Les politiciens… et la Politique

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 La psychologie nous enseigne que les mots n’ont pas la même signification pour tout le monde. Selon les époques ou les terroirs, les sensibilités ou le degré de lumière atteint, le sens d’un mot varie. Naturellement, les mots traduisent une pensée donc un concept selon le contexte et selon les cultures.

Et quand le concept est erroné parce qu’inadéquatement transposé, la pensée devient sibylline. La démocratie, avant qu’elle ne soit aussi inclusive comme elle l’est aujourd’hui, était l’affaire exclusive d’une classe. A cette époque, tout le monde n’était pas citoyen. Ainsi donc, ce concept démocratique excluait de fait ceux qui n’étaient pas vu au rang d’homme ou au rang de citoyen. Cette lecture des choses avait permis l’exclusion de personnes selon leur race, leur classe et selon leur genre.  Bien ! L’ensemble des cultes ou des pratiques culturelles propres à une civilisation s’appelait : la Religion. Aujourd’hui, le sens est ce que vous savez tous. Voyez, la langue n’est pas seulement un véhicule de communication mais l’âme d’un peuple, l’engin d’une culture.

   Un de nos aînés nous a très souvent affirmé que la politique est un jeu de mensonges. Mais après moult réflexions, nous avions cru bon de compléter sa pensée en ajoutant ceci : …mais il n’est pas permis à tous les menteurs de le faire ou de la faire selon qu’il s’agisse du jeu ou de la politique. En effet, pour une certaine catégorie d’africain et pour bien d’autres ailleurs, un politicien (le concept étant dilué), est un homme amoral et immoral, corrupteur et corruptible, roublard à souhait, chevalier d’industrie, etc. Toutes ces combinaisons étant des antivaleurs religieuses donc, une personne sans foi, l’antéchrist ou le « kafr ». Malheureusement les politiciens professionnels ne font rien pour dédire ces appréhensions fondées ou non dans certains cas. D’où, la question qui nous vient naturellement à l’esprit :

 Qu’est ce que la politique ?

    Etymologiquement, c’est la gestion et l’organisation de la société. Nous le savions depuis la Grèce Antique que c’est la science des affaires de la cité. Cette cité là est la Cité Etat de laquelle découle la notion de gouvernement.

Plaise aux doués d’intelligences de nous apprendre qu’au sens large, celui de la civilité ou Politikos, il désigne le cadre général d’une société organisée et développée.

Dans son acception le plus noble Politeia (constitution), il concerne la structure et le fonctionnement d’une communauté, d’un groupe social, etc. il se rapporte à l’équilibre et au bien être de cette société, ses rapports internes et ses relations avec d’autres ensembles ; donc, ce qui a trait au collectif, à une somme d’individualité et à une multiplicité de domaine. Déduction : tout n’est pas politique mais la politique s’intéresse à tout. Du Droit à la Sociologie, de l’Economie à la Religion et bien d’autres, tout passe dans les études de Science Politique.

Dans sons sens le plus restrictif, Politikè ou art politique, il se réfère à la pratique du Pouvoir, ainsi donc, aux luttes de Pouvoir et de sa représentativité entre hommes et femmes de Pouvoir et aux différents Partis Politiques auxquels ils peuvent appartenir, tout comme à sa gestion.

    Comme il est de nature sous nos tropiques de concevoir les choses dans l’optique qui sied bien nos intérêts inavoués, le sens le plus réduit s’est trouvé être le plus généralisé. La politique se trouve ainsi limitée aux luttes et aux querelles de personnes et, de ce que représentent celles-ci. Or depuis Tacitus, la volonté de gouverner ses semblables a toujours illuminé les cœurs mieux que n’importe quelle autre passion.

    Le concept du pouvoir que nous avons et le concept que nous avons du Pouvoir se dirigent inexorablement vers l’onction de l’Infaillible. Certes, Dieu donne le pouvoir comme d’ailleurs la vie mais, sa gestion quotidienne est du ressort de l’humain qui lui est faillible de par le sanctuaire du Libre choix. C’est au nom de ce Libre choix -donc de notre décision souveraine- qu’il nous ait demandé de rendre compte devant Dieu et les hommes des orientations à faire subir par nous sur les membres de notre société. Ainsi une autre question arrive à notre réflexion.

Comment faire la politique ?

    On peut arriver à la politique pour des raisons religieuses, on y peut aussi pour des raisons esthétiques ou pour des raisons pécuniaires, il est même possible d’y arriver par accident. Mais dès que l’on s’y engage, au risque d’accidenter la société, de la rendre peu stable ou d’élonger le tissu social, on ne peut plus faire de la politique pour des raisons religieuse, esthétique ou pécuniaire. Toute la dialectique de gouverner se trouve ici et précisément ici.

    Si l’homme est l’animal le plus apte à se regrouper en société parce qu’il maitrise le langage rationnel, il va s’en dire qu’il lui faut construire les structures pour diriger sa société. La superstructure ou les institutions sont donc le fait des moyens par lesquels il lui faut gérer cette société. Le fonctionnement de ces institutions, leur développement, leur stabilité et leur organisation en intelligence avec la société nécessite une science particulière. Voici la politique ! Voici le noble rôle de la politique : harmoniser la vie des hommes et des groupes d’hommes dans la société aux travers des mécanismes de ces institutions.

