Vous avez reçu l’exploit de réunir à Bamako, pour une journée mémorable, 1 souverain, 17 chefs d’Etat et une pléthore de délégations, quelques semaines seulement après avoir réuni, autour de votre seul nom, près de 80 % des suffrages des Maliens. Vous avez la baraka !
Auparavant, vous avez dit, la main sur le cœur, votre projet pour le Mali. Ce programme en appelle à « un homme d’expérience, qui a un sens élevé de l’Etat….pour qui la chose publique est sacrée ». Plus tard, vous avez prêté serment et délivré votre première adresse à la Nation, dont on peut retenir, entre autres, que « nul ne pourra s’enrichir de manière illicite sur le dos du Peuple Malien ». Dès lors, le 19 septembre apparaît comme un évènement test, expérimentant l’utilisation de l’argent du contribuable, avec efficacité et honnêteté.
Les Maliens appréhendaient, avec un certain agacement, votre fête du 19 septembre 2013 parce que sa facture s‘annonce salée. Ils se sont résolus à vous accompagner parce que vos invités (la communauté internationale), à qui la République doit d’exister, ont bien mérité un tapis rouge et une collation, l’espace d’un matin. Seul bémol au sauf-conduit de vos compatriotes: que la fête donne le gage du renouveau et de la refondation de l’administration.
Il semble, Monsieur le Président, que la cérémonie d’investiture du 19 septembre 2013 ne reflétât pas votre profession de foi, « nul ne pourra s’enrichir de manière illicite sur le dos du Peuple Malien ». En effet, quelqu’un s’est bien enrichi sur le dos des Maliens, dès lors que vous devez abandonner, sur le tarmac de l’aéroport, en pleine revue solennelle des troupes, votre estimé aîné Alassane Ouattara, pour sermonner, la gestuelle loquace, le service d’ordre. C’est vous qui nommez aux postes civils et militaires. C’est dire que votre employé du jour a, non seulement, empoché les ressources, mais vous a laissé le soin de faire vous-même le boulot.
Quelqu’un s’est enrichi sur le dos des Maliens, dès lors que le véhicule dont on savait, depuis de précieux jours, qu’il servirait à votre tour d’honneur, se plante et vous laisse en rade au milieu de trente mille spectateurs incrédules, de centaines de milliers de téléspectateurs, dont autant d’officiels qu’un sommet de l’UA peut rarement en réunir. Les serviteurs de l’Etat, dont vous êtes le chef, ont fait preuve de légèreté et doivent s’en repentir.
Cette succession de ratés peut faire douter les Maliens sur le bien-fondé de votre projet. Car si vous n’incarnez pas l’autorité et n’inspirez pas l’ordre à 5 mètres de vous, allez-vous pouvoir les restaurer à Tombouctou, à 818 km, à Gao, à 1207 km ou plus loin à Kidal ? Comment expliquer autrement, si les acteurs du jour avaient souci du travail bien fait, que le Ministre des Affaires Etrangères français, lui-même et bien d’autres officiels, soient abandonnés, dans la loge officielle, au seul confort de la semelle de leurs souliers, attendant que quelqu’un daigne leur céder une chaise.
Votre discours fut un moment de grande émotion et un témoignage éloquent de la célérité de vos Conseillers, à l’exploit desquels le Mali doit d’avoir évité un double incident diplomatique, si Obiang Nguéma n’avait eu droit à son mot de reconnaissance et si les hommages posthumes de la République s’étaient limitées au seul Damien Boiteux ; le Commandant en chef de l’armée tchadienne au Mali, feu Abdel Aziz Hassane Adam, est mort dans les grottes de Tegharghar. Que s’est-il passé entre la préparation du discours et la mise en place pour l’évènement ?
S’agissant singulièrement de votre hommage à sa Majesté Mohamed VI, l’auditoire aura noté avec satisfaction votre clin d’œil aux Gouliminkoye. A ce point, bien d’invités, de Tombouctou, auraient souhaité faire preuve de la même célérité que vos Conseillers, pour « orner » votre discours de toute l’influence du royaume chérifien dans la formation du tissu social de Tombouctou. Rien d’anormal à citer une famille, sauf qu’elle fait référence aux Ben Barka, vos beaux-parents par alliance. A votre très haute attention, il y a également les Tandina, venus de Tanger, les Abdarawi, de l’Oued de Dra, des Aldjoubarkoye des montagnes du Djébel et les Albassadjé, enfants et petits-enfants du Pacha.
Monsieur le Président, les Maliens reviennent de loin. En vous plébiscitant le 11 Août 2013, créant les conditions de l’acceptation du résultat par votre adversaire avec une éloquence protocolaire sans précédant, le peuple a souci que vous ne ratez pas un quinquennat qui ne vous sera, institutionnellement, pas renouvelé. Alors, qu’est-ce qu’il s’est passé le 19 septembre 2013, pour qu’autant de couacs travestissent la fête ? Est-ce que, comme des milieux proches de vous le disent, le staff du candidat continue de gérer la Présidence de la République. Pas plus tard que la transition, cela s’appelait laxisme et népotisme. Qu’en est-il dans la marche du Mali vers le renouveau du service public ? Les Maliens veulent savoir !
Bien à vous, Monsieur le Président
Abdel Kader HAIDARA
Gestionnaire des Ressources Humaines
Très bien dit, et dans quelle style !!!
Je crois que l’exemple doit surgir, sans plus tarder, en prenanat les décisions qu’il faut pour mettre les faits et les hommes à leurs places. J’ai aimé d’autant plus que vous n’incriminez pas les services compétents chargés de l’organisation des cérémonies nationales et le protocole, ca vous honore. Il est varissemblable qu’encore sous le choxc de la victoire, certains ne se sont pas rendus compte que la campagne est terminée.
Excellent papier ! Voila un journaliste qui fait honneur à la profession. Sur le fond, il faut déplorer que les choses commencent ainsi, en somme de la navigation à vue. Au chapitre des ratés, le Président Macki Sall, à l’aéroport, était visiblement agagé d’attendre son véhicule qui ne vient pas. IBK lui-même dut attendre, après le départ des Sall des précieuses secondes pour que le sortgège finisse de marteler le tapis rouge, l’aspergeant au passage de quelques poussières.
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