Lettre ouverte : Mandjan Camara lance un appel à la jeunesse africaine

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Au Nom de Dieu, le Clément, le Très Miséricordieux. Que la grâce de Dieu accompagne ses Elus et les véridiques. Louanges à Dieu Seigneur des peuples opprimés. Nous avons le plaisir d’adresser aujourd’hui ce message à la jeunesse africaine. Nous ne pensons pas parler des choses étranges, des choses que vous ignorez dans vos pays respectifs. Nous pensons seulement accomplir un devoir qui nous incombe face à notre génération. Notre seul souhait à travers cette lettre est de contribuer à l’éveil des consciences sur le continent, le berceau de l’humanité. Pour ce faire, nous irons des concepts et des événements qu’a connus, que connait encore notre continent.

Chers frères et sœurs jeunes du continent, où que vous soyez en ce moment, que le ciel vous apporte la lumière qui éclaire la voie du succès des peuples.

Chers frères et sœurs, il ne fait pas de doute que l’Afrique n’a pas encore son indépendance vis-à-vis de ses colonisateurs bien que depuis environ soixante années celle-ci ait été largement proclamée sur le continent. De plus en plus, nous nous rendons compte que cette forme proclamée ne fut qu’une formalité qui devait être concrétisée plus tard par des générations à venir. Malheureusement, ceux qui ont fait les premiers pas vers cette autonomisation du continent n’ont pas été soit compris, soit suivi de façon objective. Pour la plupart des pères des indépendances, l’objectif central était de permettre à l’Afrique de prendre peu à peu son autonomie vis-à-vis des pays colonisateurs. Cela a permis d’établir plusieurs programmes-projets sur le court, moyen et long terme. Nous citerons ici quelques-uns dont le plus important fut l’idée de l’union, de fédéralisme

Chers frères et sœurs, si nous avons encore aujourd’hui des recommandations à vous faire pour la puissance africaine, nous commencerons par vous exiger l’Unité. Nous pensons que si l’Afrique est encore à ce stade sur les différents plans de développement, c’est bien parce que tous les projets prônant l’unité des peuples du continent ont échoué d’une manière ou d’une autre. Cette division des territoires et des peuples africains aggravée par les colons a beaucoup joué en défaveur de l’Afrique. Donc, ce que nous devons admettre au préalable est notre appartenance à une même et seule patrie qu’est l’Afrique.

Cette unité ne peut être réelle que si nous nous considérons comme des frères et sœurs partageant la même terre et condamnés à vivre ensemble. Nous ne sommes que des frères et sœurs, quels que soient nos pays, nos couleurs de peau ou nos religions. C’est ce qu’il faut garder en tête partout et pour toujours. Mais comment s’accepter en tant que frères et sœurs au-delà de nos petites différences ? La meilleure option pour relever un tel défi qui semble difficile pour beaucoup consiste à porter nos regards sur nos humanités. Ah oui ! Il faut que nous nous regardions les uns les autres comme des humains avant d’être x ou y et avant d’habiter çà et là. C’est seulement l’Humanité qui peut nous amener à nous accepter à n’importe quel prix.

C’est le seul niveau où nous nous retrouvons égaux. Cette unité ne doit nullement épargner nos frères et sœurs lointains. Qu’ils soient des Amériques, d’Asie ou d’Europe voire de l’Océanie, ils doivent se voir concernés par cet appel. Un adage de chez nous dit : un seul doigt ne peut prendre une pierre. Ou cet autre qui dit : le vol d’un seul oiseau ne fait pas de bruit effrayant. Tout cela pour dire à quel point l’unité compte préalablement.

Nous devons cesser de croire à toutes ces fausses histoires qui confirment que nos ancêtres étaient des « sauvages », des « barbares » dépouillés de toute humanité. Nous devons surtout cesser d’assimiler les notions qu’on nous enseigne « ingénieusement » dans les écoles qui vont dans ce sens. Le but de ces enseignements est de nous faire accepter leurs plans de gouvernance et de domination du monde. Ils tentent de faire de nous des êtres misérables depuis la nuit des temps, nous faire croire en leur suprématie pour toujours. Autre but est de nous faire changer de vision par rapport à la vie et à l’environnement.

Ils nous font douter de nos intelligences, de nos savoirs et savoir-faire par de simples images. Ils nous diront par exemple que ne pourrons pas aller sur la lune ni construire des buildings sans eux, qu’ils ont les meilleurs plans de développement pour nous mieux que les nôtres. Mais ils ne diront jamais comment ils nous ont mis en retard, à quel point ils nous ont fait reculer par rapport au niveau où ils nous ont trouvés. Bref, ils ne parleront jamais de nos exploits.

