Notre compatriote Fousseyni Diarra, installé à Dakar, adresse une lettre ouverte au président de la transition, Assimi Goïta. Voici l’intégralité de cette lettre.
Par la volonté de Dieu, je suis octogénaire malien de souche, de pensée, de cœur et fier de l’être.
Monsieur le Président de la transition
La répétition étant pédagogique je vous envoyais une lettre ouverte dans laquelle je disais : « La restitution des biens indument pris à la famille du défunt ATT (paix à son âme) de façon arbitraire, cynique et préméditée, le choix de ATT comme parrain de la 43éme Promotion de l’EMIA, pépinière d’excellence sont les prémices d’action d’envergure pour rétablir la justice, la reconnaissance et l’équité ADN de notre peuple longtemps bafouées. »
Dans une seconde contribution en résumé je vous disais « Le Mali souffre – Mali affamé – Mali assoiffé – Le Mali déchiré. Débusquez par vos services compétents les fonds détournés à quelque niveau que se situent les responsables de tels délits sans compromis ni compromission et retournez ces biens du peuple au peuple.
L’économie est exsangue, l’éducation à vau-l’eau, les services de santé inopérants, l’armée en difficulté faute de moyens adéquats parce que tout simplement les fonds alloués ont été détournés. Seule victime le peuple malien qui continue de faire face à l’arrogance, aux passe-droits et aux dépenses ostentatoires d’une minorité enrichie par des deniers publics dont une bonne part à travers les emplois et entreprises fictives, les contrats léonins et les mauvaises gestions.
L’amplitude exceptionnelle de ces pratiques dans tous les secteurs de l’Etat même au plus haut niveau de l’Etat sont protégées voire encouragées.
Ces délinquants inconscients plongent notre jeunesse dans le chômage, inactive, dont le nombre s’accroît chaque année sur le marché du travail sans perspective d’emploi devenant un terreau fertile pour le recrutement des groupes djihadistes et des cibles potentielles pour des trafiquants de tout genre.
L’heure est au nettoyage des écuries d’Augias suite à l’arrestation de tous ceux qui peu ou prou ont les mains sales dans la gestion de l’Etat sans injures ni chasse aux sorcières dans le respect du droit et de la légalité. Ceux qui décrient cette démarche et qui font du brouhaha ont eu à bénéficier des largesses d’une si grande prédation. Vous êtes sur la bonne voie et poursuivez votre action, c’est une demande sociale.
Monsieur le Président
Dans cette lutte contre la corruption je vous incite à être encore plus intraitable avec ceux que la providence a choisis pour vous accompagner par un comportement irréprochable et un modèle à imiter sans excès de zèle. Poursuivez sans relâche l’action entamée vous avez tout un baromètre de frustrations qui la justifie. Il y’a eu trop d’inconsistance en terme de gouvernance avec des cacophonies sans fin sans bonne gouvernance et un leadership transparent, base de confiance. Les avancées sociales et économiques sont gaspillées et du coup hypothèquent tout investissement dans cette jeunesse responsable de demain. Ce qui est injustement acquis occasionne toujours des ennuis mérités. Et c’est aussi une opportunité pour restaurer l’érosion de notre justice longtemps malmenée.
Monsieur le Président
Le M5RFT qui avec courage et détermination par une mobilisation exceptionnelle pendant des mois a identifié et exposé les maux qui gangrènent notre société au péril de leur vie, un réveil de conscience sans lequel notre pays serait tombé dans la délinquance avec comme conséquence son effondrement en tant qu’Etat. Mais surtout afin que nul n’en ignore que vous nous avez éloigné de ce spectre de mars 1991 qui fît plus de 250 morts à cause d’un pouvoir vacillant qui voulait se maintenir et un peuple déterminé qui voulait le changement.
Souvenez-vous toujours que le M5RFT fut dans cette lutte avant que vous n’y soyez et que par votre clairvoyance vous avez accompli et parachevé ce qu’il a entamé. En œuvrant en symbiose vous aurez une responsabilité historique et occasion ne pouvait être plus favorable ni moment plus propice pour écrire une des plus belles pages de notre histoire car l’histoire ne donne raison qu’à ceux qui l’ont servie avec désintéressement.
