Lettre ouverte aux grandes dames du Mali :Mme Lobbo Traoré, Mme le Premier ministre , Mme la ministre de la Santé, Mme la ministre de la Promotion de la femme et de l’Enfant :Cri du coeur

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Ecrire à de hautes personnalités de l’Etat est une lourde responsabilité et fait appel à un temps de réflexion dans le souci d’éviter de fâcheuses interprétations. Il ne s’agit, assurément pas d’une motion de soutien, mais plutôt de censure.

Que vous soyez aujourd’hui de hautes personnalités du pays est un fait dont je me réjoui. Mais je m’adresse particulièrement aux femmes et aux mères de familles que vous représentez tout d’abord. Ce n’est qu’après que je fais allusion à vos statuts, mesdames, mes sœurs, pour évoquer une situation qui me semble de la plus haute importance. Soyez-en convaincues, il n’est pas question pour moi ici, de féminisme. Loin s’en faut, mais d’humanisme.

Mesdames,

La question porte sur la situation de la pédiatrie au CHU Gabriel Touré. Suite à mes nombreuses visites à un proche dont le nouveau-né prématuré (hélas décédé) se trouvait là pour traitement, j’ai été témoin de scènes horribles et désespérantes. J’ai croisé des regards pitoyables de mères désespérées, de nourrissons agonisants…face au mépris et à l’humiliation du personnel soignant.

Le saviez-vous, mesdames, mes sœurs ? L’hôpital Gabriel Touré, un grand hôpital universitaire du Mali situé au cœur même de la capitale ne disposent que de cinq couveuses pour la pédiatrie.

Il arrive parfois que les prématurés soient installés à deux, trois, voire quatre dans la même couveuse. Avec ce que cela comporte en termes de risques de contamination.

Les tubes de sérum sont couverts de poussière. Des enfants malades tombent de leurs berceaux faute de barre de sécurité. Des pénuries fréquentes de médicaments et de seringues en pharmacie sont constatées. Si par chance, les produits existent, le prix est généralement hors de la portée des parents, pour la plupart démunis.

Le personnel soignant, (des stagiaires pour la plupart) n’éprouve que mépris pour eux. Ils expliquent eux-mêmes cette désinvolture par un volume de travail trop élevé et un effectif très limité. Mais à quoi servent donc ici, le serment d’Hippocrate, la conscience professionnelle, le sens du devoir, bref, l’amour de son prochain ?

Voilà, mesdames, mes sœurs, le véritable visage de la société malienne !

Est-ce pourtant une fatalité ? Non ! Les patients n’ont pas que besoin seulement de soins médicaux. Ils ont besoins de compensions, d’amour et de considération.

Convenez avec moi, mesdames, mes sœurs, que ce qui se passe à la pédiatrie du CHU Gabriel Touré, contraste avec les informations dont les médias nous abreuvent tous les jours.

Nous nous complaisons, tous les jours, à entendre que des projets à hauteur de plusieurs centaines de millions de nos francs ont été initiés et financés pour la survie des enfants maliens. Personnellement, je ne crois plus en rien après avoir vécu le drame de la pédiatrie du CHU Gabriel Touré. .

Aussi, mes sœurs, l’on apprend que beaucoup d’autres investissements sont exécutés dans le domaine de la santé. Tenez quelques uns relayés par la presse.

« En mars 2008, Son Excellence Monsieur Amadou Toumani TOURE, Président de la République, Chef de l’Etat a présidé l’inauguration du service des urgences du CHU Gabriel Touré.

« Ce projet, d’un coût original de 500 millions de francs CFA entièrement financé par la Fondation Thiam, a vu la participation de l’Etat malien à travers la mise à disposition d’une table multifonctionnelle d’un coût de 70 millions de francs CFA pour le bloc opératoire, ainsi que la prise en charge du personnel et du fonctionnement »

Ce même hôpital a reçu en 2006 de la part de la Fondation Orange Mali un Scanner d’une valeur de 354 millions de francs CFA et a mis à la disposition du nouveau service des urgences une ambulance médicalisée d’une valeur de 18 millions de francs CFA ».

Mais pourquoi, mes sœurs, rien n’est fait pour l’urgence de la pédiatrie ? Ce n’est pourtant pas la nécessité qui fait défaut au regard des résultats de cette enquête :

Une étude rétrospective sur la morbidité et la mortalité néonatale dans le service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Gabriel Touré allant du 1e janvier au 31 décembre 2003 a été menée par les docteurs M. Sylla, M. Folquet-Amorissani, A.A. Oumar, F.T. Dicko, T. Sidibé, L. Moyo, B. Togo, M.M. Keita sur les dossiers de 1805 nouveau-nés hospitalisés de 0-28 jours. Leur conclusion est la suivante : « La prise en charge de nouveau-nés malades demeure une préoccupation au service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Gabriel Touré ainsi une meilleure surveillance de l’accouchement et du nouveau-né est nécessaire et une approche globale du problème de prématurité s’impose au Mali».

Interrogeons nous, mesdames, mes sœurs, mères de famille : peut-on espérer gagner notre combat si l’avenir de notre essence même est compromis ?

Ce sont certes, mesdames, les plus démunis qui subissent de plein fouet ces carences. Pas « les riches ». Mais il s’agit sans exclusif, des nôtres, fortunés ou défavorisés.

Si rien ne change, il y aura toujours d’autres Hôpitaux GT car l’interférence d’intérêts personnels de quelques personnes se fait au profit des soins de ces bambins.

Ensemble, donnons la chance aux enfants maliens ! Je vous en conjure, mesdames, mes sœurs, mères de famille !

Madame Neimatou Naïllé Coulibaly Bathily

Une Mère de famille

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