Les femmes des Aéroports du Mali écrivent à ATT : «Nous vous demandons de surseoir à la mise en concession de Bamako Senou»

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Le Collectif des Femmes de «Aéroports du Mali», à Son Excellence le Président de la République du Mali, le Général Amadou Toumani Touré.

 

Aéroport Bamako Senou

Objet: mise en concession des Aéroports du Mali (ADM).
Monsieur le Président, Nous femmes de «Aéroports du Mali» rendons grâce à Dieu le tout puissant et prions pour le repos de l’âme de tous les disparus dans le conflit du nord du Mali. Nous sommes de cœur avec vous pour une solution apaisée du problème et pour un Mali uni.
Monsieur le Président, nous avons voulu, par notre lettre du 13 Décembre 2011, que le peuple malien soit informé du bien fondé de la mise en concession de l’entité que tous considèrent avec fierté comme un des symboles de la souveraineté du Mali, à savoir le principal Aéroport du Mali, l’Aéroport de la capitale, Bamako Sénou. Nous vous avons rappelé dans ladite lettre que les deux raisons valables pour une mise en concession étaient   Un déficit d’investissements,   Une mauvaise gestion.
Monsieur le Président, après des investissements de plus 110 milliards de francs CFA effectués sous forme de don des contribuables Américains à travers le MCC, et sur fonds propres de «Aéroports du Mali», on ne saurait parler de déficit d’investissements avant la fin des travaux du MCC, qui sont actuellement en cours dans le principal aéroport de la capitale, Bamako Senou. S’il y a mauvaise gestion, celle-ci ne peut être que le fait de la personne que vous avez bien voulu nommer comme Président Directeur Général (PDG) de «Aéroports du Mali». En effet, il est clairement établi aujourd’hui que pour tenter de justifier une mise en concession sans fondement aucune, il lui faut, vaille qui vaille, mettre à mal les finances de l’entreprise et entretenir en son sein un climat délétère, qui compromettrait l’harmonie sociale, la productivité des travailleurs et la rentabilité des activités.
Nous avons déjà signalé le refus catégorique du PDG d’accepter l’installation d’un Agent Comptable de l’Etat, conformément aux règles d’administration des EPIC. Est ce pour pouvoir disposer pleinement d’une totale liberté de gestion des deniers publics qui lui sont confiés? Certaines opérations pourraient en tous cas le laisser croire, tant elles paraissent incongrues et inadmissibles aux regards des règles de bonne gestion financière. Il y a eu d’abord ce marché de plus de 50 millions FCFA, conclu avec le fournisseur Cholleton résidant en France, pour l’achat de tapis qui n’ont jamais été livrés alors que des paiements ont été faits en sa faveur. Lasse d’attendre certainement des tapis qui n’ont jusqu’à ce jour pas été livrés, la Direction Générale, disons simplement Madame le PDG, s’est résolue à acheter les tapis avec un autre fournisseur, SONIDIS résidant au Mali. Coût de ce nouveau marché: plus de 70 millions de Francs CFA.
Ensuite, comment comprendre, alors que la concession de l’aéroport de la capitale, nous a dit le Ministre de l’Equipement et des Transports, est irréversible, que le PDG procède à des achats de mobiliers de bureau et de trois véhicules neufs (CH 2871 PASSAT, CH 4549 JETTA, CH 5002 JETTA)?
Monsieur le Président, les éléments de réponse que vous avez bien voulu nous faire parvenir par lettre N°000363/P¬RM du 20 Décembre 2011 ramènent aux seules difficultés de collaboration que nous éprouvons avec notre Direction Générale. Ils occultent la question fondamentale qui motive notre mouvement, à savoir la mise en concession de «Aéroports du Mali». Nous redoutons que cette interprétation qui a été faite de nos doléances, pourtant clairement exprimées dans notre lettre du 13 Décembre 2011, ne réduise l’objet des investigations de Madame le Premier Ministre, à qui vous avez imputée notre requête.
