Les députés maliens: traîtres, fourbes et patriotes

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                              En dépit des jugements justes, raisonnés de nos autorités intellectuelles qui, du haut de leur cathèdre ont  démontré la vacuité de l’aventure, en dépit des protestations vigoureuses, véhémentes et impétueuses, des mises en garde collectives des vrais patriotes, des cris de coeur des fous de la Fontaine, vendeurs de sagesse, quant à l’inopportunité d’une réforme constitutionnelle, les députés maliens ont donné un véritable coup de jarnac au peuple en votant majoritairement pour le projet référendaire cher à sa Majesté Amadou Toumani Touré. Nous nous étions mis à rêver que le bon sens, la pondération prévaleraient et que la sagesse, le courage, le patriotisme habiteraient nos chers élus parlementaires. Piteusement, ces valeurs se sont éloigné d’eux. “Nos honorables députés”, souvenez vous de ce que Molière disait dans “Les fourberies de Scapin” : “Vous vous êtes accordés, Scapin, vous et mon fils, pour me fourber….Ma foi, monsieur, si Scapin vous fourbe, je m’en lave les mains”.

Après leur vote, si ATT, le Lionel Messi au bord du fleuve djoliba avec ses dribles épatants, décidaient de remettre les charges qui pèsent sur eux à la vraie justice, avant de s’en aller?  N’oublions pas qu’ATT aura pendant ses deux mandatures gouverné par la corruption. Il  a entre ses mains un épouvantail qui effraie sinistrement ses obligés de fripons et de friponnes. Auront -ils encore le cynisme de revenir avec d’autres promesses fallacieuses tenter de tromper nos trompeuses naïveté de dindon de la Farce? Au peuple malien de fourber à son tour ceux là qui comme Judas, l’auraient trahi de la manière la plus inattendue et la plus cruelle. Qu’est advenu du courage de ces francs -fanfarons de la vertu, de démocrates, du “Kankélétiguiya” de tous ceux là qui montaient sur les toits pour nous tympaniser avec leurs discours de Don Quichottisme? En lieu et place du courage politique devant ce dossier important, ceux à qui les maliens avaient  des raisons légitimes de faire confiance ont offert leurs allégeances souterraines et subreptices. Les Ibrahim Boubacar keita, Moutaga Tall, Konimba Sidibé ont laisse encore passer une autre chance historique. Nous attendons leurs explications.

                      Dans ce Mali que nous aimons le temps est venu de se dire des vérités. Les querelles dans une société trouvent leur explication dans la volonté des hommes de se dire des vérités. Le sage Terence ne disait- il pas que la vérité engendre la haine et les inimitiés? La franchise fait des ennemis, la flatterie des amis. Tel Alceste de Molière dans le Misanthrope nous nous sommes faits des ennemis. Nous nous sommes fait insulter. Aucune façon de souffrir ne saurait préoccuper un homme convaincu de son idéal. Notre idéal, c’est un Mali juste, bref un pays de Cocagne où il fait bon vivre. Nous entendons parler le langage de la vérité à toutes épreuves. Si nous avions nos mains remplies de vérités sur les manigances des gouvernants, nous les ouvrirons bien volontiers. En assenant nos vérités, nos Néron au bord du fleuve djoliba ne sauront nous infliger le tragique sort de Sénèque. C’est l’intérêt supérieur du Mali qui nous intéresse. “Ce n’est pas que j’aimasse moins César, j’aimais Rome davantage” disait Brutus.

                        De bonne heure, nous savions être en face d’un traquenard d’Ulysse. A y refléchir de très près, nous nous posons légitimement ces questions:  Pourquoi maintenant et pas avant?  Le délai constitutionnel échu? Voter avec quel fichier? Ravec, Race ou un nouveau fichier-test? “ Is fecit cui prodest!” : A qui profite le crime ? A un dauphin qu’on attend le moins ou au maître-d’oeuvre lui même? Qui a intérêt dans l’exécution de ce crime? Qu’est ce qui se cache réellement dans ce cheval de troie? Selon le rapport de Daba Diawara: “le pays n’a en effet connu , sauf en 1997, aucune crise institutionnelle majeure mettant en cause les fondements de la République et de la démocratie. Pour l’essentiel, les libertés et les droits individuels et collectifs reconnus et garanties par la Constitution ont été respectées.” C’est tout dire. Il apparaît à l’évidence que le Mali est seulement en proie à une crise morale et non institutionnnelle. Le pays a plutôt un besoin pressant de projets éducatif, professionnel, familial, moral etc…Cette revision constitutionnelle semble tenir de l’absurde et du burlesque. Le pays a d’autres priorités.

                        Le Mali est aujourd’hui bicéphale: une oligarchie qui vit de délices et une classe de pauvres vivant dans de conditions d’indigence, avec un  sort miséreux à la limite de l’acceptable. Conforme au schéma classique de la lutte des classes, une nomenklatura composée de lobbystes, d’opportunistes, de franc-maçons, de bourgeois compradores déliant les souliers d’ATT, continue à s’enrichir et le bas peuple continue sa descente dans les tréfonds abyssaux de l’enfer. L’inégalité dans la repartition des ressources a été à l’origine des désagréments dans bon nombre de pays. Ce qui les aurait envoyé dans le septième cercle infernal de Dante. Non contents d’avoir crée une fracture sociale avec des maliens malhonnêtement riches et des maliens honnêtement pauvres, la mascarade de la consultation référendaire vient comme la cérise sur le gâteau du machiavélisme.

