L’Imam Dicko : un président qui rêve d’être Chef d’État

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Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali. © DR
Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali. © DR

L’influence actuelle du président du Haut Conseil Islamique n’est plus à démontrer depuis ces derniers mois. En s’appuyant sur ses médias TV et radio, Mahmoud Dicko connait la formule pour occuper une place centrale dans la scène politique malienne. En bloquant un projet de loi ou une réforme gouvernementale par sa force de mobilisation populaire, il pèse de tout son poids pour mettre à mal le système malien et discréditer les soutiens de la communauté internationale. L’Imam Dicko se dit fervent défenseur de « la préservation des valeurs maliennes » et en lutte contre « des soi-disant valeurs universelles imposées par l’Occident », le discours que tient Iyad Ag Ghaly !

S’il a condamné parfois les actes terroristes, le rigoriste, et non moins très controversé Imam Dicko, manie le verbe avec subtilité, livrant ses auditeurs à leur propre interprétation. Il fait planer le doute sur ses relations ambiguës avec les groupes djihadistes présents dans le nord du Mali. C’est bien lui qui prônait la réhabilitation d’Iyad Ag Ghaly il y a quelques années alors que tous les acteurs engagés dans la crise malienne sont unanimes quant à cette idée : il n’est pas question de réhabiliter l’ennemi n°1 de la nation.

Ses liens étroits, avec le terroriste Iyad Ag Ghaly, sont inquiétants et laissent à penser que son ambition pour le Mali se résume à imposer la charia plutôt que le développement économique du pays. Là encore, nous voyons bien qu’il suit à 100% la ligne directrice du chef terroriste Iyad Ag Ghaly. Du coup il n’est plus étonnant que Mahmoud Dicko, qui prétend défendre les valeurs du Mali lors de ses discours pacifiques, soit paradoxalement le seul malien à avoir approuvé la destruction des mausolées de Tombouctou !

On peut encore légitimement douter de l’intégrité de Mahmoud Dicko, qui plébiscitait il y a 5 ans l’action de la Minusma et l’appui des soldats français, et qui maintenant pourfend la France de son soutien au Mali, s’insurgeant de la présence de « ces forces coloniales ». Selon ce grand orateur, le « djihadisme » au Mali serait même une pure « création des Occidentaux ». On peut vraiment s’interroger sur sa bonne foi, au regard de la récente attaque terroriste revendiquée par AQMI qui a emporté 10 casques bleus à Aguelhok. Son silence en dit long sur son approbation à cette violence des terroristes salafistes lui qui est toujours si prompt à réagir. Au lieu de tirer des traits d’union, Dicko divise le peuple malien pour mieux asseoir son pouvoir.

Que penser enfin de ses errements en politique : une fois il soutient IBK, une fois il l’assassine. Peut-on vraiment faire confiance à quelqu’un qui change de camp si souvent? En effet Dicko n’a pas ménagé ses attaques contre les autorités maliennes. En s’affichant comme leader de l’opposition, ce partisan d’un Islam wahhabite pour le Mali, très loin des origines malékites de notre pays, a initié, il y a quelques temps, une mobilisation populaire en contestation de la réforme du code de la famille. Ce projet aurait modernisé les règles du mariage et permis aux femmes maliennes de toucher la même part d’héritage que les hommes.

Il a repris son combat idéologique en poussant dernièrement le gouvernement à l’abandon du programme de manuel scolaire concernant l’éducation sexuelle. En terrorisant la population malienne, il a déformé l’idée du projet initial pour en faire une apologie soutenant l’homosexualité, attentatoire aux valeurs religieuses. Ce programme n’avait pour vocation que de donner à la jeunesse malienne des connaissances sanitaires de base afin qu’elle soit en mesure de mieux connaître les problèmes liés à la sexualité de nos jours, dans un pays où, selon la dernière enquête démographique et de santé de Human Rights, une jeune fille de 15 à 19 ans sur trois est déjà mère.

L’inquiétant Imam Mahmoud Dicko, se dévoile sous nos yeux, au fur et à mesure de ses apparitions, semant le désordre dans la fragile reconstruction de notre pays. Ses discours pacifiques en apparence ne trompent plus personne et ne parviendront pas à entraver les accords de paix signés par ceux qui veulent vraiment le bien du Mali et de tout le peuple Malien.

Paul-Louis Koné

@pauloukone

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