Les maliens et le patriotisme : A qui décerner le bon « certificat ? »

0

Pendant que des migrants exécutent toute sorte de travail dans les pays d’accueil : travaux champêtres, plongeurs, éboueurs, techniciens de surface, etc. Et rapatrient les sommes durement gagnées pour la construction des infrastructures au village : centres de santé, routes, centrales solaires, écoles, etc. Des filles et fils prennent des armes contre la République pour réclamer leurs parts dans les deniers publics. D’autres enfants des secteurs public et privé, ayant pour armes leurs intelligences, réfléchissent aux formules ingénieuses et autres stratagèmes leur permettant de se servir royalement dans les Caisses de l’Etat en toute impunité. Comment définir nos attitudes envers le Mali  notre Patrie ?

 C’est à cette question que les Maliennes et Maliens devraient répondre en se regardant, dans un miroir, droit dans les yeux, avec l’inventaire de tous ses biens en mains rapporté au « bulletin de paie ».

I – LES FONDEMENTS DU PATRIOTISME

  1. La Patrie est définie dans le livre : « Vocabulaire juridique » de Gérard Cornu 7ème édition, PUF 1987, à la page 654 comme il suit : « Lieu des attaches historiques d’une nation qui demeure dans la mémoire de ceux qui ont le sentiment d’appartenir à cette nation, comme un territoire à défendre ou à reconquérir (lorsque celle-ci ne correspond plus à un Etat). »

Les patriotes sont donc, celles et ceux qui sont prêts à protéger, défendre, dans le pire des cas, à reconquérir la patrie lorsque son existence est menacée en utilisant, pour cela, tous les moyens : matériels, financiers et humains : « La patrie ou la mort, nous vaincrons ». a dit le Président Thomas SANKARA.

  1. On déduit de cette définition que celles et ceux qui ne se sentent pas liées par ces attaches historiques de la nation ne seraient jamais prêts à défendre, a fortiori de reconquérir, un territoire qu’ils ne considèrent pas comme leur patrie.

Au contraire ils n’hésiteront même pas à poser tous actes qui pourraient contribuer à affaiblir ce territoire. Est-ce qu’ils doivent mériter la nationalité et les pièces d’état civil conséquentes ? Le Mali a donné la nationalité à des personnes en faisant fi, des attaches historiques et qui se sont révélées être des pires ennemis du pays.  

  1. Il apparait clairement que la personne patriote, seule ou collectivement ne peut pas et pourrait jamais agir contre la patrie, lui faire du mal, sinon elle risque de la reconquérir au prix de sa vie.

Jamais elle ne puiserait dans les Caisses de l’Etat ou songer à se donner impudiquement des avantages injustifiés, puisqu’elle sait que chaque 100 Francs du Budget d’Etat voté par les députés sont destinés à couvrir une dépense indispensable au renforcement du système économique, agricole, sanitaire, d’enseignement, de défense de justice et autres de la Patrie.

  1. La patrie, c’est l’amour pour un territoire que les “ancêtres” ont transmis à nos “arrières grands-parents”, qui l’ont transmis aux “grands parents”, qui l’ont transmis à leur tour aux parents qui, de nos jours, ont remis le flambeau aux enfants.

Nous avons l’obligation de la préserver et de la transmettre aux générations futures. Si nous n’y arrivons pas, nous aurions raté en quelque sorte une partie de nous-mêmes, donc une raison de notre existence. « La patrie ou la mort, nous vaincrons ».

  1. Lorsque les patriotes ne parviennent pas et se montrent incapables, impuissants de protéger, de défendre et de reconquérir la patrie, soit ils perdraient une partie du territoire, soit ils pourraient faire appel à des secours, avec le risque que la patrie ne tombe sous la tutelle des sauveteurs.

Faut-il le rappeler, avec 10 ans de présence (2012-2022), même avec de piètres résultats, des Maliens pensaient que le départ de la Minusma serait l’apocalypse. Ils ne pouvaient plus imaginer leur existence sans la tutelle de l’ONU.

