Les sociétés civiles africaines plus puissantes que les formations politiques

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Salif Ouattara

La « Société civile » burkinabè vient de démontrer qu’elle était plus puissante que la classe politique (comme cela semble être le cas, de nos jours, dans la plupart des pays africains). Elle l’a démontré en réussissant à dégager le tyran COMPAORÉ et surtout en obtenant la tête de M. le Ministre de la culture du gouvernement de transition, au moment même où la classe politique était déjà passée à autre chose (les manœuvres pour accéder à la magistrature suprême ou du moins pour se positionner aux côtés de ceux qui sont susceptibles d’y accéder !).

Ainsi, il n’est pas inutile de rappeler que la société africaine, à l’instar des autres sociétés à travers le monde, est organisée en catégorie socio-professionnelles. Si les unes ont pour vocation la direction de la vie la nation (Partis politiques), d’autres s’intéressent plutôt à la vie communautaire quotidienne et généralement locale (la « Société civile »); mais aussi il revient à certains de faire sienne la mission consistant dans la sécurisation de la communauté et de la vie communautaire (les militaires et les paramilitaires).

Dans cette optique, la « Société civile » qui est ou est censée être l’organisation suprême de toutes les composantes de la communauté économique, sociale et culturelle d’un pays, connaît de nos jours, en Afrique, un certain essor. Son poids, dans la vie de nos nations n’est plus à démontrer.

Ainsi, comment pourrions-nous expliquer cet essor ? Quelle implication pourrait-il avoir sur la vie de nos nations ? Quelle place devaient-elles normalement occupée ?

Voici quelques interrogations qui, devraient préoccuper plus d’un, et qui retiendront toute notre attention le long de cet article.

D’emblée, louons le courage de ces femmes et ces hommes qui bravent la toute-puissance des autorités installées depuis belle lurette ! Ils le font souvent au risque d’y laisser leur vie si ce n’est déjà le cas (rendons hommage au passage à tous nos martyrs!). C’est tout à leur honneur, de faire sien le combat de la recherche de la liberté, de la dignité de nos peuples qui croupissent sous le joug d’Hommes qui finalement n’ont d’autres soucis que la pérennisation de leur règne au sein de la nation !

Cette Société civile est à saluer au Sénégal pour le rôle qu’elle a joué dans la concrétisation de l’alternance démocratique ; elle est à saluer au Burkina-Faso pour avoir réussi à mettre fin à un des régimes les plus sataniques de la planète ; elle est à saluer au Mali pour le rôle de garde-fou qu’elle est en train de jouer dans la gestion quotidienne des affaires publiques.

Mieux, beaucoup d’autres Sociétés civiles de moult pays africains sont à saluer pour ce qu’elles sont en train d’envisager et qu’elles réussiront sans doute comme ce fut le cas chez les descendants de « Môrô Naba » qui ont réussi à renverser le régime mais aussi à s’imposer dans la composition du gouvernement ; d’où l’extirpation du Ministre de la culture liée à leur lobbying sur les autorités de la transition, du gouvernement! BRAVO A CETTE VAILLANTE SOCIETE CIVILE et non à cette armée qui ne fait que contribuer au maintien des tyrans dans ces pays spoliés par des dictatures impitoyables ! BRAVO A CETTE VAILLANTE SOCIETE CIVILE et non à cette classe politique qui, au vu et au su de tout le monde a « rendu sa démission » dans la défense des intérêts de la nation mais non de l’intérêt personnel de ses membres. Heureusement qu’il y’a une Société civile qui met «  la main dans la patte » à leur place !

Toutefois, une telle Société civile devrait-elle exister en l’état en démocratie ? La réponse est non dans la mesure où elle se retrouve à mener des activités qui ne sont pas de son ressort notamment des activités politique. La Société civile devrait juste s’atteler à l’éveil des consciences, en éclaireur, en contre-pouvoir sans pour autant militer comme si elle était une organisation politique. Comment comprendre par exemple qu’un membre « influant » de la Société civile malienne en l’occurrence le Président de l’association des jeunes musulmans, prétende désormais faire le tour des institutions nationales et internationales pour représenter les autorités politiques et administratives du pays !

En outre, la Société civile ne doit pas être politisée ; la politisation de nos Sociétés civiles engendrerait finalement un « tohu bohu » qui ferait qu’on aurait du mal à distinguer entre le politique et le non politique, le militaire et le politique, la Société civile et le militaire ; donc une anarchie absolue.

Que faudrait-il faire pour remédier à cette situation qui n’augure en rien un avenir radieux pour nos pays ?

Il faudrait à mon sens, que chaque composante de la société se tienne à son rôle. Que le politique s’assume en ne s’alliant pas aveuglement aux religieux par exemple au point de mettre en danger le modèle laïc de nos Etats ; qu’il s’assume en s’appropriant la vie publique de nos nations ; qu’il ne « tombe pas dans la facilité » en n’étant qu’aux aguets de postes au détriment de ses convictions s’il en a bien sûr ! Il faudrait que le militaire se tienne hors de la politique ; que les religieux ou même tels ou tels ordre professionnel ne se mêle de la politique mais seulement s’attèle à la défense des intérêts de son corps de métier.

