Lettre ouverte d’Amady Gassama au président du Comité de Suivi des réformes des forces armées : «Je vous prie de bien vouloir faire un sursaut national»

A tous nos frères des armées, des forces de sécurité et des services paramilitaires,

Moi, Amady GASSAMA DIABY, citoyen libre et patriote de ce pays, notre patrie bien aimée, le Grand Mali, Ami et compagnon fidèle de tous le temps, des Hommes en uniforme, de l’indépendance à nos jours,

Au regard de la situation qui prévaut actuellement au sein de nos Forces Armées et de Sécurité, au regard de certains comportements individuels et de la situation générale qui prévaut dans le pays. J’en appelle à votre serment de loyauté envers la patrie, à votre serment, de donner tout notre sang s’il le faut, pour bâtir ce Mali, un pays prospère et fort.

Depuis trente cinq ans j’ai appris auprès de vous mes amis militaires, cette fraternité d’arme, ce sacerdoce du respect de la hiérarchie, en tout lieux, en tout temps et en toutes circonstances, cette franche et proche camaraderie qui rendait jaloux beaucoup de profanes de la vie des militaires. Oui, j’ai toujours vu, Grands-pères, Petits-fils et arrières Petits-fils, se côtoyer, se bizuter avec respect et considération.

Oui, j’ai vu des unités de différents corps s’affronter à la bagarre, suite à des manifestations sportives   militaires,   puis,   quelques   minutes   après,   s’embrasser   fraternellement   et cordialement avec effusion, dans une marée de rires époustouflants, suite aux coups reçus. La fraternité d’armes c’est cela, car demain, vous serez appelés à combattre côte à côte pour la patrie, ce grand MALI.

Aujourd’hui tout cela a fait place au sein de nos forces Armées et de Sécurité à une situation de décadence, qui certainement, n’est pas entièrement de votre faute.

Certes, la politique de division et d’aliénation menée contre vous et à votre détriment, par certains politiciens et leurs Partis Politiques, à partir du 26 mars 1991, nous a conduit à la situation du 22 mars 2012.

Cette politique de ces soi-disant révolutionnaires ou démocrates, dont la plupart avaient une trouille bleue des hommes en uniforme, en est la résultante inéluctable, présagée depuis des années par beaucoup de vos anciens, en activité ou à la retraite, observateurs impuissants.

Mais ce qu’ils devaient savoir et retenir, c’est qu’il n’y a pas de démocratie sans la paix et la sécurité et pas de paix et de sécurité sans une Armée forte. Aucune démocratie du monde ne peut véritablement se développer sans une armée forte, organisée, disciplinée, bien structurée et bien équipée.

Chers frères il vous revient aujourd’hui, de vous ressaisir, en réalisant un baroud d’honneur. Aux noms de tous les amis des militaires, de tous vos parents, frères et sœurs, Je vous prie de bien vouloir faire un sursaut national, en oubliant vos différents et à consolider   vos rangs. Il faut que vous trouviez définitivement une issue heureuse, à cette récente situation qui a donné l’occasion aux citoyens maliens de voir, les militaires s’affronter en armes, devant leurs femmes et enfants, au risque de  voir mourir des innocents. Malheureusement ceux qui sont morts, à tort ou à raison, ne sont plus là aujourd’hui pour justifier leurs actes.

Les cœurs de leurs parents et amis resteront toujours meurtris par leur disparition, qui certainement engendrera la haine pour très longtemps, si un sursaut national de pardon ne trouve pas son chemin dans le cœur de leurs compagnons d’armes vivants, ennemis éphémères d’un moment de folie générale.

Officiers, Sous-officiers, Hommes du Rang, mes Amis militaires, mes frères, pardonnez vous les uns les autres, pour qu’ un jour la paix, l’entente, la fraternité d’armes reviennent au galop, au sein de nos Forces de défense et de Sécurité.

Pardonnez-vous les uns,  les autres et prions ensemble pour nos morts pour qu’ils nous pardonnent eux aussi, ainsi Dieu le tout puissant et le miséricordieux   pardonnera à nous tous. De grâce, faisons table rase de ces tristes moments vécus et regardons l’avenir devant nous avec espoir et pardon dans nos cœurs.

Chers  frères  et  sœurs  des  Forces  Armées,  des  Forces  de  Sécurité  et  des  Services paramilitaires, beaucoup de Maliennes et de Maliens pensent comme moi. C’est pourquoi moi j’ai osé dire ce que beaucoup pensent tout bas, par le fait de l’amitié de toujours que je porte envers vous.

Enfin, je vous demande à vous tous militaires EN UNIFORMES DU MALI, de ne plus jamais accepter les manipulations politiques, politiciennes, syndicales ou partisanes. Veillez dans l’avenir, au respect strict des lois et règlements en vigueur au sein de nos forces armées et de Sécurité.

Pensez en tout temps et en tous lieux à la patrie, le Mali et à la Nation malienne

Amady  GASSAMA

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