Des Présidents africains ont dit : « si le Mali dénonce les accords militaires avec la France, comment va-t-il assurer sa sécurité ? ». Ont-ils compris que les attaches historiques de la France à l’Afrique, c’est l’esclavage et la colonisation ? Que l’Armée coloniale n’est pas là pour la défense des patries des Africains ?

  1. Est-il besoin de le rappeler, le patriotisme est en quelque sorte le remboursement d’un dû à la patrie. Elle est une dette que les actuelles générations doivent payer pour les efforts des générations précédentes.

En effet, c’est le pays, au demeurant, dirigé par des patriotes, qui a protégé ses filles et ses fils. Il les a éduqué, enseigné, inculqué des savoirs pour les préparer à affronter la vie.

En retour les filles et les fils se doivent d’être reconnaissants, justes et honnêtes envers la patrie. Est-ce qu’ils ont le droit de faire pleurer la patrie comme un enfant mal éduqué ferait pleurer ses parents ?

  1. Estimant que la déstabilisation en cours a affaibli le Mali, des pays voisins, donc des « amis » pourrait-on dire, ont profité pour empiéter sur le territoire. En effet, outre le fait de servir de « bases arrières pour des ennemis du Mali », certains auraient fait des incursions jusqu’à des dizaines de kilomètres à l’intérieur du Mali pour édifier des infrastructures, pour exploiter les ressources du pays.

Il n’est pas inutile de rappeler que de grands pays d’aujourd’hui se sont élargis de deux façons : soit ils achètent des territoires, soit ils occupent par empiètement ou par envahissement.

  1. Des incompréhensions et tensions actuelles à certaines frontières sont en fait des opérations de reconquête du territoire. On entend toute sorte de discours de manipulations sur ces opérations, venants incroyablement des Maliens eux-mêmes : « le Mali a chassé tout le monde, il est en guerre avec tout le monde, maintenant il veut attaquer des voisins ».

On peut, ne pas aimer les dirigeants du moment, c’est normal, c’est humain. Mais ne pas aimer son pays, au point d’accepter de perdre une partie, relève d’une autre qualification.

Le peuple Malien est un peuple pacifique et le Mali n’est pas un pays belliqueux. Mais si tu empiètes 1 cm sur le territoire national, on le récupère.

  1. Le patriotisme c’est aussi l’expression d’une certaine responsabilité collective. En effet, faut-il le rappeler, nous sommes collectivement responsables de la situation relativement catastrophique du pays à tous égards :
  • l’école, a été infiltrée par la politique, privatisée, reformée (quasiment détruite avec la Nouvelle Ecole Fondamentale(NEF) devant tout le monde,
  • les autres domaines, l’agriculture, la santé, la sécurité, la défense, l’économie, la justice, etc., tout s’est détérioré progressivement sous nos yeux,
  • et le pays se trouve maintenant dans l’abîme, faut-il le laisser dans le trou ?

Nous aurions honte de nous-mêmes, car incapables de préserver le patrimoine qui nous a été légué. A quoi servent les doigts accusateurs ? Pas grand-chose, la seule solution est de se donner les mains pour tirer d’affaires notre Patrie.

  1. En dix ans de crise multidimensionnelle et de guerre contre le terrorisme, le peuple Malien est en train de payer chèrement le recouvrement de l’intégralité du territoire national :
  • plus de 20 000 morts civils et militaires selon des sources d’ONG internationales,
  • des dizaines de milliers d’orphelins, de mutilés, de réfugiés et de déplacés,
  • des milliers de femmes violées détruites à jamais,
  • le tissu économique anéanti dans de nombreuses localités,
  • des mines qui continueront à faire des victimes pendant encore de nombreuses années.

