Libération du nord du Mali : Interrogation sur l’inaction du gouvernement

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Après tant d’attente, s’impose le devoir de libérer le Nord du Mali occupé. Bientôt trois mois que plusieurs villes et villages des régions septentrionales de Mopti à Kidal échappent à tout contrôle des autorités maliennes. Trois mois de non assistance aux populations exposées aux affres de tous les extrémismes et du doute qui habite les différents protagonistes.

Quatre vingt dix longues journées d’occupation en 2012, là où le siège de la ville de Gao par les mercenaires espagnols de l’invasion marocaine avait à peine duré trente jours en 1591.
La roue de l’Histoire tourne inexorablement et les cycles successifs permettent de relever l’alternance de faits similaires. Ce qui rend la comparaison des évènements, riche d’enseignements. Au Songhoï, existât dans l’administration de la cour, un secrétaire de l’Askia nommé Boubakar Lambani. C’est ce secrétaire qui commit le parjure d’être l’agent des mercenaires espagnols de l’invasion marocaine. Pour une simple promesse de devenir gouverneur de Gao, Boubakar Lambani fut celui qui trahit la cause Songhoï.
Des « Lambani», il y en a encore dans ces contrées qui ont été ‘les collabos» des rebelles, des sécessionnistes, puis des narcotrafiquants qui écument le désert à la lisière du Sahara. On en parlera le moment venu. Pour l’instant, il s’agit de se préoccuper en toute urgence, de toutes les bêtises humaines auxquelles, les vaillantes populations sont soumises après 2160 heures ou 129 600 minutes d’attente et d’abus ! Et nous aurons encore les yeux rivés sur le chrono tant que le compteur de l’occupation continuera de tourner…
Oui, en ces moments sombres de notre histoire commune, où l’on voudrait bien oublier ce temps qui ne passe pas, il y en a qui viennent juste de se rendre compte de la bêtise commise et maintenant s’interrogent seulement sous quels traits l’avenir se présenterait ?
Cependant, on ne cesse de s’interroger tant sur l’inaction contre les terroristes que sur le silence autour de l’irrédentisme touareg depuis 90 jours. Or, il faudrait traiter définitivement cette revendication territoriale concernant la Boucle du Niger et le septentrion malien.
En ce moment, il est facile de constater que la synthèse de l’inaction contre les terroristes et du silence sur le sort de ces régions a produit une espèce de « coup d’état permanent » au Nord Mali. C’est le  premier signe d’un grave déficit de lucidité dans la gestion interne de cette crise sécuritaire.
Les derniers jours du premier trimestre 2012 ont été fatidiques pour le Mali qui a assisté impuissant à la chute terrible de ses grandes villes du Nord Mali à la suite d’une agression terroriste.
Après 90 jours d’occupation, les populations sont toujours dans une grande détresse, et une attente désespérée. Que d’espoirs déçus qui ont finalement conduit les jeunes à refuser la terreur du MNLA à Gao, aux femmes de Kidal à se révolter contre le dictat horrible d’Ansar Dine, aux Tombouctiens de dénoncer la barbarie des occupants.

Depuis le 17 janvier 2012, les maliens ont-ils manqué de courage ou de clairvoyance ?
Il faudrait forcément corriger ce déficit de courage ou de lucidité qui risquerait de se confondre à un mépris de la détresse des populations des zones non contrôlées par le Gouvernement malien. Une attitude révoltante persista durant 90 jours après la chute fatale des villes de Kidal, Gao et Tombouctou. Tel un récit qui sera compté à nos petits enfants et aux enfants de leurs enfants. Il leur sera dit que les populations du Septentrion malien sont restées, sans l’assistance d’aucune autorité officielle, sous le joug de groupes  terroristes tels le MNLA et Ansar Dine dans une jonction funeste avec Aqmi et les jihadistes.