Pour la réalisation de notre unité, nous devons aussi commencer à présent à supprimer les frontières qui nous ont été imposées. Cette suppression doit être d’abord mentale. Où que nous nous trouvons sur le continent, nous devons nous sentir à la maison. Ceux qui seront en face de nous doivent être considérés comme des frères et sœurs le plus tôt possible. Cette phase est aussi importante. On ne doit plus avoir les regards sur nos formes physiques ou sur nos habits mais plutôt sur ce qui fait notre similarité : notre couleur. La couleur de la peau assure nos ressemblances extérieures et à cela on doit ajouter nos ressemblances intérieures.

Il ne faut pas surtout considérer l’idée de notre union comme étant le moyen de se venger (le mal contre le mal) ou de se couper des autres.

Nous pensons que notre philanthropie millénaire ne nous permet pas une telle compréhension de ce sujet. Nous devons nous unir pour alléger nos souffrances afin de bondir en toute liberté et non pour nous prendre pour des maîtres du monde.

Ce qui doit suivre cette phase est l’enseignement-apprentissage ou formation-éducation. Où que nous soyons, nous devons privilégier l’éducation et la formation. Dans ce monde en pleine mutation, l’éducation reste un des moyens les plus sûrs pour notre ascension. Il est utopique aujourd’hui de croire que nous pouvons nous développer sans avoir de bon niveau dans tous les domaines scientifiques et culturels. Pour cela, nous devons nous sacrifier pour y parvenir en profitant de toutes les bonnes occasions autour de nous.

Sur cette voie, chacun, dans son domaine de compétence, doit se considérer comme un soldat dont la mission consiste à sauver tout un Peuple. Toujours dans la même dynamique, ceux qui ont le savoir doivent se mettre à la disposition de ceux qui n’en ont pas et cela sans aucune distinction de pays ou d’ethnie. Il faut donc comprendre que cela nécessite l’implication des personnes ressources de qualité avérée. Nul ne doit rester en marge de cette démarche. Elle concerne tous les Noirs de tous les états en premier lieu et tous leurs soutiens crédibles à travers le monde.

Cette démarche, qui ne doit point être prise à la légère, nous permettra d’avoir de l’équilibre dans un monde en turbulence. Elle nous permettra de nous connaître nous-mêmes, le début de toute aventure, puis de connaître les autres, indispensable à la cohésion. Nous devons être convaincus que la méconnaissance de nos capacités et de nos richesses est à la base de notre aliénation, de notre résignation. En apprenant, nous nous ferons de merveilleux chemins de réussite, peu importe le temps que cela nécessitera. Nous découvrirons nos forces et nos faiblesses face à nos adversaires pour les adapter ensuite à nos besoins.

Nous devons être sûrs, sans complaisance aucune, que nous serons ainsi capables de  bâtir pour nous un monde enviable non seulement mais aussi et surtout un monde où nous sommes en mesure de nous imposer de manière impressionnante.

Pour finir, nous devons aimer le Travail en privilégiant l’idée de concurrence partout. Le travail, après l’union et l’éducation/formation, est la dernière clef pour ouvrir définitivement les portes du bonheur.

Nous devons tous travailler de manière dure et inlassable partout où nous serons. Nous voyons bien que les deux premiers sont inutiles sans le travail. C’est par le travail que tout doit être concrétisé. Il ne sert absolument à rien de cumuler les savoirs sans pouvoir les appliquer.

Tout ce qu’on apprendra doit être applicable à la vie d’une manière ou d’une autre. C’est par le biais de l’éducation/formation que nous allons nous connaître et connaitre notre environnement, mais c’est grâce au Travail que nous pouvons en profiter, nous en servir à bon escient.

Alors le Travail est certes la dernière phase mais il n’en est pas moins important. Nous devons comprendre par Travail toutes les actions que nous sommes en mesure d’entreprendre pour aboutir à un résultat positif et encourageant. Cela s’inscrit dans la logique que nous avons tous des talents mais que nous ne pouvons pas exceller dans les domaines similaires. Donc chacun, dans un domaine qui lui convient, doit fournir des efforts pour son propre bien et celui de tous. Aucun domaine ne doit être minimisé car toutes les professions sont importantes. Nous devons plutôt avoir les yeux sur la complémentarité de nos efforts. C’est ce qui fera notre exploit.

Bamako, le 13 septembre 2021

Par M. Mandjan CAMARA, Poète, contacts : mandjan09@yahoo.fr ;

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