    Nous avions fini de comprendre que ni la bande des chasseurs-cueilleurs nomades ni les sociétés lignagères encore moins les sociétés à notables charismatiques et pour finir, les sociétés à chefferies qui sont tous des systèmes politiques primitifs, ne pourront satisfaire notre volonté en tant qu’homme moderne d’aspirer à plus d’égalité, de développement et de paix sociales. Les monarchies ou la tyrannie, les théocraties et les ploutocraties qui sont des oligarchies ont montré leur difformité immanente à leur concept.

    Aujourd’hui, malgré quelle soit « le plus mauvais système de gouvernement à l’exception de toutes les autres », nonobstant la contradiction interne dans son concept occidentale puisqu’elle est le gouvernement du peuple par le peuple, elle pose l’identité des gouvernants et des gouvernés dans sa forme étatique, donc le gouvernement des hommes. Si il y a Etat, c’est qu’il y a gouvernement d’une partie du peuple par une autre, ce qui voudra implicitement dire qu’il y a contradiction interne au sein du peuple. N’est ce pas là l’analyse classique de la lutte des classes selon laquelle le peuple n’est en fait que le rapport des classes ? Ne serait ce pas également la dictature d’une classe possédante et dominante sur une autre moins favorisée ? Des penseurs libéraux et non des moindres nous avertissent sur le pouvoir absolu quelque soit la personne qui l’exerce un tyran ou le peuple. Le danger se trouve dans l’absolutisme et la démocratie, car c’est d’elle qu’il s’agit, peut être absolu. Ensuite, la majorité des électeurs ne doit pas être assimilée à la volonté du peuple en son entier. Tout ceci pour dire qu’effectivement aucun système n’est exempte d’anomalie.

    Avions-nous trouvé mieux que la Démocratie ? Non ! Mais voilà, dans une démocratie, les imperfections sont assez facilement visibles et perfectibles qu’ailleurs. Raison pourquoi il nous faut l’adopter, la parfaire continuellement et la choisir comme méthode de gérer notre société. Le concept doit plutôt être celui du régime mixte ou le petit nombre gouverne AVEC le grand nombre dans un gouvernement constitutionnel (Politeia).

    Faire la politique n’est ni être fourbe ni être saint. Pour dire comme André Malraux : on ne fait pas la politique avec la morale, mais on n’en fait pas avantage sans elle. Nos politiciens chevauchent allègrement ce terre-plein central consciemment ou inconsciemment au grand dam des populations dont le concept de la politique est encore à la parole d’évangile. Le « mensonge » quand il est salvateur et permet d’éviter une catastrophe aux risques imprévisibles, quand il peut être source d’apaisement et de stabilité devient une vérité politique. Souvenons nous, la politique sert à la cohésion et à la stabilité de la société. C’est en cela qu’il est accepté cet apophtegme : toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Nous avions envie d’ajouter cet autre postulat à nous : Quand on sait comment les dire, quand les dire et à qui les dire, toutes les vérités sont bonnes à savoir. De ces vérités ainsi connues, des décisions idoines, justes et réparatrices permettront l’émancipation qualitative des masses lorsque les politiques sauront les en faire profiter.

    Il est maintenant certain que l’effondrement des tours jumelles à New York le 11 Septembre 2001 a fait plus de morts que ne l’a admis le gouvernement Bush. La pression extraordinaire sous laquelle ployait cette administration, certains encourageant même l’utilisation de la bombe atomique contre les futurs responsables, ne permettait pas de faire des révélations sur le chiffre réel sous peine d’obligation de l’équilibre de la terreur. C’est cela est une vérité politique.

    Cependant, l’attaque de l’Afghanistan avec la fallacieuse raison du terrorisme est un mensonge pour les intérêts d’une oligarchie ou d’une minorité d’initiée. Quel terroriste afghan était à bord des aéronefs ce jour sinistre ? Combien de fois la proposition a été faite aux américains de livrer le bouc-emissaire Ben Laden avant les évènements de Septembre ? Aujourd’hui, des investigations tentent de prouver l’incroyable option de la machination macabre des hommes politiques pour des fins inavouées.

    Quand un chef d’état, pour faire le jeu d’une force étrangère met l’Assemblée Nationale de son pays aux ordres pour ensuite l’accuser de « trahir » les valeurs morales du pays, cela n’est pas de la politique mais ressemble plutôt à de la menterie. Idem pour celui là aussi qui signe des accords au vu et au su de tous pour ensuite se dédire en arguant de la stratégie politique, feint de nommer adéquatement sa stratégie.

    Socrate disait déjà en son temps que la plupart des gouvernants qu’il a eu l’occasion de connaître ne savaient pas gouverner, ils étaient plus portés sur une accession rapide aux fonctions ils négligeaient la formation nécessaire. Pour lui, gouverner suppose deux choses : donner l’exemple concernant l’observation des lois de la cité sous peine d’avoir de mauvais citoyens à diriger et au delà posséder la science du gouvernement. Rarement innée, cette vertu s’apprend. La politique apparaît comme un véritable métier qui, comme toute formation, s’acquiert par la pratique de certains exercices. C’était jadis, cette observation reste de rigueur en 2010 encore. A bon entendeur… bonne année à tous.

Politiquement vôtre.

Une contribution de Haïdara Chérif
Chicago Illinois
[email protected]

 

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