Les femmes maliennes doivent préparer la paix armée

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Si la paix est donnée par les dieux aux hommes, c’est toujours aux hommes qu’il incombe de la vouloir et de la faire. “Faire la paix, expression juste et forte” (Alain, Mars ou la guerre jugée, p. 272).

 Au Mali, les femmes sont en général considérées comme des êtres inferieurs. Cette infériorité prend sa source notamment dans les Ecritures Saintes, à savoir : la Bible et le Coran, dont l’influence sur les mentalités a atteint son comble.

 

Que signifie le concept paix armée ?

La paix armée est la recherche d’un espoir de sécurité, d’assurance, de réconfort, de responsabilité et surtout, de la confiance. La femme doit l’utiliser pour bien se sentir à lèse devant qui que ce soit. Cette paix armée compare la femme à l’homme, une comparaison dans laquelle la femme doit pouvoir maintenir son identité féminine au même titre que celle masculine avec les mêmes considérations.

Les femmes maliennes ont été depuis longtemps marginalisées et cela dans plusieurs domaines.

Dans le domaine politique, les femmes maliennes sont écartées de l’arène politique parce qu’elles n’ont pas la capacité de faire face aux défis phares du pays, chose qui n’est pas vraie. Dans le domaine religieux, elles sont devenues un objet de soumission et une machine à enfanter. Elles doivent respecter leurs maris dans le foyer quel que  soit leurs comportements ignobles. Cette fausse vérité a été très longtemps inculquée dans l’esprit de nos chères mères, femmes, sœurs et filles. Dès lors, on peut haut et fort dire que la mission de la femme est catégoriquement limitée au Mali.

Nombreuses sont  les femmes maliennes qui subissent d’énormes violences de la part des hommes que je qualifie de troupeaux égarés qui n’ont ni foi ni loi et qui vont très loin jusqu’à battre leur femme. La vie de certaines d’entre elles s’est éteinte et d’autres continuent à subir des souffrances corporelles et psychologiques. Pour que cette triste situation change, les femmes maliennes doivent adopter l’esprit de cet adage phare : “si tu veux la paix, prépares la guerre”, qui correspond à un impératif pragmatique de prudence au sens kantien. La paix s’arme contre la guerre autrement dit, les femmes maliennes doivent avoir une arme solide contre la domination des hommes. Elles doivent montrer aux hommes qu’au-delà du respect, l’entente, le bien-être entre eux, il y a certes de différence du point de vue de leur appartenance sexuelle, mais pas une différence de supériorité ou d’infériorité. Faire de la femme un être inferieur est une chimère qui mérite d’être considérée de nos jours comme un crime contre l’humanité.

Les femmes maliennes doivent être une force, car la paix par le droit sans la force, ne vaut rien. Ainsi, Blaise Pascal disait ceci dans son livre intitulé les Pensées : “La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique”.

Les femmes maliennes doivent être la synthèse du fort et du juste. Ce n’est pas par des prières incessantes, qu’elles parviendront à cette victoire, par contre, c’est par la démonstration de force. Nicolas Machiavel disait dans le Prince, Chap. VI que : “Les prophètes armés sont vainqueurs, les prophètes sans armes déconfits”.

La paix vive inclut son contraire. La paix armée est une quiétude hostile, spiritualisation, amour. Combattre pour la paix c’est ouvrir la voie vers un monde meilleur dans lequel l’homme ne sera plus le fameux maître de la femme mais plutôt son complice, son ami, son époux, son épaule consolatrice, son protecteur durant sa vie terrestre. Si les femmes maliennes parviennent à gagner ce combat, elles seront dans une sécurité paisible et dans une tranquillité sereine.

La science dans son honneur ne dit jamais que l’homme est supérieur à la femme. Alors qu’au Mali, un pays majoritairement musulman par forme, cette vérité scientifique demeure sous l’ombre des fausses opinions que la religion a de la femme.

Par quelle acrobatie mentale et sentimentale l’homme malien fait de la femme un être inferieur ? On pourra rappeler une fois de plus la déclaration lapidaire du poète latin Térence : “Je suis humain, et rien d’humain ne m’est étranger !”. Nous sommes tous des humains au sens strict du terme, donc plus de discriminations à l’endroit des femmes.

On est bien loin de la grande figure féminine de l’autre famille maudite de la Grèce mystique : la trop belle Hélène, tragiquement frivole, symbole de la femme dionysiaque, “qui n’a pas été si richement dotée par le sort pour être laissée à la possession exclusive d’un seul homme” dixit Bloch dans le principe espérance.

Les femmes maliennes ne méritent plus les exorbitantes violences qui leur sont faites chaque jour, mais méritent : entretien, amour, l’hospitalité, l’entraide, la confiance en soi, l’estime en soi, le bon sens et le bien-être. Les femmes maliennes ne doivent plus être opprimées sous les latitudes de l’existence. Ainsi, Antoine de Saint- Exupéry disait dans son ouvrage intitulé la Citadelle : “Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis”.

Tidiani Bakary Guindo

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