom, est parfaitement connu de tous sur place. Cet électricien, qui se réclame du HCUA, est impliqué depuis de nombreuses années dans la rébellion et la cause « azawadienne ». Cet extrémiste religieux a réussi le tour de force de se glisser parmi les forces de la paix pour téléguider, au coeur même du camp où il était employé, les tirs qui ont assassiné lâchement un casque bleu sénégalais. Mais, par bonheur, sa capture a permis aux forces de sécurité de fouiller sa maison, et cet homme a fini par parler. Les enquêteurs sont alors parvenus à remonter jusqu’à son commanditaire : Iyad Ag Ghaly, bien sûr…

Car c’est Iyad Ag Ghaly qui tire les ficelles de l’ensemble des attaques terroristes qui ensanglantent Kidal depuis plusieurs semaines. Il est maintenant clair qu’il est aussi derrière l’attentat à la mine du début de la semaine qui visait les forces de la MINUSMA mais qui a atteint par erreur des séparatistes du MNLA.

Faute de l’atteindre directement, les forces antiterroristes cherchent à affaiblir au maximum tous ses amis et complices, afin de donner une chance, même mince, aux pourparlers d’Alger. Car le temps est compté ; la multiplication des actions violentes envers les forces de sécurité des dernières semaines dans la région de Kidal montre parfaitement la résolution d’Iyad ag Ghaly : il entend désormais se rendre entièrement maître des lieux où il se promène déjà impunément. Chacun sait qu’il évolue en effet avec désinvolture dans cette zone, où il sait ne pas être inquiété. Son ambition c’est la domination sur ce qu’il estime devoir être une terre exclusivement wahhabite : et il y met les moyens.

Le Mali ne peut pas permettre de voir se constituer une nouvelle alliance entre jihadistes et autonomistes. La seule espérance pour le Nord, c’est l’arrestation de l’ensemble des fauteurs de trouble qui complotent contre l’intégrité territoriale du pays. Tant que Kidal ne sera pas sous administration malienne, le spectre d’une enclave jihadiste au cœur du Sahara, avec son lot de mains et pieds coupés, peut resurgir.

Ibrahim KEITA.

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