Dans le syndicalisme international, nous avons entrepris de prendre contact avec les dirigeants syndicaux, de la base au sommet, pour comprendre les origines de leur brouille avec le Premier ministre, si l’on considère le rôle que joue la Centrale Historique du Mali dans la réussite de la Transition
- La lettre de l’U.N.T.M au Premier ministre, dont une large ampliation a été faite «ne peut faire l’objet : d’élucubrations intellectuelles tendant à imputer à la Centrale Historique des velléités de déstabilisation de la transition, ou un manque de respect, des injures à son destinataire».
En effet l’U.N.T.M, outre la conviction qu’elle est dans son rôle, apparait depuis fort longtemps comme un des piliers muets du régime de la transition qu’elle est la première à qualifier de «rectification» au lieu de putsch. Mais elle serait un mal aimé, un floué au profit de certaines organisations créées dès l’aube de la démocratie pour certaines, et pour d’autres après que différents gouvernements, mis dans l’embarras par des cahiers de doléances eurent entrepris d’émietter le front de lutte syndicale.
Ils auraient compté sur des personnes, d’anciens responsables syndicaux sans l’envergure, sans aucun idéal, aucune connaissance des valeurs du syndicalisme, du sens de l’abnégation, du sacrifice pour la justice sociale, la solidarité, le bénévolat, disent les anciens de la Centrale.
Ceux-là serait entrés dans des intrigues pour des postes ministériels, pour d’autres charges à forte capacité d’enrichissement personnel, quand l’U.N.T.M, depuis Mars 1991, en syndicat du peuple, dédié aux intérêts des seuls travailleurs partie intégrante du peuple, aurait décliné les offres d’être au C.N.T, d’occuper des portefeuilles ministériels, pour ne pas être juge et partie, tout en accompagnant la transitions dans le silence et la dignité des serviteurs d’une cause noble, affirment ses bases et leurs dirigeants.
Quand le premier attelage de la transition tendait vers l’abandon des attentes du peuple et du M5-RFP, elle a été la première organisation au plan national, à lancer l’alerte pour un recentrage de l’équipe dirigeante. Quand les nostalgiques de l’ère coloniale dans le gouvernement français foulaient au pied la souveraineté du Mali, insultaient même les compatriotes à la tête du pays, voulus par le peuple, c’est elle encore qui dans une déclaration célèbre en date du 23 septembre 2021 a remis la classe dirigeante française dans ses bottes, s’enorgueillissent ses bases
Toujours disponible, pour la première fois dans l’histoire, elle a accepté de prendre la tête du Conseil Economique, Social et Culturel (C.E.S.C), à la demande de plusieurs associations pendant que les syndicats fantoches soutenus par d’anciens ministres, dont l’actuel Premier ministre, convoitaient cette représentativité dans la méconnaissance des textes internationaux régissant partout dans le monde, le mouvement syndical.
Alors les plateaux de télévision, de radios de proximité ont été envahis par tantôt des Docteurs, en ceci et en cela, des Professeurs en ceci et en cela, des analystes politiques, des spécialistes de mouvements sociaux, tous ignorant les rudiments du droit syndical et de la liberté syndicale, écornant l’U.N.T.M, ternissant son image.
Sans jamais insulter, mépriser qui que ce soit, elle a toujours invité ceux qui se hasardaient à parler du syndicalisme, de se donner la peine de s’informer, de se documenter.
La goutte a débordé le vase quand le Premier Ministre et ses hommes auraient exclu l’U.N.T.M des ANR, et pire auraient écarté le C.E.S.C, une institution, pour faire mal à son Président, non moins Secrétaire Général de la Centrale Historique.
Dans les débats on a vu les proches du Premier Ministre en queue leu-leu au micro, venir exiger la dissolution pure et simple du CESC, qui existe dans le monde actuel : ONU-UE-UA-CEDEAO-UEMOA, et les organisations continentales d’Amérique latine, d’Asie, d’Australie. L’illustration de l’implication, de la participation à la démocratie, au développement des employeurs et des salariés à travers leurs syndicats le plus représentatif, est jugée à travers le Conseil Economique, Social et Culturel.
La cause de sa dissolution au Mali ? On n’aurait pas pu faire admettre d’autres syndicats. Dès lors, aucune lettre, aucune demande d’audience, aucun coup de fil de l’U.N.T.M, de ses membres nationaux n’auraient reçu aucune suite favorable, aucune réponse.
Mieux on leur disait de passer par d’autres voies.