Comment sommes-nous arrivés-là ? Le manque de patriotisme pourrait l’expliquer en partie. En effet, entre les affaires (des marchés à tout prix), la politique politicienne (se faire élire à tout prix), « l’Etat a été la vache à lait », des marchés ont été conclus, des convenances ont été scellées au détriment du pays. On a oublié la patrie.

II – L’EFFRITEMENT DU PATRIOTISME

  1. Force est de constater qu’en Afrique, le patriotisme est en train, sinon a connu un certain recul. En effet, le développement des sciences et de la technologie, des moyens de transport, de communication, etc., a favorisé la rencontre des peuples et des civilisations. Des chocs des idées, c’est le plus faible qui fait toujours les frais. Il s’ajuste, s’adapte et s’aligne.
  2. Autant les peuples d’autres continents sont imperméables aux idées et forces extérieures, autant les peuples d’Afrique semblent absorber tout ce qu’on les présente au point de détruire ce qui est de plus précieux dans l’existence d’un peuple : son identité, sa culture.

Il est malheureux de constater un effritement du patriotisme chez les Africains. Ce qui est un terrain favorable à la manipulation qui contribue à la déstabilisation des pays et au retard dans les processus de développement. Comment cela se manifeste ?

  1. D’abord, dans nos pays, très souvent, ne pas respecter la loi est un signe de puissance, de grandeur, de boss et on le fait savoir. En face d’une situation impliquant un étranger, les puissants n’hésitent pas à appeler directement le subalterne pour lui intimer l’ordre.

La loi qu’eux-mêmes les puissants ont fait voter ne s’applique pas à eux. « L’enfer c’est les autres », a dit le grand philosophe Jean Paul Sartre. Ils peuvent rouler en sens inverse de toutes les lois. D’ailleurs quand ils s’aperçoivent que les contraintes de la loi sont nombreuses et /ou difficiles à contourner même avec la puissance, ils prennent une loi d’exception pour pouvoir passer en toute tranquillité.

  1. Ensuite, dans un contexte de démocratie et de multipartisme, les puissants se partagent les grands services de l’Etat avec en toile de fond le financement des partis. Ainsi leurs représentants, dans les entités publiques, peuvent exécuter leurs missions sans aucune crainte. Les puissants, opérateurs économiques ou de la société civile ont droit à tout traitement de faveur.

L’impunité s’installe, les puissants se protègent. Le vocabulaire approprié pour cela est la « liberté provisoire » contre paiement d’une caution. En fait le « provisoire » semble être un « définitif » qui ne dit pas son nom.

  1. La résultante de ces deux points ci-dessus a été un coup d’accélérateur et de généralisation à la corruption et par conséquent au manque de patriotisme.

On pense de plus en plus à soi-même qu’au pays. Le “moi et moi seul” s’est installé en système de gestion. « Ce n’est pas toi seul qui va construire le Mali », pourrait-on entendre cela publiquement.

Nous croyons fermement à la réussite individuelle sans l’Etat. Or « à moins que toute l’équipe ne gagne, personne ne gagne » : Thomas Peters et Robert Weiterman, Prix de l’excellence, dirigeants du Cabinet de Conseils en Gestion MC Kinsey &CO. En clair nous n’existons pas sans la patrie.

  1. On travaille de moins en moins. Quoi de plus normal, puisque « travailler, c’est trop dur et mendier la charité est indigne ». Alors on imagine des lois, des réglementations, des marchés et autres astuces qui font gagner beaucoup d’argent sans travailler.

En fait sans scrupule on prend la part d’autres personnes dans la chaine économique, toute chose qui pourrait affaiblir la patrie, mais on s’en fout.

Il ne fait aucun doute que la richesse créée par le peu de travailleurs ne suffira jamais à couvrir les besoins de tout le monde. Alors le pays demeure un terrain propice à la dépendance économique, la manipulation, la déstabilisation et en perpétuelle refondation.

  1. Pendant que les migrants (Tougourankè en langue Soninké) rapatrient leurs sommes, celles soustraites des caisses de l’Etat par les puissants sont expédiées hors du pays.

