Lettre ouverte des jeunes au Premier Ministre : “Nous voulons aider le Mali en travaillant avec vous”

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Le Rassemblement des Jeunes du Mali est un mouvement de la jeunesse malienne, présent  dans 15 pays dans le monde. Dans une interview , dans l’Indépendant Weekend du vendredi 27 juillet 2012, le Secrétaire général de ce mouvement avait lancé un message fort au Premier ministre  de nommer les jeunes aux postes ministériels en charge de la jeunesse. Il revient cette fois avec une tribune adressée au Premier ministre, afin que les jeunes aussi puissent participer à cette transition.

Monsieur le Premier Ministre, depuis le 22 mars 2012, le Mali traverse la plus grande crise de son histoire. Cette crise politico-militaire a commencé par un coup d’Etat militaire mené par des jeunes officiers, sous-officiers  et militaires de rang. Il s’est poursuivi par l’occupation des régions du Nord du pays  par des groupes terroristes liés à la nébuleuse Al Qaïda. A la suite de ce coup d’Etat, deux fronts se sont constitués regroupant les partis politiques de notre pays. Un front anti-putsch composé des principaux partis maliens et un second front pro-putsch constitué de partis moins importants de l’échiquier national.

Grâce à une médiation de la Cedeao, une transition s’ouvre, le Président de l’Assemblée nationale devient le Président de la République par Intérim et a nommé une personne consensuelle en votre personne à la Primature. Vous avez été chargé de constituer un gouvernement d’union nationale, que vous avez constitué en avril. Ne trouvant pas ce gouvernement représentatif de la population malienne, la Cedeao vous a demandé de constituer un second gouvernement, chose faite dès le mois d’août.

Monsieur le Premier Ministre, nous avons  été surpris de constater que les principaux ministres en charge de la jeunesse, de l’enseignement et de l’emploi ainsi que leurs collaborateurs, qui travaillent directement pour la jeunesse ne sont pas des jeunes. Certains ont même l’âge de nos grands-parents : comment ces personnes peuvent-elles comprendre nos aspirations, nos rêves et notre comportement ?

Certains medias parlent d’un gouvernement avec un quota de ” 30% ” de jeunes, mais depuis quand dans un pays où  l’espérance de vie est 51ans, une personne âgée de 40ans est-elle considérée comme jeune ? Est considérée comme la Jeunesse (personnes de moins de 30ans) et cela représente 65% de la population malienne, et pourtant vous n’avez pas demandé notre avis lors des consultations que vous avez entreprises en vue de former un cabinet d’union nationale. Comment comprendre que lors de la formation d’un gouvernement composé de toutes les couches du Mali, plus de la moitié de la population n’a pas été consultée ? La jeunesse obéit à des règles et normes compréhensibles uniquement par d’autres jeunes. Vous savez, la jeunesse africaine est capable du meilleur. Abdelaziz Bouteflika que vous avez rencontré récemment peut en témoigner.  Il a été nommé dès l’âge de 26 ans ministre dans son pays et a présidé plusieurs séances de l’Assemblée Générale des Nations Unies.  Patrice Lumumba, Jerry Rawlings ou encore El Hadj Omar  Bongo  ont accédé  à des hautes fonctions alors qu’ils étaient encore des jeunes sans expérience…

Monsieur le Premier ministre, à la différence de certains, nous ne rêvons  pas d’obtenir un maroquin ministériel. Nous voulons, par contre, aider le Mali en travaillant de concert et dès maintenant avec vous et les membres du gouvernement au quotidien afin d’acquérir de l’expérience. La plupart des dirigeants de la IIIe République ne connaissaient pas la gestion des affaires publiques et ont commis des erreurs. Face aux urgences, nous n’aurons pas le temps de commettre des erreurs, demain nous aurons la responsabilité de diriger le Mali et sans expérience si aujourd’hui, nous ne pourrons rien faire.

Nous avons dénoncé la dictature de Modibo Keita, nous n’avons pas été écouté, nous avons dénoncé la répression du régime de Moussa Traoré, nous n’avons pas été écouté, nous avons dénoncé du système éducatif sous Alpha Oumar Konaré, nous n’avons pas été écouté, nous avons dénoncé la gestion d’un homme et de son clan sous Amadou Toumani Touré, nous n’avons pas été écouté. Il est temps Monsieur le Premier Ministre que vous preniez vos responsabilités et que vous nous écoutiez.

    Abdoulaye Jourdan,

Secrétaire Général Adjoint

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