Lettre ouverte : Sekhou Sidi Diawara un jeune étudiant s’adresse au président de la République IBK

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Excellence monsieur le président de la République  chef de l’État,

Excellence, l’un de vos fils que je suis, étudiant de son état, ayant vécu plusieurs années au Mali dans toute sa diversité géographique et culturelle, étant profondément imprégné des problèmes que traverse notre chère patrie et appartenant à la plus basse couche sociale du point de vue économique, a décidé de briser la loi du silence pour s’adresser directement à vous,  avec la plus grande humilité et modestie.

Excellence, à l’image de l’étudiant malien, je me suis livré à cet exercice exaltant sachant bien que je n’ai aucune légitimité  du point de vue de représentativité  et aucune compétence particulière dans la gestion des affaires politiques pour m’octroyer ce droit.

J’ai simplement compris que dans un pays qui se dit « démocrate », la liberté d’opinion et d’expression est un droit pour tous les citoyens. C’est ainsi que je me suis arrosé de ce droit  pour vous exprimer, en ma manière et à partir de mon humble observation, mes sentiments sur le contexte actuel de notre pays tant déchiré par les conflits inter-ethniques du sud au nord et par la division de ceux disant favorable à la réforme constitutionnelle et ceux qui s’opposent catégoriquement à cette révision.

Excellence, j’essayerais d’être le plus concis possible dans l’espoir que vous puissiez prendre quelques minutes de votre précieux temps pour me lire.  Dans cette lettre, je ne saurais vous dire ce que vous n’aviez déjà entendu et vous  proposer une solution miraculeuse pour la résolution des crises actuelles de notre pays. Qui suis-je pour prétendre faire cela et avec quelle expérience ? La particularité de cette lettre s’inscrit dans un esprit absolument étanche aux influences pernicieuses ainsi qu’aux suggestions  dépourvues de tout mensonge et de tout intérêt politique.

Excellence, en vous, les maliens voyaient l’homme qui était capable d’alléger leur souffrance, d’essuyer les larmes des orphelins de guerres, de donner un souffle de vie aux veuves,  une bouffée d’oxygène aux jeunes qui, encore rejoignent chaque jour par milliers leur dernière demeure (l’océan atlantique), une dignité et une fierté à la hauteur de leur histoire commune comme  celle liée à l’empire du Ghana, du Songhaï et celui du Manding  etc… Mais,  quatre ans de gouvernance ont tendance à suffire une partie importante du  peuple à changer de vision et de discours car la politique pour l’honneur et pour le bonheur des maliens semble n’avoir pas retrouvé sa direction initiale. L’espoir semble se fondre en désespoir  et le peuple s’est déjà mis à la recherche et peine à retrouver  l’homme qui était reconnu par sa rigueur et son « KANKELETIGIYA ».

Excellence, comme tout  malien, je suis conscient des conditions dans lesquelles vous avez été investi à la tête de la magistrature suprême. Vous aviez hérité d’un Etat affaissé, mais dans cet affaissement, vous êtes à la foi comptable et acteur car ayant occupé les plus hautes fonctions de la sphère étatique depuis les premières heures de l’avènement de la démocratie jusqu’à aujourd’hui, vous ne saurez être présenté comme un “innocent”.

Excellence, les problèmes du contexte actuel commencent à prendre des dimensions plus inquiétantes. Notre histoire pourtant remplie de bravoure, de vaillance, d’héroïsme et des acquis sociaux tels que le dialogue, le vivre ensemble et la cohésion sociale, semblent disparaître à nos jours.  Les récents  conflits inter-ethniques entre Peulh et Dogon, entre Bamanan et Peuhl, entre Ifoghass et Imghade  sont des exemples illustratifs de la déliquescence de ces valeurs sociétales. Pour la résolution de tels conflits, vous aviez donné l’occasion aux diplomates de s’exprimer, aux militaires de développer leurs manœuvres et aux experts de toutes catégories confondues de se mettre autour de la table pour la réflexion sur les mécanismes d’une sortie de crise, mais le statu-quo pour une paix durable n’est pas promettant ou du moins tenable. Les valeurs et principes qui fondent notre pays faisant de nos autorités coutumières et traditionnelles de toutes les catégories sociales des acteurs incontournables dans la résolution de conflits car ayant plus d’influence sur les autres couches de la société toute entière, je vous propose, Excellence, pour renforcer vos stratégies de sortie de crise, d’organiser exclusivement un forum ou du moins un cadre d’échange entre toutes nos autorités coutumières et traditionnelles de tout le niveau afin qu’ils puissent, eux aussi,  interroger leur conscience, se regarder en face et regarder le Mali d’hier et celui d’aujourd’hui.  Je vous saurais développer, Excellence, les ténors et les détails de cette proposition dans une autre lettre si elle vous en serait nécessaire.

« La première conjoncture que l’on fait de la tête d’un prince, est de voir les  hommes qu’il a autour de lui. S’ils sont sages et capables, on peut se faire une bonne idée de lui. Sinon la première idée qu’il fait, il la fait dans ce choix » Nicolas Machiavel, le prince.

Excellence, par votre entourage votre pouvoir  semble devenir un mythe où chacun le manipule pour sa cause personnelle.  La vérité vous ait escamotée par les hommes de votre entourage ; elle est loin d’être  ce que vous croyez qu’elle est. Pour la lumière du jour, ils vous cajolent plus qu’ils ne vous disent la vérité devant votre responsabilité. Jamais ils ne vous informeront de ce qui se passe quotidiennement dans le Mali profond ; jamais ils ne vous diront que le pays est au bord du gouffre, que le vent de la popularité souffle en votre défaveur ; que le peuple malien porte actuellement une purulence de plaie dans son cœur et dans son âme. Excellence, jamais ils ne vous diront qu’une grande partie du peuple ne se reconnait plus en vous ; que vos communications ou cellules de communications atteignent difficilement le bas peuple ; que les maliens, à longueur de journée, s’entre-tuent, se suicident et se brûlent vif par le fait de la cherté de la vie, de l’insécurité grandissante et de manque d’initiatives et d’informations de la part de l’Etat central pour créer les conditions d’une confiance mutuelle entre frères et sœurs du même pays, pour apaiser les esprits et désarmer les cœurs.

Fort de ces tristes réalités, Excellence, je vous suggère, avec la plus grande humilité et le plus grand recul, d’aller souvent au-delà de vos traditionnelles structures de service de renseignement, d’information ou transmission d’information pour vous abreuver réellement aux  véritables réalités des maliens, être sensible à leur cri de cœur afin de leur apporter des solutions idoines.

Excellence

 

Sekhou Sidi Diawara dit serpent, étudiant en anthropologie à la faculté de Philosophie de Belgrade

 

 

 

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Bonjour mes frères , si les maliens commence à d’aimé il ne voie rient du tout ,il cherche pas connaitre ce dernier était avant , qu’est ce qu’il veux .IL faux plus fait un choix regrettable ,après dire que IBK aussi vaux mien que ce lu là

  2. Monsieur Diawara,votre lettre est un abreuvoir,c’est pourquoi j’attends sa suite relative à la proposition de sortie de crise par l’implication des autorités coutumières et traditionnelles.

  3. Concis, magnifique, pathétique et très patriotique pour un étudiant. Merci mon frère. Longue vie!

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