Ainsi, pensant que le SNEC est la locomotive de la Centrale, sous la houlette du Premier Ministre on lui refusa l’intégration pure et simple dans la fonction publique de toutes les catégories d’enseignants comme cela s’est passé en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Benin, au Burkina Faso.
Quand la Ministre Racky DIARRA Talla a déposé des textes allant dans le sens d’une intégration valorisante de tous les contractuels et conventionnaires, avec l’appui de l’U.N.T.M, les mêmes opposants à la Centrale Historique ont bloqué le projet au Secrétariat Général du Gouvernement. Faire du mal au Secrétaire Général et à l’U.N.T.M serait un grand plaisir pour le Premier ministre comme l’auraient témoigné certains de son entourage.
Comment comprendre que la tentative de boycott des examens scolaires en 2021 combattue par le SNEC et le secteur Privé de l’Education, au lieu d’une reconnaissance, a valu au SNEC, lors d’une rencontre de la Ministre exaltée par l’appui du Premier Ministre, de dire au milieu des responsables syndicaux rivaux que le boycott qu’ils avaient programmé, aurait réussi sans l’activisme du Secrétaire Général du SNEC et de son Bureau.
Comme prime à l’échec de la tentative de boycott des examens, en accord avec le Premier ministre, une quarantaine de CV était demandés à ces responsables pour des nominations comme DCAP.
En revanche ont été relevés ceux qui ont suivi le SNEC, remplacés par des membres de la SYNERGIE actifs dans le boycott programmé. Le S.N.E.C, invité à déposer deux (02) CV seulement, a préféré par mépris, déposer les dossiers de deux enseignants qui méritaient depuis longtemps d’être promus à ce poste, quoique membres mais très objectifs, de SYNERGIE.
Ce qui semble avoir déterminé l’U.N.T.M à dire ses quatre vérités au Premier Ministre, serait ce qu’on lui reproche le plus. Nombre de membres du gouvernement ne sont plus à l’aise dans leurs relations avec un homme qui s’accaparerait de tout, dénuderait les Ministres de leurs missions et prorogatives, y compris souvent le brillant Ministre des Affaire Etrangers Abdoulaye DIOP.
Cela ressemblait à un embryon de pouvoir absolu dont il s’est déclaré un héritier au Mali.
Cela peut passer ailleurs. Mais lorsqu’il y a des revendications qui datent des années 80 et qui ont fait l’objet d’accord entre l’U.N.T.M et le Gouvernement par le truchement du Ministère du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, du ministère de l’Economie et des Finances etc. bloquer la mise en œuvre de toute ou partie de ces Accords, pouvait paraitre dangereux de la part d’un Premier ministre qui est considéré comme adepte des méthodes et stratégies du Général Président feu Moussa TRAORE et son parti unique et constitutionnel selon de nombreux syndicalistes (anciens et actuels).
Cela veut dire qu’il a pour modèle un sanguinaire : le carré des martyrs, le monument Abdoul Karim Camara dit Cabral, le cimetière de Taoudéni, ceux de Kayes, de Mopti où il ya tout au moins le corps d’un étudiant tombé sous les balles du régime militaro technocratique de l’U.D.P.M prouvent les flots de sang qui ont accompagné l’exercice du pouvoir absolu de cet homme.
C’est donc en se déclarant héritier de la mare de sang du vendredi noir du 22 Mars 1991, alors que l’U.N.T.M, qu’on le veuille ou non, est l’unique initiatrice de l’insurrection populaire ayant conduit à la chute de la dictature avec l’A.E.E.M de Oumar Mariko, plus rien ne pouvait instaurer un climat de bonne intelligence dans ses rapports avec le Premier Ministre, non moins fondateur du MPR ayant comme symbole un félin, le tigre comme le lion debout de l’U.D.P.M.
Les attaques contre la révolution démocratique de Mars 1991 que la classe politique et démocratique reprochait au Premier ministre, semblent être le casus-belli entre lui et l’U.N.T.M, aggravé par les accords non appliqués.
Les visites dans les familles des anciens Présidents à l’issue du ramadan ne visent qu’une chose : Rendre propre, fréquentable la famille du dictateur comme beaucoup le pensent à l’U.N.T.M : d’où la ligne rouge qui mise à la lettre envoyée le 06 Mai 2022. Plus de négationnisme contre la révolution du 26 Mars.
Telle est l’analyse à faire des origines, des dessous d’une rupture entre la Centrale Historique du Mali et le Premier ministre. Il ne s’agit pas d’une remise en cause de la transition, dont l’U.N.T.M est vue actrice inconditionnelle pour l’émergence du Mali Nouveau. Mais les brouilles politiques, telles qu’exposées, par les syndicalistes dénotent d’une volonté de mise au pas, de cassure, de l’image de l’U.N.T.M. Anciens et actuels syndicalistes s’accordent sur l’intransigeance dans la défense des intérêts des travailleurs qui doit rester totale.
