Malgré votre activisme personnel spontané (en apparence !) pour cette croisade contemporaine, la plus importante, la plus spectaculaire et la plus raciste entre toutes contre les Africains et Arabes immigrés en France sans motif, nous avons décidé de vous adresser cette lettre.
Tout simplement, nous valorisons à sa juste mesure la qualité exceptionnelle des rapports qui lient la France à la Mauritanie depuis plusieurs siècles et avec une intensité particulière depuis la fin du XIXe Siècle, et, aussi, nous gardons au fond de notre mémoire collective l’alliance nouée au XVIe siècle entre la France et grâce à la clairvoyance de François 1er, qui a su dépasser préjugés et passion d’une époque jugée pourtant intolérante, barbare et obscurantiste.
Les Européens vivent aujourd’hui encore dans un monde clos. C’est une situation qui ne saurait durer. Ils doivent méditer cette pensée du Président Boumedienne: «Nous pourrons, a t il écrit en 1975, chercher ensemble un nouveau style de vie qui rendrait possible l’existence de 8 milliards des êtres humajns qui peupleront le monde en l’an 2000.
Sinon, aucune de vos bombes atomiques ne pourra endiguer le flux des milliards d’hommes qui partiront un jour, de la partie méridionale et pauvre du monde, vers les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie, et ces milliards d’hommes, ne viendront pas en amis».
Certes, il n’aimait pas la France, mais il avait compris mieux que vous l’importance d’une double culture. Il a incité son peuple, en lui rendant sa langue, à continuer à apprendre le francais. Bel exempte d’intelligence politique et surtout de tolérance que vous autres Chrétiens, que vous n’avez pas fait de l’intolérance un pêché capital. Vous pouvez vous demander pourquoi, vous avez bien intérêt à suivre.
Mais qu’est-ce qui fait de vous des Français ? La religion ? Non. Les Chrétiens ne sont plus majoritaires dans l’Hexagone. L’ethnie ? Non.
Vous êtes d’origines diverses, même si vous n’aimez pas l’admettre. Beaucoup croient encore à la race française, qui n’a pourtant jamais existé. Votre pays s’est toujours enrichi d’apports ethniques divers.
Dernières arrivées : les Musulmans, Français ou non. Ils ne sont, pour l’instant, que 15 000 000, mais leur nombre ne cesse de s’accroître.
Les Israélites français pratiquants sont, eux, 1 000 000 ; les Israélites français agnostiques ou convertis, 1 600 000, souvent métissés. Ils servent la France, comme autrefois les Italiens, qui finirent par se fondre dans la masse commune, ainsi que l’avaient fait avant eux les Latins, les Francs, les Normands, les Anglais, au Nord comme au Sud, les Maures jusqu’à Poitiers. La terre de France semble mouler les hommes dans son terroir. Son sang est débile.
L’Amérique du Nord, si composite dans ses origines, est parvenue à créer une nation forte, après les massacres des natifs, et, jusqu’ici du moins, stable. Ne pourriez vous pas, vous aussi, vieux Gaulois et nouveaux immigrés, renforcer votre unité nationale à partir de vos différences ? Pourquoi ne pas accepter que nombre de vos dirigeants soient de souche étrangère récente ?
Votre véritable unité ne vient ni de votre ethnie ni de votre religion. Elle vient de votre langue. C’est elle qui forme le vrai ciment entre tous les éléments, récents ou anciens, qui composent votre pays. Il suffit donc d’une génération pour que les immigrés s’intègrent à vous, réserve faite de l’idéal religieux !
Le problème de l’immigration se pose différemment de celui des intégrations familiales. Nombre d’entre eux restent, à juste titre, attachés à leurs origines.
Vous les avez appelés pour vous aider, à vous défendre, ou pour tenir des emplois que les Français de souche ne voulaient plus assurer.
Vous n’avez donc pas le droit de les rejeter maintenant, d’autant que parmi eux beaucoup n’ont plus d’attaches dans leurs pays d’origine. Ceux de la deuxième génération, qu’ils soient enfants d’immigrés ou de couples mixtes, sont entièrement français.
Leurs grands pères sont morts pour la France, leurs fils ont travaillé pour la France, leurs petits fils ont droit au respect de leur passé familial et de leurs langues.
L’exemple de CAMUS me revient constamment : Aider ceux qui souffrent, surtout ceux qui pâtissent de notre chauvinisme mal compris. Comme le voulait LOUIS PASTEUR, je reste sensible à tout être douloureux, d’où qu’il vienne et quel qu’il soit. Il souffre, cela me suffit. «Si tu n’espères pas, tu ne rencontreras pas d’inespéré», disait déjà Héraclite.
A bon entendeur, salut».
Ahmed Bezeid Ould Beyrouck**Chroniqueur politique- BP 826 – Nouadhibou, Mauritanie – Contact : +222 643 57 75
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