En économie, les migrants font ce qu’on appelle du « mercantilisme », c’est-à-dire que  le courant économique ayant pour doctrine que les pays doivent chercher à faire entrer le maximum de richesses et éviter d’en faire sortir.

Dans quelle école de la pensée économique pourrait – on inscrire les richesses sorties du pays par ses filles et fils ? C’est l’impérialisme contre son propre pays !!! . Non le mot moins honteux et acceptable est le capitalisme et sa liberté de circulation des capitaux et des biens.

III – LES FLAMMES DU PATRIOTISME : L’INTEGRITE, LE TRAVAIL.

  1. Il est parfois bon de regarder dans le champ du voisin pour s’en inspirer. Une première qualité des envahisseurs est que ce sont des travailleurs acharnés qui tiennent à leurs objectifs. Les travailleurs dans ces pays gagnent aux sueurs du front, leurs rémunérations aux termes d’une période effective de travail.

Une illustration de cette affirmation est le téléphone que nous avons dans les mains. Ce sont des millions d’heures de travail qui ont permis de mettre au point les formules, équations, algorithmes, la fabrication des composantes et leurs assemblages. Quid de l’aéronautique ?

Une fois dans nos mains, on l’admire et on ne travaille plus, on passe des journées à raconter des blagues, à faire du théâtre et des vidéos de danse. Si on engloutissait ces millions d’heures gâchées dans l’agriculture, le continent serait le grenier du monde et donc géopolitiquement incontournable pour la survie de l’humanité.

On est fier d’acheter le dernier smartphone à un million de Francs CFA, mais incapable d’acheter un livre d’histoire à dix mille Francs CFA pour renforcer sa connaissance du pays et donc son patriotisme.

  1. Une deuxième qualité des envahisseurs est qu’ils travaillent pour les générations futures. Les grands esclavagistes et les grands artisans de la colonisation ne sont plus de ce monde. Ils ont planté l’arbre pour leurs générations futures.

Un des problèmes du continent, est le manque de vision à long terme. Nous limitons la vie à nous-mêmes et à nos enfants. On se bat, collectivement peu, pour l’avenir des générations futures.

Par manque de patriotisme pourrait-on dire, dans bien de circonstances, nous ne mettons pas nos Etats à l’abri et au-dessus de tout.

A titre d’illustration, dans un projet de développement de 100 millions de F CFA, à défaut de consacrer la totalité du montant aux opérations touchant directement les populations bénéficiaires, le responsable qui est capable d’utiliser 80 millions de F CFA pour le confort du personnel et de ne consacrer que 20 millions F CFA aux populations bénéficiaires, se met au-dessus de l’Etat.

  1. Dans nos pays d’Afrique, en général, on ne travaille pas assez. On aime bien l’argent et on voudrait en gagner beaucoup, mais surtout sans effort. Nous avons déjà souhaité dans le «Journal en ligne Malikilé N°1527», que la 4ème République œuvre à créer une « société nouvelle » qui mettrait les Maliens au travail.

La politique agricole en place ne permet pas aux ruraux de vivre de leurs métiers, alors, toute la jeunesse s’est ruée vers les villes. Les villages se sont vidés de leurs jeunes, les bras valides qui devraient booster la production du monde rural.

Le pays, jadis qualifié de « grenier de l’Afrique de l’Ouest » par les colonisateurs, n’arrive plus à se nourrir. Il doit tout importer. Invité dans l’émission « Surface littéraire » en 2020, lors du 60ème anniversaire de l’indépendance, nous avons proposé sur les antennes de l’ORTM, une refonte des subventions : engrais, hydrocarbures, électricité, gaz, etc. Que l’on remplace la « subvention engrais » par une « subvention du prix de vente » qui garantit des revenus permettant aux opérateurs du monde rural de vivre de leurs métiers.