Nos inquiétudes sur ce point sont d’autant plus fondées qu’il nous est revenu, Monsieur le Président, que Le Partenariat Public Privé (PPP) est une conditionnalité du MCC (Millenium Challenge Corporation) pour les investissements de 93 milliards de Francs CFA pour la rénovation de l’aéroport de Bamako Senou. Pourquoi n’avoir pas révélé cette conditionnalité du MCC au peuple malien depuis le début?
Dans le cahier de charges, le concessionnaire retenu paie une redevance de concession garantie sur cinq (5) ans de 1,854 milliards de FCFA. Nous constatons que, sur les 30 ans de concession, la redevance de concession n’est garantie que sur cinq (5) ans. Le concessionnaire paie une redevance de concession de 42,09 milliards de FCFA sur les 30 ans de concession.
Nous portons à votre connaissance que ce montant est en contradiction avec les chiffres donnés au collectif par le Ministre de l’Equipement et des Transports, dans sa lettre N°2374/MET SG du 2 Décembre 2011, soit 27,659 milliards de F CFA sur une période de 30 ans. Ce montant permettra de couvrir les déficits d’exploitation des autres aéroports de l’intérieur estimés à 17,685 milliards de F CFA pour la même période.
Le Ministre de l’Equipement et des Transports serait associé avec un Opérateur Economique de la place évoluant dans le solaire et ce dernier serait un partenaire de l’entreprise Canadienne spécialisée dans le Bâtiment (SNC Lavallin) à qui le Ministre veut donner en concession l’aéroport international de la capitale, Bamako Senou. Si réellement la concession de l’aéroport international de Bamako Senou devait être faite pour l’intérêt supérieur de la Nation Malienne toute entière, nous estimons qu’un Gestionnaire d’aéroport est plus outillé et mieux indiqué qu’une Entreprise Spécialisée dans le Bâtiment pour mener à bonne échéance la concession d’un aéroport. Le cas de l’HUICOMA doit servir de leçon aux Autorités Maliennes.
Le Ministre de l’Equipement et des Transports pourrait signer la convention de concession de l’aéroport international de Bamako Senou courant Mars 2012. Si le Ministre de l’Equipement et des Transports signe la convention de concession, nous sortirons, avec les Associations de femmes et de jeunes qui ont toujours sollicité leur participation à nos actions, ainsi qu’avec une très grande partie de la population de Bamako, mécontente des actes posés par certains de vos collaborateurs et de vos proches.
Dans notre lettre du 13 Décembre 2011, nous rappelions, Monsieur le Président, les conséquences dramatiques, tant du point social qu’économique, de la privatisation de certaines Unités Industrielles, telles que l’HUICOMA, qui jadis faisait la fierté du pays. Nous osons croire que, sous votre autorité, de tels drames ne se produiront plus et que dans l’attente d’un plus grand éclairage de vos principaux collaborateurs, dont Madame le Premier Ministre, des Institutions, comme l’Assemblée Nationale dont la Commission des Travaux Publics, de l’Habitat et des Transports a bien voulu nous recevoir et tous ceux qui, tant soit peu, œuvrent au quotidien pour un rayonnement plus grand de notre chère Patrie, le Mali.
Nous espérons que la mise en concession de l’aéroport de Bamako Senou, qui suscite encore beaucoup d’interrogations de la part de nos concitoyens, ne sera qu’une menace virtuelle et qu’ensemble nous saurons sauvegarder les attributs de notre souveraineté dans un secteur aussi stratégique que celui des activités aéroportuaires. Monsieur le Président, nous, femmes des Aéroports du Mali, venons encore une fois très respectueusement à vous, en tant qu’épouses, sœurs et filles, vous demander de sursoir à cette mise en concession de notre principal aéroport international de la capitale, Bamako Senou.
Que Dieu le tout puissant sauve le Mali. Veuillez croire en l’assurance de notre parfaite considération

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