Nous avons suivi sur les ondes de l’Office de radiotélévision du Mali (ORTM), la déclaration de protestation de l’Assemblée nationale, suite à la déclaration de M. Christophe Sivillon, représentant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Kidal, au 4ème congrès du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), tenu, en début décembre 2019.
Votre déclaration n’a pas été à la hauteur de la gravité de l’acte posé par le représentant d’une organisation internationale comme l’ONU qui prétend être présente au Mali pour l’instauration et la consolidation de la paix.
Pour la gravité des faits, le gouvernement du Mali doit demander à l’ONU le départ avec effet immédiat d’une semaine de M. Christophe Sivillon du territoire malien. Le gouvernement du Mali et ses élus à l’Assemblée nationale doivent respecter la souveraineté de leur pays.
Le président Pierre Nkurunziza avait demandé, en 2015, immédiatement le départ de l’ambassadeur de l’Union africaine (UA) accrédité dans son pays et dans les Grands Lacs, notre compatriote Boubacar Gaoussou Diarra, accusé d’ingérence politique dans son pays.
La République du Bénin vient de demander à l’Union européenne (UE) le départ de son ambassadeur M. Olivier Nette de nationalité allemande, le 04 décembre 2019: motif: ingérence dans les affaires politiques du Bénin.
Au Mali, nous n’avons entendu ni la voix du ministre de la Communication, chargé des relations avec les Institutions, Porte-parole du gouvernement du Mali, M. Yaya Sangaré; ni le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale du Mali, M. Tiébilé Dramé.
Par ailleurs, tous les Maliens ont été indignés de l’arrogance du président français, M. Emmanuel Macron, qui vient de lancer un ultimatum, intimant les cinq (05) présidents du G5 Sahel à le rencontrer, le lundi 16 décembre 2019, dans la ville française de Pau pour clarifier leurs positions sur la présence des troupes françaises sur leurs territoires.
Avant de demander aux présidents africains du G5 Sahel de préciser leurs positions, c’est à eux de demander et particulièrement le président malien, la position des politiciens français sur la question de Kidal, depuis le deal entre le MNLA et M. Nicolas Sarkozy, prédécesseur de M. François Hollande à la présidence française et concepteur de l’opération Serval au Mali, en janvier 2013. Pourquoi, le ministre français des Affaires étrangères de la France, M. Alain Juppé, avait demandé au gouvernement malien du président ATT de discuter avec le groupe rebelle du MNLA qui «vient de remporter des succès militaires ?». Pourquoi la France avait rappelé son ambassadeur en poste à Bamako, en mars 2012, M. Christian Rouyer et le remplacer par un militaire Saint-cyrien ? La France doit clarifier sa position quant aux profits tirés des succès militaires du MNLA. Pourquoi, l’ancien ministre français de la Défense, M. Jean- Yves Le Drian disait dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique, en décembre 2014, quant à la question posée à lui: «La situation à Kidal vous inquiète-t-elle?».
Réponse: «C’est un abcès de fixation. Il faut le dédramatiser. Combien y a-t-il d’habitants à Kidal ? Trente mille, sur 17 millions au Mali».
Les politiciens français doivent clarifier leurs positions quant à leur concept de la «question touareg» dont parlait son ancien ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius.
Les politiciens français doivent clarifier le rôle de la MINUSMA qui a été conçue par la France aux Nations- Unies avec son ancien ambassadeur à l’ONU, M. Gérard Arnaud, qui avait l’habitude de venir donner des injonctions au gouvernement du Mali quant au retard dans l’avancée de l’accord d’Alger.
Quelle est la position de M. Emmanuel Macron quant à la «troublante question des officiers de Barkhane !»: «Que pensez-vous de la scission du Mali réclamée par le du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ?» (Chiaka Doumbia, Le Challenger du 29 octobre 2019). D’après le journal Le Challenger, cette question a été posée par «des officiers de l’opération française Barkhane à certaines légitimités de la région de Kidal quant à leur position sur la «scission du Mali»».
Au président Macron, les soldats français sont venus au Mali pour faire la politique au service de la France politique ou pour faire la guerre pour libérer le Mali et tous les États du G5 Sahel ?
Au président Macron, les Maliens ont besoin de la clarification de vos objectifs au Sahel. Vous êtes le nouvel Hitler au Sahel ?
Au président IBK, vous avez tenu un discours, en 2015, devant M. Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans lequel vous l’avez dit ceci: «Nous ne sommes pas des gueux. M. Ladsous, nous sommes des gens de bonne compagnie.». C’est le même Ladsous qui avait taxé le Mali d’ingrat.
La France politique est toujours sur la même ligne depuis les temps immémoriaux de l’esclavage et de la colonisation. Le colonel Gustave Borgnis-Desbordes, commandant des troupes françaises à Kayes, avait dit que «l’honneur de la France est en cause et a été bafoué» quant au refus de l’Almamy Samory Touré de placer ses territoires sous le protectorat français.
Quand l’almamy Samory Touré avait appris qu’Archinard avait violé le traité de Niako, il a menacé de le rejeter. Réponse d’Archinard: «Il n’a jamais su si un roi nègre a le sens de l’honneur et de la dignité».
Le roi du Kénédougou, Babemba Traoré, a préféré la mort que la honte le 1er mai 1898, suite à la prise de Sikasso par les Français.
Il n’y a aucune différence entre M. Christophe Sivillon, représentant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Kidal et le diplomate suisse Jean-Claude Berberat, complice de la rébellion touareg et tué, en 1994, à Niafunké.
Je rappelle au gouvernement du Mali et à ses élus à l’Assemblée nationale du Mali, que l’honneur du Mali a été bafoué par le représentant de la MINUSMA à Kidal. Ce monsieur de la MINUSMA doit immédiatement être renvoyé du territoire national du Mali.
Aux députés du Mali et au gouvernement de la République du Mali, parmi les personnes les plus minables de l’humanité, il y a celles qui espèrent recevoir un bonheur d’une autre personne en laissant de côté Allah. Les Maliens sont ceux qui aiment une chose et son contraire.
Avez-vous oublié votre motion de censure d’avril 2019 pour destituer un Premier ministre ? Mais les «gueux» n’ont pas de dignité. Le Mali et les Maliens ont le devoir de s’affirmer. Ils sont ceux qui ont élu leurs représentants à l’Assemblée nationale et ils sont aussi ceux qui ont élu leur président, le 12 août 2018.
Leurs élus et leur gouvernement doivent les écouter et agir énergiquement. Le bruit de votre protestation au sein de l’Assemblée nationale à Bagadadji est moins fort que le bruit d’un tam-tam de Bagadadji. «La vie sans dignité n’a pas de sens», avait dit M. Saddam Hussein à l’ambassadeur des USA à Bagdad, en 1990.
Emmanuel Macron, par son attitude, vient de fouler au pied l’honneur et la dignité des peuples du G5 sahel.
Vive le Mali !
Yacouba ALIOU