Quatre vingt dix jours viennent de s’écouler sans que le Mali malade (divisé territorialement) ne reçoive d’ordonnance et point de soins précis de la part de ceux qui ont la charge gouvernementale. Comment ne pas évoquer ici, Réné Dumont qui disait que « l’Afrique est mal partie » ou Axelle Kabou qui s’est interrogée « Et si l’Afrique refusait le développement » à cause de ce qu’elle a appelé « le ventretisme politique, des politiques sans grande conviction et toujours « à la soupe  ?
Certes, nous avions relevé certaines initiatives (pas d’actions) qui pourraient conclure à une certaine bonne foi :
La décision du Gouvernement malien de porter plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) contre les groupes rebelles et les extrémistes islamistes
L’initiative de Boni Yayi, président en exercice de l’UA, de saisir le Conseil de sécurité des Nations-unies
Le processus d’unification des actions de lutte pour libérer les régions de Tombouctou, Gao et Kidal
L’idée gouvernementale d’envisager une offensive de reconquête des régions de Gao, Tombouctou et Kidal…
C’est le lieu de saluer solennellement  la sympathie et la solidarité consciente du Président du Bénin, S.E Boni Yayi et du Président du Niger, S.E Youssoufou Mahamadou, pour les efforts inlassables qu’ils ont déployés sur la scène africaine et internationale par rapport à l’agression terroriste subie par le Mali depuis le 17 janvier 2012.
Face à l’indicible, j’aurai aimé voir des actions percutantes rejaillir comme savaient le faire « Fily Dabo Sissoko », « Modiko Kéïta », « Cheick Anta Diop », « Boubacar Sada Sy », « Yana Maïga », lesquels à mon sens, ont toujours su prendre en compte les aspirations profondes des populations dans la construction de leurs démarches. Quoi de plus normal, si tant est le trait dominant de tout responsable soucieux, non de se servir du peuple, mais de le servir dans l’optique de gérer principalement les intérêts de la Collectivité. Ceux qui répondent à ce profil ne sont jamais dans l’amalgame et la confusion des genres parce qu’ils ont pris le temps nécessaire de bien connaître leur propre histoire, l’Histoire africaine. Eux avaient fait de la paix et de la stabilité sociale, les fondements du développement et la condition sine qua non du bien-être des populations.
Le lendemain de cette crise comportera de nombreuses incertitudes. Et nul ne  présage de ces incertitudes, tant le réveil sera brutal pour chacun d’entre-nous. Car les crimes commis sont hideux et imprescriptibles, et le temps conservera plus longtemps ses traces.
Les auteurs de ces crimes, eux ne se doutent point qu’ils auront à en payer inéluctablement le prix. Les auteurs, ce sont Ansar Dine et MNLA à l’invitation desquels des extrémistes (AQMI) et d’autres djihadistes ont envahi nos villes et villages. Ils ont importé, avec eux et leurs complices, ce vent de désolation et d’horreur qui souffle actuellement sur toute la boucle du Niger jusqu’à la lisière du Sahara.
Nous soutenons expressément l’initiative de saisir le Conseil de sécurité des Nations-Unies à l’effet, non de venir s’interposer mais, d’œuvrer à ce que tous les groupes terroristes soient combattus en dehors des villes et villages. C’est cela les vœux profonds des populations restées sur place. Aucun chèque en blanc ne sera donné à quiconque pour aller massacrer nos populations, après tout le désastre subi depuis le 31 mars dernier.
Alors, il importe de savoir que la première volonté des populations « non rebelles-ces gens normaux restés sur place» à l’adresse de tous ceux par la faute desquels le désastre est survenu dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, c’est que les groupes rebelles et tous les assaillants sortent de nos villes et villages et qu’ils s’éloignent le plus possible de la boucle du Niger et du Sahel. Que les assaillants retournent dans les confins du Sahara d’où ils ont quitté. Que le combat contre les terroristes s’y fassent là dans ces confins où ils auraient dû être combattus.

La deuxième volonté des populations, à l’adresse du gouvernement de transition, c’est de prendre en compte leur avis primordial sur le catalogue des mesures en réponse aux différents groupes terroristes. Tous les engagements d’après « mars 2012 » qui seront pris à propos de cette horrible aventure des groupes terroristes dans la vallée du Niger, feront l’objet d’un regard fortement vigilent, critique et d’une analyse approfondie.
Toute honte bue, notre colère est toujours grande puisque ce qui a pu être fait par nous-mêmes est encore insuffisant. Lorsque nous demandions aux maliens d’emprunter la voie du sursaut national,     nous nous devrions d’être cohérent dans la démarche. Nous nous devrions d’oublier la douceur de cette vie douillette des grandes villes pour transformer tout essai en un but inscrit dans un véritable élan salvateur.
Maintenant, que devrions – nous faire et comment pourrions-nous le réussir ? Osons dans l’action. Osons-nous dépasser pour l’agir vrai et réussir concrètement à laver cet affront jusque là traumatisant ?  Que pourrions encore faire ? Ce sont là les seules questions qui vaillent d’être débattues, pour lesquelles nous devrions apporter une réponse collective concrète. Après les massacres du MNLA à Gao, les 25 et 26 juin 2012, il n’y aurait aucune excuse pour les maliens d’attendre plus encore. La voie est ouverte.
Par la force et la miséricorde de Dieu, le MLNA vient d’être mis à nu, dans toutes ses composantes. Qu’il en soit ainsi pour tous ceux qui ont contribué à faire souffler le vent de désolation sur le Septentrion malien et à installer ce désastre en ces lieux.
Il n’y aura de solutions durables que celles convenues avec l’ensemble concerné dans le souci de préserver durablement  l’avenir. Pour ce faire, ayons le courage d’aborder tous les problèmes de fond :