Dans les entreprises et administrations, en l’absence de statistiques établies sur « les pertes de fabrications imputables aux retards, absences, permissions », et en l’absence de « calcul de rendement par employé » aux moyens de « fiches de temps », on pourrait estimer que seuls 30 % du personnel travaillent effectivement et méritent honnêtement leurs rémunérations. Les autres se la font couler doucement. Et on ne peut pas les toucher en raison d’un code du travail plus protecteur que ceux des pays développés.

Il est de la plus haute importance que nous travaillons sur l’économie et que nous mettons le Mali avant et au-dessus de tout. Un « plan d’action gouvernemental » clair, des « Feuilles de routes claires » assorties d’objectifs précis pour chaque département ministériel, conjuguées avec la « rigueur budgétaire » donneront forcément des résultats. En effet, le progrès est difficile dans le pilotage à vue ».

III – LE PATRIOTISME EST LE SOUSBASSEMENT DU DEVELOPPEMENT

  1. Le patriotisme est le premier maillon dans le processus du développement économique, social et culturel. En effet, peut-on développer quelque chose qu’on n’aime pas ?

C’est le patriotisme qui contribue à créer l’unité nationale autour des Plans de développement économique, social, culturel et environnemental du pays.

Le patriote ne compte pas en premier lieu sur les autres, il fait d’abord la part qui est la sienne.

Comme un malade qui se confie à un médecin, les pays Africains en mal de développement se sont livrés à des sauveteurs qui se sont avérés être des bourreaux, des médecins qui ne souhaitent pas la guérison du patient.

Tant qu’on ne dépasserait pas la crise de confiance pour se donner les mains autour des plans de développement économiques, la pauvreté ne cessera pas de gagner du terrain.

  1. Faut-il le rappeler, le patriotisme est un comportement permanent réciproque entre la patrie et le peuple. Les peuples doivent assurer leurs obligations envers la patrie. La patrie de son côté doit continuer à jouer ses rôles régaliens vis-à-vis du peuple : sécurité des personnes et de leurs biens, pièces d’état civil (carte d’identité, passeport, NINA, carte biométrique, etc.).

Il est regrettable de constater que le « Mali, notre patrie » n’arrive pas à délivrer des pièces aux populations. C’est dire que le pays ne reconnait même plus tous ses fils et filles. Dans ces conditions, comment pourrait-on organiser des élections ? Comment élaborer des plans de développement ? Cette situation est tout simplement incroyable et mérite d’être rapidement remédiée.

  1. Le peuple Sénégalais a, sans aucun doute, exprimé une forme de patriotisme lors de l’élection présidentielle du 25 février 2024, en mettant la patrie au-dessus de tout pour sauver les Institutions de la République. Dans un « vote sanction » des plus inédits, les populations ont remercié l’ancienne classe politique en élisant dès le premier tour, un candidat qui n’avait, auparavant jamais été élu, ni occupé un poste de Directeur national encore moins ministériel.

Nous estimons que c’est une gifle donnée à l’ancienne classe politique du pays, une belle leçon donnée à toutes les classes politiques africaines.

Quand un peuple est décidé à prendre son destin en mains, les Institutions ne peuvent que suivre. Lors des événements d’octobre 2023, nous avions écrit dans le journal en ligne Malikilé N°1365 dans une publication intitulé : « Le pays de la Teranga a l’obligation de maintenir la hauteur » que le Sénégal a du répondant pour dépasser toute sorte de crise.

IV – MESURES DE PROTECTION DE LA PATRIE ET DE SAUVEGARDE DU PATRIOTISME

  1. Un des piliers du patriotisme est sans doute la transparence dans l’utilisation des deniers publics par les dirigeants, des milliers de milliards d’impôts, droits et taxes indirects et directs payés par les populations y compris les plus démunies.

Est-il normal que ceux qui « gagnent 100 à 200 fois plus que la SMIG », se servent encore dans les recettes de TVA acquittées par les « moins payés » sur leurs achats de biens et de services ?

