La crispation du climat socio-politique au Mali a une double portée explicative : l’insuffisance de résultat et l’absence de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat.
Si les Maliens sont assez cléments pour la première (l’insuffisance de résultat) compte tenu du climat sécuritaire, ils le sont moins avec la seconde (l’absence de transparence).
Aujourd’hui, uneétape de plus a été franchie dans l’exercice démocratique au Mali par l’exigence ferme du peuple à l’égard de leurs dirigeants de rendre compte de la gestion des affaires de l’Etat.
Cette exigence de transparence débouche aujourd’hui sur la demande parle M5-RFP au Président de la République de démissionner ; de leur rendre leur pouvoir. La raison à cette demande est claire, le Président a montré ses limites qu’en à sa capacité à gouverner le Pays, même si cela est discutable.
Cette demande du M5-RFP à donner lieu à deux manifestions le 05 et 19 Juin 2020, qui ont mobilisé de nombreux Maliens, à tel enseigne que certains observateurs et analystes politiques ont conclu sur « un manque de légitimité du Président ».
Cependant, la CFR, une deuxième contre force à la première, légaliste, accorde son soutien aux Institutions de la République même si elle ne nie pas la validité des motifs de contestation du M5-RFP.
Aujourd’hui, le débat politique est centré sur deux mots : légalité contre légitimité.
A mon sens, il y a une confusion sur le terme légitimité. Il est certes vrai que la représentativité du Président est compromise, parce que la majorité des Maliens ne se reconnaitraient plus en lui, mais sa légitimité devrait être fonction de deux éléments : la légalité et la vérité ou justice.
Un Président est légitime de par sa légalité et sa gouvernance dans la vérité ou avec justice ; la représentativité ne fait que renforcer cette légitimité. Or, aujourd’hui, la légalité du Président de la République même si elle est mise en cause du fait de la contestation des résultats des élections de 2018, peut être acceptée ; mais sa gouvernance dans la vérité, avec justice, est douteuse parce que le peuple manque totalement de visibilité sur la gestion des affaires de l’Etat. La transparence est totalement absente, d’où les accusations de corruption à ciel ouvert.
Si la représentativité conférait la légitimité, on aurait accepté de fait que Bilal Ag Achérifest légitime pour exercer ce qu’il entreprend aujourd’hui à Kidal en dépit de toute légalité.
Il ne faudrait donc pas réduire la légitimité du Président à la seule dimension de la représentativité. A mon sens, le Président de la République pour restaurer sa légitimité compromise voire sa crédibilité doit sans délai instruire ses services compétents, notamment le Ministère de la justice de ne ménager aucun effort pour que la lumière soit faite sur tous les dossiers suspicieux de corruption, notamment, la loi de programmation militaire pour laquelle un budget de 1.230 milliards a été voté pour équiper l’armée malienne dans le but d’apporter la paix et la sécurité au Mali ; l’acquisition de l’avion Présidentiel ; et l’exécution des différents rapports (BVG ; OCLEI ; CENTIF ; Pôle Economique et Financier) sur la corruption au Mali.
Il convient d’admettre que la redevabilité est un exercice difficile surtout lorsque la mauvaise gouvernance gangrène les Institutions de la République ; mais elle, combinée à une justice forte est la voie royale pour instaurer un climat de confiance entre les gouvernants et les gouvernés.
Si nous accordons du crédit à ceux qui disent que le Mali est au-dessus de tout, qu’ils sont les gardiens du temple (même si certains disent que ce temple est vide), alors nous leur demandons tout simplement de faire simplement la lumière sur leur gestion des affaires de l’Etat pour que le peuple ait accès à la vérité. Sans cela, IBK demeure illégitime aux yeux des Maliens et incompétent de par les résultats difficilement perceptibles, pour ne pas dire médiocres.
Youssouf MALLE