Mais en plus des augmentations de salaires liées à l’amélioration des grilles indiciaires de tous les fonctionnaires, en plus de la prise en compte des contractuels et conventionnaires dans cette amélioration, que reste-t-il des accords ?
Sur trente-quatre (34) accords signés, sept (07) seulement seraient respectés. Pour autant, l’U.N.T.M a suspendu volontairement le 20 Mai 2020 sa grève illimitée pour éviter le chaos au pays. Son soutien a été total, surtout après les sanctions injustes, illégitimes et illégales de l’UEMOA et de la CEDEAO, estiment les syndicalistes.
Les Accords Non Appliqués
-La situation des primes et indemnités sur lesquelles Syndicat-Gouvernement s’accordent sur la grande disparité entre fonctionnaires du même pays,
-Le non-paiement des droits des compressés,
-Le manque de gestion de la situation des retraités par anticipation.
Ces deux derniers points relèvent des réformes avec le FMI et la Banque Mondiale, BDM-OPAM-SOMIEX ne sont même pas traités,
-La non relecture du Décret n°2011-051/P-RM du 10 Février 2011 dont la révisons était prévue pour le 31 Août 2021,
-Le refus d’intégration dans la Fonction Publique des enseignants en vue de revaloriser l’école Malienne, pépinière du développement national,
-Le recrutement de 23000 jeunes dans la Fonction Publique, au lieu de 860 environ dont les concours sont frappés de nombreuses incongruités,
-La situation des conventionnaires de l’Etat,
-L’organisation des examens et concours de recrutement dans la fonction publique par le Ministère du travail et de la Fonction Publique,
-La régularisation des enseignants numéro matricule 100,
-La libération des domaines de l’IER et de l’ORTM,
-La création des cadres de relecture des conventions collective obsolètes ou à réviser,
-La suppression des Bureaux de Placement Privés,
-Le maintien de l’UMPP dans le portefeuille de l’Etat,
-L’application des textes révisés sur l’OCLEI,
-L’indemnisation des victimes,
-Le bilan de la privatisation au Mali,
-La révision des contrats miniers,
-La règlementation de l’orpaillage au Mali,
-La relance du chemin de fer,
-La cherté de vie et la maîtrise des denrées de 1ère nécessité etc.
Au terme des discussions, pour savoir ce que l’U.N.T.M compte faire, anciens et actuels responsables, félicitent et encouragent le Bureau Exécutif et son Secrétaire Général, Yacouba KATILE pour leur franchise, leur courage à défendre leur vison quand les relations professionnelles ne sont plus ni équitables, ni franches.
Mais nous pensons qu’on est en présence d’une brouille opposant deux personnes qui, tout en se ressemblant, ont des différences de caractères dont il faut tenir compte dans l’analyse des causes de cette brouille.
Tous les deux ont à cœur de réussir la mission qui est la leur dans le mandat, dans la responsabilité qui leur sont confiés.
Autant le Premier Ministre est reconnu pour être un bourreau du travail autant le Secrétaire Général de l’U.N.T.M, Président du C.E.S.C est retenu au plan international et national comme un acharné à relever les grands défis devant la charge.
En conséquence tous les deux incarnent les vertus de patriotisme, que les Maliens aiment sentir en leurs dirigeants.
Yacouba KATILE diffère du Premier ministre par l’extrême pondération, l’extrême déférence, la patience qu’il met avant de s’engager dans une cause. Quand il le fait, plus rien ne l’arrête.
Le Premier Ministre au contraire est volubile, souvent agressif sans tomber cependant dans la vulgarité de gestes, de paroles. Ils peuvent se compléter.
Il reste qu’au-delà du Premier Ministre, les dirigeants Maliens apprennent à apprécier du continent lors des grandes rencontres internationales tout le monde gagnerait à une collaboration franche, directe respectueuse des obligations réciproques qui peuvent les opposer.
Abdoulaye MAÏGA
Enseignant à la Retraite
Lafiabougou – Taliko
Du temps de IBK, on a jamais entendu une quelconque “brouille entre le premier ministre et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM)”, la brouille était toujours entre le président de la république et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Pourquoi ce n’est pas le cas cette fois-ci avec Choguel? Oubien l’UNTM sait que Assimi ne blague pas et c’est à cause de cela qu’on ne dit pas son nom?
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