Est-il normal que les pauvres enrichissent les plus riches au travers des deniers publics ?

  1. Les Dirigeants doivent donner, à tout moment, de bons exemples de patriotisme. En effet, ce sont eux qui :
  • Initient les lois et autres textes de réglementations pour administrer le pays. Ils peuvent prendre des textes circonstanciels, pour eux-mêmes comme ils peuvent prendre des textes vraiment impersonnels.
  • Détiennent le « cordon de la bourse de l’Etat ». Ils peuvent exécuter le budget d’Etat voté par le Parlement, dans la pure orthodoxie budgétaire ou un pilotage à vue indescriptible sans rendre compte à personne.

« Les peuples n’écoutent pas de discours, ils ne voient que les actes », dit-on. Faites autant de discours aussi merveilleux les uns que les autres, le peuple veut manger, boire, se loger, se soigner, voir ses enfants à l’école. Il se lassera de t’écouter.

C’est pourquoi dans l’histoire des nations, les Hommes d’Etat et autres grands dirigeants ont toujours été ceux-là qui ont posé des actes, réalisé de grands projets pour le bonheur de la grande majorité de populations.

  1. Les Hommes d’Etat et autres grands dirigeants de ce monde ont géré en permanence leurs « bilans quantitatifs et qualitatifs ». Leurs hantises étaient de répondre à la question : Que resterait-il de mon règne en bien et en mal ?

Les peuples doivent pouvoir compter sur le patriotisme des dirigeants, surtout pendant les moments difficiles, puisqu’ils ont apporté leurs contributions à l’édifice national par le paiement des impôts, droits et taxes indirects et directs.

Le patriotisme ne voudrait pas que, pendant des moments difficiles, que des sommes colossales disparaissent dans les circuits financiers.

Quand on gère le pays pour le bonheur d’une grande majorité, on ne craint rien, on n’a peur de rien et on demeure un mythe.

Eh oui !!! Quelle belle image a été de voir le Président J.J. Rawling, sortir de sa voiture pour réguler un embouteillage monstrueux. Antérieurement, jusqu’à sa mort, des Présidents Tanzaniens se rendaient chez l’ancien Président Julius Nyéreré dans son champ sans garde de corps, pour bénéficier de ses conseils.  

Un fonds « effort de guerre » a été mis en place lors des événements de Mars 2013 alimenté avec des contributions volontaires. Dans un élan de patriotisme très élevé, les Maliens décidés à libérer le pays, ont mis les mains au porte-monnaie. Le compte bancaire aurait enregistré plus de 1000 milliards de F CFA.

Comment a-t-il été utilisé ? Est-ce qu’un rapport a été établi pour édifier les populations sur leur patriotisme ? Dans une publication, en 2018, dans le journal « Mali Tribune », nous avons recommandé qu’un audit ou un rapport circonstancié soit établi sur le « fonds effort de guerre », au risque de mettre à mal le patriotisme.

A notre connaissance, un tel document établissant clairement la traçabilité de l’utilisation des fonds n’existe pas. Les réponses à ces questions pourraient aider à comprendre le peu d’engouement à l’égard du fonds actuel.

  1. Le patriotisme, c’est aussi l’expression d’une forme de solidarité nationale. Une nation forte est celle dont la grande majorité des filles et des fils sont à l’abri des besoins vitaux. Cela ne peut se faire qu’au prix d’une certaine solidarité qui renforce la stabilité du pays. En effet, une nation stable est une nation forte.

A l’instar d’une mère qui a tendance à protéger le plus faible de ses enfants, la patrie ne veut laisser aucun de ses enfants sur les bords des routes du bonheur. C’est pourquoi des programmes sociaux sont conçus à l’attention des plus vulnérables comme les logements sociaux.

