J’ai coïncidé à Paris avec la sortie du livre «C’est possible au Mali» de Mamadou Igor Diarra, édité par les éditions Cherche-Midi, disponible à la FNAC et sur le site Amazone. Il m’a fait l’honneur de m’associer à l’équipe de relecteurs de son manuscrit. J’avoue avoir été émerveillé à sa lecture. Encore plus aujourd’hui par la qualité de l’édition et de sa ligne !
Les très rares exercices d’écriture que nous proposent nos leaders sont généralement des compilations de textes administratifs et de chiffres, pour ne pas dire des récitations académiques. Rarement des points de vue personnels. Mamadou Igor Diarra nous propose une réelle autobiographie, n’hésitant pas à se mettre en danger, en donnant son point de vue. Sans langue de bois. Ce qui a marché. Ce qui n’a pas marché. Ce qui peut être fait pour une nouvelle dynamique du Mali post-crise. Sa part d’échec. Sa part de réussite. Ses faiblesses. Et pour finir de grandes lignes de propositions en faveur d’un Mali harmonieux. Le livre a renforcé mon optimisme pour le Mali.
Mamadou Igor Diarra fait partie de ces milliers de leaders maliens 2.0, compétents, rigoureux, qui ont fait leurs preuves, ouverts sur le monde, qui n’hésitent pas à s’assumer, mais aussi à reconnaître leurs erreurs. Il le dit dans son livre, plus de 85% de la population malienne sont nés sous Moussa, Alpha, ATT et IBK. La génération des Igor constitue les koro et les tontons de cette population. Et elle a la lourde responsabilité de conduire la transition sociale, culturelle, économique, institutionnelle, technologique et générationnelle dont le Mali a indispensablement besoin pour s’harmoniser, se moderniser et rayonner pour les 100 ans à venir.
Je découvre qu’il parle 5 langues : bamanan, français, russe, anglais, espagnol et portugais. Le livre se lit comme un roman, avec quelques anecdotes croustillantes. Chaque fois que j’ai le temps, je vous fais découvrir un extrait de ce qui a retenu mon attention. J’ai l’embarras du choix. À bientôt à Bamada !
Alioune Ifra N’DIAYE
Extrait: Page 127
«Dans le Mali d’aujourd’hui, les générations nées sous «Moussa», «Alpha», «ATT» et «IBK» forment 85% de la population. J’en fais partie. Si nous n’avons pas connu les heures glorieuses de l’indépendance, nous avons navigué au milieu des grandeurs et des déboires de notre pays. Moi-même, et de plus jeunes que moi, avons exercé précocement des responsabilités nationales, sans pour autant vraiment nous retrouver dans les pratiques d’un monde politique où les «Soudanais» gardent la main et souvent se protègent des générations plus jeunes. J’ai voulu mettre en valeur leur indiscutable apport à l’histoire du Mali, sans pour autant occulter quelques épisodes de ces frictions. Nous avons vécu l’incroyable émergence de la téléphonie et de l’internet généralisé. Dans ce monde en réseau, le Mali n’est plus à la périphérie du monde. Chaque fois qu’il prend la parole, il est au centre de la conversation. Notre jeunesse n’a plus de complexe. Elle dispose d’un flux continu d’informations, qu’elle ne va pas chercher dans le blon du grand-père ou de la grand-mère, mais sur ses smartphones.
La brutalité de cette évolution, la rupture générationnelle qu’elle induit, apporte à nos cadets et à nos enfants énergie, créativité et un désir puissant de prendre sa place. Mais il lui manque l’essentiel : une boussole, pour avancer sans se perdre. Notre jeunesse est parfois saisie de découragement ; et l’abattement est toujours un mauvais conseiller. Notre agriculture ne s’est pas suffisamment modernisée, nos villages ne sont pas équipés pour devenir attractifs aux yeux d’un adolescent «connecté». L’exode rural déverse inexorablement des jeunes désœuvrés dans nos villes. Certains cherchent leur salut à l’étranger, parfois périssent en traversant les mers ou dans le désert. La fièvre de l’orpaillage sauvage arrache bien des bras aux travaux des champs. L’espoir d’améliorations brusques et miraculeuses alimente les officines de charlatans qui prospèrent sur la crédulité publique. Sans compter que notre économie moderne est loin de suffire à absorber les talents.
L’oisiveté est, dit-on, «mère de tous les vices». La pauvreté forcée ruine la dignité, ce dambè qui reste l’antique horizon éthique du Mali. Voici l’essence des défis qu’il nous faut relever. Rien ne pourra être entrepris sans l’engagement citoyen du peuple, sans l’imagination créative de ceux qui produisent la richesse par leur travail ; sans leurs investissements aussi. Pour permettre à notre Mali de franchir une nouvelle étape de son histoire, il est vital de répondre d’urgence aux attentes essentielles, de rétablir le contact et la confiance entre un monde politique renouvelé, vraiment engagé dans sa mission d’intérêt général, et un peuple réconcilié, bien dans sa peau.
Si, après avoir longtemps hésité, j’ai l’immodestie de mettre le récit de mon expérience à disposition du public, c’est à la suite de nombreuses conversations avec de jeunes frères et de jeunes sœurs à qui je racontais ces anecdotes. Ils m’ont souvent dit : «Ce que tu nous racontes nous donne confiance.» Les aînés ont l’obligation d’anticiper sur les attentes des cadets. Puissent ces pages aider à forger la boussole qui nous permettra de traverser sains et saufs la zone de tempête où nous sommes pour aborder ensemble les rivages d’une prospérité partagée.»
Source: ”C’est Possible au Mali”
merci Igor et du courrage seule le travail bien fait paye, allons seulement on va arriver bientot
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