Monsieur le Président
Des grands enjeux se profilent à l’horizon :
- La fin de la transition
- Les élections
J’étais de ceux qui disaient de prendre exemple sur l’illustre ATT qui mit fin à la transition dans le délai fixé comme jamais ce ne fut le cas dans le monde, convaincu qu’il était que nul n’est indispensable dans la bonne marche d’un Etat.
Mais force est de reconnaître que 30 ans après beaucoup d’eaux a coulé sous le pont. Le djihadisme est venu, mieux organisé, des attaques et massacres n’épargnant ni militaires ni civils innocents avec leurs lots de désolation, d’exode et d’amertume rendant des parties entières du pays incontrôlable. Les facettes de la réalité du terrain dépassent les prétentions et les réalités politiques. L’assainissement de l’espace social par la lutte contre la corruption, le renforcement en qualité et en quantité de l’armement militaire me pousse à vous dire Monsieur le Président que si le diagnostic est bon le thérapeutique sera excellente car vouloir par une lettre tronquée voire biaisée minimiser la virulence et l’impact du djihadisme c’est faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle ou de cécité politique source de désordre. Tout le Mali en soutien derrière vous et les FAMAS (armée malienne).
Les élections :
Composante essentielle et incontournable dans la vie d’un peuple et rien de tel pour mettre en effervescence les parties politiques longtemps en hibernation. Commencent alors les combinaisons, les coalitions, des séries de meetings, promesses d’un bien-être du peuple vite oubliées. Transport en masse de cette jeunesse désœuvrée à coup de billets de banque, de Tee-shirt à leur effigie, des discours creux ressemblant à des « cocorico ». Qu’ont-ils fait pour la jeunesse de leur parti respectif, frange la plus fragile et la plus vulnérable de notre société pour la sensibiliser sur la situation sécuritaire et les dangers de l’immigration à travers des meetings ou des caravanes ou le civisme et le patriotisme doivent être les maîtres mots face aux dangers qui menacent l’existence de leur pays en tant qu’Etat. La jeunesse malienne a payé un lourd tribut pendant les différentes péripéties de notre histoire. Pourquoi ces partis prêts à recueillir les suffrages des maliens n’ont pas fait voter des lois par leurs députés pour instaurer un service militaire obligatoire, afin de renforcer les FAMAS en cette période de crise au lieu de la laisser tenter une aventure de l’immigration par vagues successives pour nourrir les poissons des mers, vivre la noire accolade de la solitude dans des prisons sordides, ou engraisser les vautours du désert ou tout simplement transformée en dealers de drogue après une captivité avilissante. Ils veulent des élections, des élections uniquement dans les zones urbaines sécurisées au détriment du reste du pays. Il n’y a pas des maliens entièrement à part et des maliens à part entière.
Quelle valeur à donner à une telle élection qui désacralise nos institutions. Quelle lecture à faire de l’unité et de l’indivisibilité de notre pays et quelle incidence sur la démocratie du reste devenue un phénomène de mode. Un autre risque serait qu’un aventurier avec son matelas de milliards soit élu et nous ramène à la case de départ.
L’image souriante de notre Soumaïla CISSE national est encore vivace. Nationaliste fervent homme de conviction il fut kidnappé et retenu en otage pendant des mois lors de la précédente campagne présidentielle.
En terme de priorité, ces élections n’en sont pas une.
Mais comme disait l’autre « c’est dans les eaux troubles que les pêcheurs en eau trouble pêchent. C’est pourquoi ils troublent l’eau pour y pêcher ».
Monsieur le Président
Permettez que je m’adresse à mes parents maliens dans cette lettre qui vous est destinée.
Frères – Sœurs – Fils et Petits-fils
Nous sommes dans un bateau qui vogue insidieusement dans l’épais brouillard d’une crise sur une mer agitée qu’est devenu notre pays et notre chant doit être désormais s’unir avant que ne se creuse l’abîme qui nous ensevelira.
Ne laissons pas la passion prendre le dessus dans ces heures graves sur la raison et l’égo nous aveugler au risque de voir détruit tout ce que nous avons construit Le Mali ne mérite pas ça.
Comme disent les vieux sages « si tu empruntes le chemin je m’en fous, il te mènera au village de si je savais » Que Dieu nous préserve de cela.
