Le Directoire de l’Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise (ADPS) prend acte de la visite d’Etat que le Président Ibrahim Boubacar Keïta a effectuée les 21 et 22 octobre 2015 en France et exprime sa reconnaissance aux partenaires techniques et financiers pour les annonces de contribution faites en appui à la reconstruction du Mali.
Toutefois, l’ADPS estime que le plus important, ce n’est pas les fastes somptuaires liés au protocole d’une visite d’Etat, mais plutôt des réponses satisfaisantes aux questions fondamentales suivantes :
Les conclusions de la visite d’Etat rapprochent-elles le jour où le drapeau malien flottera à nouveau sur Kidal, sans aucune interférence étrangère, y compris de la part de l’ex-puissance coloniale, et les Forces Armées Nationales seront en capacité d’assumer pleinement leurs missions régaliennes de défense de la Nation sans tutelle extérieure?
Paris représente-il une véritable ‘’additionnalité’’ par rapport à la conférence de Bruxelles de mai 2013 ou s’agit-il essentiellement d’un maquillage de chiffres?
Les conditions attachées aux annonces de contribution faites sous l’égide de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) et les modalités d’exécution favorisent-elles un renforcement des capacités de l’Etat malien et la restauration de son autorité et de sa légitimité constitutionnelle sur l’ensemble du territoire national, ou vont-elles fragiliser davantage l’Etat central au profit de groupes armés et de féodalités locales sans légitimité démocratique avérée ?
Les montants promis répondent-ils plus à un souci médiatique d’effet d’annonce qu’à une volonté réelle d’accompagner efficacement les efforts internes de redressement économique du Mali au profit des populations maliennes d’abord?
Financer le mauvais accord que représente l’Accord d’Alger répond-il aux causes fondamentales de la crise qui secoue le Nord du Mali ?
Connaissant les réalités de l’aide publique au développement, n’y-a-t-il pas à craindre un effet boomerang suivant lequel le Peuple, à qui on aura fait croire que c’est une pluie d’argent qui va s’abattre sur le Mali, pourrait, demain, accuser les pouvoirs publics de détournement ou de dilapidation d’une manne financière dont l’essentiel n’aurait, en fait, jamais atterri dans notre pays?
L’ADPS et le Peuple malien attendent du Président de la République, de son Gouvernement et des partenaires techniques et financiers du Mali des réponses claires et précises à ces questions.
En attendant, le Directoire de l’ADPS regrette profondément que le Président de la République, dans un choix de mot qui n’est pas compatible avec la dignité attachée à sa haute fonction, ait cru devoir s’adonner à une attaque personnelle contre un chef de parti politique alors même que ce dernier est parfaitement dans son bon droit de ne pas approuver certaines actions du régime issu des élections générales de 2013. La liberté d’opinion et d’expression est l’une des conquêtes majeures de la Révolution du 26 mars 1991, cet acte historique qui, faut-il le rappeler, est en fait l’Acte fondateur et le socle de légitimation de la IIIème République.
Fait à Bamako, le 30 octobre 2015
Pour le Directoire de l’ADPS
Le Conseiller Politique
Nouhoun Sarr
Source : Delta News