Toutefois, s’ils désirent militer politiquement, qu’ils le fassent « à visage découvert » puisqu’ils en ont droit en tant que citoyens comme tous les autres. Ce qui serait dérangeant, c’est qu’on « mêle les pinceaux » en cherchant à faire tout et son contraire !

Pour finir, osons espérer que le politique fasse convenablement le job, ce qui serait synonyme de régulation des maux de notre société !

     Salif OUATTARA

     Doctorant en Droit Privé

Université de Reims Champagne-Ardenne pour Maliweb.net

 

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4 COMMENTAIRES

  1. je ne peux qu'avoir de la chair de poule en lisant ta publication de taille mon cher élève ce n'est pas étonnant de ta part. ton maître Mr Mamadou KONE conseiller pédagogique à la retraite à Bougouni

  2. Le grand mal de l'heure actuelle est que l égocentrisme enfreint gravement à la sortie de crise ce qui fait, à mon avis, que les sociétés civiles jouent d une part les rôles qui sont les leurs et, d autres parts les rôles des classes politiques car le souci des politiques africains est ni plus ni moins de s enrichir personnellement et cela même au prix de la nation.

  3. Un magistrat, Dramane Diarra (ancien Juge de Ouéléssébougou), a initié trois procédures judiciaires différentes et farfelues, pour abattre le réseau Apem. Son beau-père en la personne du magistrat Toubaye Koné, Président du tribunal de la commune IV a été mis à contribution.
    Le Réseau ONG d’appui au processus électoral au Mali (réseau Apem) est cette entité de la société civile malienne, qui a accomplit des prouesses dans l’accompagnement de l’élection présidentielle et des élections législatives de 2013 au Mali.
    Qui ne se souvient du tribunal de la Commune IV qui a abrité un jugement extraordinaire, dans l’affaire de Kalabambougou, orchestré par le ministre de la justice, garde des sceaux. Mieux, qui ne se rappelle la grève avortée des deux syndicats de magistrats : Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA), lors de l’arrestation de certains juges par le ministre Bathily.
    A l’époque des faits, Toubaye Koné était le président du SYLIMA. Me Bathily s’est appuyé sur lui pour faire avorter la grève contre le Gouvernement ; au détriment de ses collègues juges qui l’ont déposé par la suite de la tête du SYLIMA.
    A la suite de Toubaye Koné, il y a aussi le juge Issa Traoré, Président du SAM, qui a été recruté. Il avait aidé Toubaye Koné dans l’échec de la grève des magistrats. Il a été mis à contribution pour envoyer deux juges détruire le réseau Apem. Il s’agit de Ibrahima Berthé, magistrat, et de Cheick Mohamed Chérif Koné, magistrat, avocat général près la Cour suprême.
    Voyez-vous, le droit est enterré. On ne se soucie pas de servir. Où est la justice qui doit être dispensée au seul profit des citoyennes et des citoyens du Mali, quand les magistrats eux-mêmes usent de leur pouvoir judiciaire pour opérer des holdup ?
    C’est en partie en direction de ce type de magistrats que s’est adressé le nouveau président du SYLIMA Adama Yoro Sidibé, le 9 novembre 2014, dans son « Appel des magistrats contre le ministre de la Justice ». Là aussi, le président du SAM s’est précipité sur les antennes de la télévision nationale du Mali, pour désavouer le SYLIMA.
    L’article 29 du Code de procédure civile dit que si un magistrat ou un auxiliaire de justice est impliqué dans une affaire judiciaire, c’est le 1er président de la Cour d’appel qui doit être saisi pour désigner la juridiction qui va statuer sur la dite affaire. Le juge Toubaye Koné a mis cette disposition légale dans sa poche, quand bien même le bureau de Dramane Diarra est truffé de magistrats et d’un avocat. Le juge Toubaye Koné a estimé que cela ne le concerne pas, parce que bénéficiant de la haute protection du numéro 2 du Gouvernement.
    Voyez-vous des fonctionnaires de l’Etat malien, passant tous à la caisse de la République à chaque fin du mois, se transforment en animateurs de la société civile, sous l’œil condescendant du Gouvernement.
    Le Ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me Mohamed Ali Bathily a été informé, le 17 février 2014. Rien. Le premier président de la Cour d’appel, Moussa Sara Diallo, qui a résisté aux assauts de la mafia, a été relevé de ses fonctions. Les autres juges, membres de la mafia, ont eu des promotions. Au lieu de les déshabiller tout simplement, comme cela se fait dans tout Etat de droit digne de ce nom !
    Le Premier ministre, chef du gouvernement, Moussa Mara a été, lui aussi, informé le 3 juin 2014. Et puis, rien. Lui, auparavant, si prompt à répondre aux lettres à lui adressées, demeure sourd, aveugle et muet.
    C’est ce qu’on appelle meurtre entre petits copains et petits coquins. Des hommes qui se comparent au Bon Dieu et qui défient Allah.

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