Au vu de tout ce qui précède
Monsieur le Président
De plus en plus des voix s’élèvent en accord et harmonie avec l’argumentaire développé ci-dessus c’est pourquoi une assise de très courte durée regroupant le M5RFT, les religieux, la société civile peut être organisée afin d’aboutir à un large consensus autour des trois (03) points essentiels :
- La prolongation de la transition
- Le report des élections
- Service militaire obligatoire de tous ceux qui sont en âge d’être enrôlés dans les FAMAS.
Informer avec célérité la CEDEAO du résultat du consensus trouvé elle qui est si prompte à prendre des sanctions en oubliant du coup qu’elle est d’abord et avant tout la CEDEAO des peuples.
Monsieur le Président
L’homme d’Etat est celui qui fait face à la bourrasque, à l’orage pour imposer l’unité nationale et l’autorité de l’Etat républicain, la réorganisation des forces de défense et de sécurité et leur modernisation afin de sauver l’honneur de la patrie souillée.
Courage Monsieur le Président,
Le Mali est UN. Le Mali est LAÏQUE. Le Mali est INDIVISIBLE.
Que Dieu protège et bénisse le Mali.
Fousseyni DIARRA
Pilote, Commandant de Bord à la retraite
Cité SICA – FASS MBAO – Dakar – Sénégal
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Le boulot d’une transition n’est pas de résoudre les problèmes de fond du Mali (les instances oui, mais pas des projets réalisables à long terme), une transition c’est seulement d’organiser des élections crédibles, apaisées, transparentes et rendre le tablier à une autorité légale et légitime le plus vite possible. Tout autre motif qu’une transition se donnerait autre que ce qui vient d’être cité n’est que fourberie. Si Assimi et Choguel veulent la paix pour se pays, qu’ils n’essayent pas d’entrer dans les combines qui ne feront que nous précipiter dans le trou que nos ennemis ont creusé pour nous.
J’ai lu avec attention la litanie de bonnes intentions et de vœux pieux de M. Diarra mais je m’insurge à faux contre ses priorités. En effet, le consensus dont il parle pour prolonger la transition n’est pas possible car tronqué d’avance par les maitres du jour. Par ailleurs croire en un homme providentiel pour guider la destinée d’un peuple est une illusion autant fallacieuse que dangereuse. L’actuel attelage au pouvoir n’est ni légal (inconstitutionnel) ni légitime et vouloir pérenniser un tel pouvoir c’est donner carte blanche à d’autres coups d’état et au massacre de notre constitution. Nous, nous sommes au Mali et nous savons que ceux qui sont au pouvoir sont loin d’être des saints car ils usent et abusent de leurs “prérogatives” pour s’arroser les mêmes avantages que nous avons décrié au temps du mandé mansa. Ces quelques actions d’éclats ne sont que du saupoudrage; la vrai rupture viendra avec la légalité, la légitimité et l’exemplarité. Souffrez en M Diarra c’est loin d’être le cas aujourd’ hui c’est pourquoi je crois que votre lettre est inopportune et sans objet.je le dis et je répète; c’est le respect du principe démocratique qui sauvera le Mali et non les personnes providentielles autoproclamées
Monsieur Fousseyni DIARRA est un grand visionnaire. Il connait et aime le Mali. On le sent à travers ses textes. Un vrai malien restera un malien, quel que soit son lieu ou son pays de résidence. Fousseyni réside à Dakar mais son cœur se trouve au Mali. Merci cher Diarra pour tous les conseils bien pensés que vous ne cessez de donner aux dirigeants et au peuple maliens. Je pense exactement comme vous. Pas d’élections bâclées pour faire plaisir à qui que se soit. Les élections ne seront jamais propres et non contestées si elles ne sont pas bien préparées et bien organisées. Chers dirigeants de la transition, prenez le temps qu’il faut pour arriver à cette fin. Je me demande si la CEDEAO réfléchit réellement aux problèmes complexes du Mali sinon elle n’allait pas nous imposer une échéance. Messieurs de la CEDEAO, foutez- nous la paix. Le cas guinéen est aussi sous vos pattes. Vive le Mali à jamais.
Félicitations GORGUI N’DIAYE !!!!!!!
Vive le Mali.
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