                       A s’y méprendre, tel Judas Iscariote livra le Christ pour trente déniers, le peuple malien aura été trahi, ses députés l’ont vendu pour de l’argent ou pour leur vil intérêt intrinsèque. Dans les coulisses, les députés étaient majoritairement contre le projet. A eux de renverser la charge de la preuve et nous dire ce qui s’est réellement passé à l’Assemblée Nationale, lors de la séance à huis -clos entre commissions et groupes parlementaires, qui a précedé la session plénière. Le bras de fer énergique entre Madame Camara Saoudatou Dembélé, la présidente de la Commission des lois à Mamadou Hawa Gassama expliquerait bien de nébuleuses.

                              C’est de l’infatuation que d’honorer notre pays en le qualifiant de démocratie  exemplaire. Notre démocratie est une démocratie d’hypocrisie. Une nouvelle façon de faire la politique au Mali est un impératif catégorique. Il convient d’en changer les règles, la philosophie. L’art de gérer la cité n’est pas donné au commun des mortels. N’est pas parlementaire qui veut! C’est une dignité souveraine qui exige dévouement, patriotisme, bravoure. Galvaudée, elle se trouve être abandonée à la convoitise des véritables aventuriers, dédaigneux de toute règle de principe morale et patriotique. Désormais apprenons à confier cette lourde responsabilité à des gens qui en ont les armes intellectuelles et morales. Combien de ces députés auraient tempêté contre la corruption, l’inégalité, l’injustice? Combien se seraient fait remarquer par leur génie en apportant des solutions nouvelles à la crise de l’école, du foncier, de l’insécurité, du mal vivre des populations…..? Combien d’entre eux se seraient héroïquement battus pour le contrôle de l’action gouvernementale? Combien de fois auraient –ils enquêté ou contre-carré des lois contre le bonheur du peuple qui les aurait élu?

                              Je suis malien de pure sang et de souche. Je suis sénoufo de par mon père venu du Folona dans le cercle de Kadiolo, le sang royal de la dynastie des Traoré du royaume Sénoufo du kénédougou circule dans mes veines de par ma mère. Le Mali m’a vu naître, m’aura donné l’éducation gratuite. Il a formé et payé des enseignants pour me former. La gestion dictatoriale du pays par un autre clan m’a obligé à prendre le chemin de l’aventure qui ne fut qu’une fuite en avant douloureuse. J’ai des cartes de western union et de moneygram pour le bonheur de mes amis et parents restés au Mali. J’ai acquis une autre nationalité . Relève t-il de la justice que de me dépouiller de mon droit constitutionnel d’être malien? “On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez vous pas? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi! “ disait Victor Hugo dans ses “Contemplations”. Mon cri de coeur est celui de tous ceux là qui, pour une raison ou une autre, auraient un jour , pris le chemin de l’aventure pour aller en Europe, en Asie ou dans les Amériques à la recherche du bien être. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne. Vous vivez ce que je vis, la destinée est une. Dixit Victor Hugo. Un véritable serpent des mers: “Maliens de souches” et “Maliens de circonstance” est en passe de naître. Gare!

                    Il y a lieu de revoir notre culture du pouvoir. Il relève de l’archaïsme que de dire qu’on ne contredit pas le pouvoir, qu’on doit le respecter. Quand les tenants du pouvoir manquent à leurs devoirs, le refus et la contestation deviennent des droits sacrés. Il appartient au peuple malien de se mobiliser pour dire un cinglant “Non” à ce referendum. Comme une lettre à la poste, le conseil des ministres, les parlementaires l’ont favorablement voté. Le dernier mot revient au peuple souverain du Mali. Souvenez vous du projet de loi sur le code des personnes et  de la famille. Une rebelotte sera la plus éclatante, la plus belle des revanches. Les radios communautaires, privées, la presse libre et indépendante, les patriotes convaincus unissez vous pour sauver ce Mali que nous avons de plus cher. Notre incapacité collective à mobiliser les consciences et les énergies serait la pire des démissions. L’Histoire et nos consciences de patriotes nous intenteront un procès pour non assistance en patrie en danger d’être prise en otage.

Dans une société, quand des couches sociales sont en conflit larvé ou ouvert, les couches supérieures essaient de maintenir leurs suprématies sociales sur les classes inférieures qui, à leur tour, tentent de réduire ou de supprimer les avantages des premières. Héritiers de la théorie de lutte de classes de Saint Simon et de Karl Marx, nous dirons que nous sommes au Mali sans contexte dans le cadre d’une farouche lutte de classes. Cette lutte est un combat permanent et notre résolution à dire NON au texte référendaire serait le seul emplâtre que le peuple malien pourra mettre sur les blessures réçues tout au long de cette période d’incurie, de gaucherie et d’égoïsme impur qui a émaillé la gestion calamiteuse de notre pays par ceux- là qui, du fond de leur coeur, aurait séché le partriotisme.

Une contribution de Mr Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New jersey, USA
fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com
www.ouattaradonzo.com

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