Il est malheureux de constater que, là encore les textes de création ne sont pas respectés pour le bonheur des bénéficiaires. Ce sont les plus nantis qui veulent tout s’accaparer. L’amour de l’autre, la pitié, la solidarité, l’entraide, sont des valeurs que les Africains sont en train de perdre progressivement.

  1. La patrie doit être protégée. En effet, le monde est permanemment en guerres : guerres économiques, commerciales, financières, politiques ou des territoires. Les Nations n’ont jamais été unies même s’il y a une organisation qui les regroupe faisant apparaitre une unité de façade. Sinon il n’y aurait pas toutes ces guerres qui ensanglantent le monde.

Les nations dites « faibles ou petites » sont constamment les proies des nations dites « puissantes ou grandes » qui se retrouvent dans le Conseil de sécurité pour donner les stratégies et les orientations.

Alors la protection de la patrie est un combat permanent qui nécessite de la vigilance, des mécanismes de veille. Les nations sont permanemment en négociations. Il faut s’efforcer de connaitre ses propres forces et faiblesses et celles des autres, ce qu’on vit présentement, ce qui pourrait arriver à court, moyen et long termes. En effet les positions ne sont pas figées. Des ennemis d’hier peuvent devenir des amis et inversement des amis peuvent devenir des ennemis, alors la patrie doit être à l’abri.

  1. Dans un tel contexte, on pourrait affirmer que la construction de grands ensembles économiques, politiques, culturels et sportifs est une excellente mesure de protection et de sauvegarde de la patrie.

Sauf qu’en Afrique, les grands ensembles créés par les pères des indépendances, sont tous infiltrés par les grandes nations. De l’OUA, l’ancêtre de l’UA jusqu’aux espaces communautaires régionaux, ils souffrent tous de dissensions et de crises internes exposant davantage les nations africaines. En manque de solutions pacifiques, de lourdes sanctions sont prises. Ces noirs, bourreaux d’autres noirs, oublient qu’en mettant à mal un maillon, on affaiblit toute la chaine.

En conclusion, le patriotisme est le ciment qui unit les filles et les fils du pays. Poursuivant le même idéal pour leur pays, les patriotes sont rarement opposés, a fortiori divisés ou même déchirés pour des problèmes de personnes ou d’approches méthodologiques.

En raison de la dégradation de l’éducation dans les familles, à l’école et des insuffisances de l’enseignement en général, notamment civique, moral et surtout de l’appât du gain facile, le patriotisme connait un grand recul en Afrique.  Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour l’argent ? Organisez un événement de donation ou de gratuité, les plus nantis seraient les premiers inscrits, sans même se poser la question si cette gratuité pourrait affaiblir la patrie. 

On pourrait malencontreusement être victime d’une situation une première fois, une deuxième fois, mais de manière répétée, il devient indispensable de revoir les comportements. Tant qu’on ne changera pas de comportement vis-à-vis de nos pays, la stabilité tant recherchée ne serait pas obtenue et nous serions en perpétuelle refondation de nos Etats.

Ce que le Mali a vécu en 10 ans, est une véritable leçon de patriotisme et doit être enseignée à tous les niveaux de l’apprentissage. Pourquoi enseigner à nos enfants, l’histoire de Napoléon, celles des deux guerres mondiales, etc. ?

En mission à Banfora, quand le Président de la Transition du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré visite une école, puis une classe, il est certain que tous les enfants témoins garderont à jamais à l’esprit cet événement rarissime. 

Le patriotisme ne vient pas ex-nihilo, il est inculqué chez les enfants dans les familles, cultivé par le système d’enseignement et entretenu par la méritocratie au travail et les dures épreuves traversées. Un enfant qui nait dans un environnement patriotique ne peut qu’aimer son pays. Ainsi, avant qu’il pose chaque acte, il répond d’abord à la question suivante : suis-je en train d’agir pour ou contre la patrie. « La patrie ou la mort, nous vaincrons ».

 

Siné Diarra

Expert-Comptable, Essayiste

Bamako-Mali.

Commentaires via Facebook :

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!