les défis territoriaux (une remise en cause du décret du 2 mars 2012, maintien des trois régions du Nord dans les limites actuelles, choix de développement),
les défis de la gouvernance (revisiter les instruments et règles de décentralisation, penser les conditions de mise en place de conseils municipaux et communaux plus représentatifs, revoir les modes de désignation des conseillers régionaux, créer les voies d’un conseil régional élu au suffrage direct),
les défis liés à la criminalité : clarifier les conditions dans lesquelles les assassinats ont pu être froidement perpétrés contre le colonel Bilal en 1994 (information judiciaire nécessaire pour extirper du cœur de l’administration malienne les auteurs de crimes et leurs complices), Amadou Diallo en mars 2012 et Idrissa Omorou en juin 2012 (enquêtes exigées pour assurer la paix et la sécurité dans le proche avenir)
les contributions locales et nationales à la réalisation de la Mission de la CEDEAO au Mali.
Le combat des jihadistes pour être efficace devra se faire en dehors des villes de la frange fluviale. Il n’y a aucune différence à faire entre ceux qui ont précipité la chute des grandes villes au Nord du Mali : le MNLA, Ansar Dine sont identiques à AQMI, MUJAO et Boko Haram. Les éléments du MNLA ont prouvé qu’ils sont capables du pire autant que tous les trois autres groupes réunis. Ce sont eux qui ont commis à Gao et à Tombouctou les pires atrocités. Cependant, nous les avions considérés dès le départ, tous coupables des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Cette complicité réciproque dans la responsabilité des meurtres commis et de tous les abus est la seule constante à retenir.
C’est pourquoi, il faudrait rapidement déployer des groupes de combat et de sécurisation à Néma, Nampala, Léré, Mondoro, Gossi, In-Tillilt, Tessit, Douentza, Tombouctou, Gao, dans un premier temps. En second lieu, il faudrait envoyer des détachements solides à Anefis, Kidal, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, Ménaka, Andéramboukane, Talataye et à Tamalet.

Notre devoir est de consentir tous les sacrifices utiles susceptibles d’extirper de ces régions, les maux qui assaillent et avilissent nos populations. Dans ce contexte non reluisant où le Mali a frôlé une partition incompréhensible, tout est anormal : ni la présidence, ni l’exécutif, ni le législatif. Le fonctionnement d’aucune administration ne pourrait être normalement régulier.

La situation est plus complexe que jamais au Nord du Mali, bien que la solution soit à portée de main. Maintenant que le MLNA apatride est défait en partie, il s’agit de trouver la voie et les voix pour faire sortir de nos villes et villages, les groupes d’AQMI et du MUJAO.

Cette mission peut être confiée à des érudits choisis et au Haut Conseil Islamique (HCI) impliquant quelques volontaires parmi les forces vives de la nation. Le président du HCI et les missionnaires désignés pourraient agir comme des administrateurs civils en discussion avec les groupes d’occupants pour négocier leur retrait total des régions occupées.
Bamako, le 3 juillet 2012
 Abdoulaye Idrissa Maïga
Citoyen de la Cité des Askia
Domicilié à Daoudabougou Bamako
.Le titre et le surtitre sont de la rédaction

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1 commentaire

  1. Voilà qui démontre clairement le probléme malien , je ne parle pas de l’article mais du manque de réaction et interet des lecteurs malien …

    si le titre était ” Libération du nord du Mali : Interrogation sur l’inaction de l’Algérie ” ou la france ou cedea ou onu …. là y aurait eu 100 bonnes réactions d’insulte et de grande théorie émise par de savants experts ..

    mais comme le titre est : ” Libération du nord du Mali : Interrogation sur l’inaction du gouvernement ” soulignant le vrai problème du mali , l’inaction et la lâcheté de ses propres fils … là vous faites l’autruche 🙄

    .. il est moins pénible voir agréable de crier a l’ennemi extérieur et de déverser ces frustrations dessus … pauvre mali meme son peuple n’a pas de cerveau logique , c’est pourquoi les barbus ont choisis le mali , et que tout le monde vous délaisse , vous n’etes pas fiable , ni logique , ni meme courageux et au train ou vont les choses cette crise vas perdurer encore longtemps tant que vous ne sortiez pas la tete du sable et mettiez le doigt sur les vrais causes de votre malheur

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