Le PAG opaque de Choguel et ses bourdes

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L’exercice effectué par le Premier ministre Choguel Maïga  devant le CNT le 30 juillet 2021, s’inscrit dans le rituel républicain  prévu à  l’alinéa 2 de l’article  15 de la Charte de la Transition ainsi libellé : «Le CNT adopte le Plan d’action de la Feuille de route de la Transition présenté par le Premier ministre».

Cependant, la vérité est qu’au lieu d’un Plan d’action,  le Premier ministre n’a servi à l’assistance qu’un simple discours sur le Plan d’action. Un discours aux allures de DPG sans en avoir la consistance, trop bref, trop léger, errant dans des généralités comme pour amuser la galerie. Un travail bâclé de 6 semaines ?

Moctar Ouane plus transparent

Tel que perdu dans son discours, le Plan d’action ne paraît  refléter ni la rigueur, ni la structuration attachées à un tel document. Même Moctar Ouane avait été plus performant, car au moins sa présentation faisait décliner de manière détaillée, point par point, chaque Axe annoncé. Choguel, beaucoup moins transparent, s’est contenté de  balancer 4 Axes, 9 Objectifs, 3 Piliers et 3 Besoins, qui se sont aussitôt dilués dans de la littérature très lisse de son discours, sans qu’on ne perçoive leurs agencements.

Le plan d’action  interdit au public comme avec Moctar Ouane?

Nous espérons au moins que si Choguel en la matière semble déjà avoir fait du Ouane sans Ouane, n’irait pas au bout de ce mimétisme de contre-courant. Tout comme Moctar Ouane,  Choguel a discouru sur le Plan d’action au lieu de le présenter directement dans l’esprit de l’alinéa 2 de l’article  15 de la Charte.

L’on se rappelle aussi que le Plan d’action de Moctar Ouane, tenu sous les manteaux, est resté indisponible pour le grand public jusqu’à ce jour. Comme Moctar Ouane, le Plan d’action de Choguel reste indisponible, même après son discours officiel de présentation.

Le restera-il à l’abri de la curiosité légitime des Maliens qui en sont pourtant les destinataires finaux ? Est-ce ainsi que va le Mali Kura promis qui est censé rompre avec les anciennes pratiques? Pourquoi le Plan d’action officiellement présenté au CNT par le chantre du Mali Kura n’est-il pas aussitôt mis à la disposition des citoyens maliens ?

Des bourdes au compte de l’improvisation  ou de carences réelles ?

La vision du chef de l’Etat:

En page 3 du discours, on prend en pleine figure une formule au relent laudateur comme au bon vieux temps des anciens régimes où tout se faisait au nom et pour le compte de “son Excellence Monsieur le Président de la République”: “Le Plan d’action du gouvernement (PAG) que j’ai l’honneur de vous présenter traduit la vision du Chef de l’Etat ….”. Choguel a carrément personnalisé le Plan d’action en le falsifiant en “vision du Chef de l’Etat”. Cette filiation paraît douteuse.

En vérité, le Plan d’action tire sa paternité de l’article 2 de la Charte  relatif aux missions de la Transition et surtout de la Feuille de route de la Transition conformément à son article 15  selon lequel ” le Conseil national de Transition adopte le Plan d’action de la Feuille de route de la Transition présentée par le Premier ministre”. Le Plan d’action n’est pas la vision du chef de l’Etat. N’en déplaise au Conseiller scribe aigri de n’avoir pas été ministre, qui aurait contribué à cette bourde.

  1. Des poursuites judiciaires engagées qui n’en finissent pas de s’engager

Le “ministre” Conseiller par défaut pourrait également avoir contribué à cette autre encore plus grave au titre du quatrième Axe du Plan d’action dit Quatrième thérapie ou l’on peut lire en page 9 : ” Les poursuites judiciaires sur les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako SERONT ENGAGÉES “. Le Premier ministre Choguel voudrait-il démentir le Procureur ?  Est-ce à dire qu’aucune poursuite judiciaire n’avait jusque-là été engagée contre ces tueries ? Ce genre de bourde est impardonnable s’agissant d’un sujet aussi sensible.

La sortie malencontreuse sur les Syndicats de l’Education

Comme une sortie de route, le Premier ministre s’est écarté de son sujet pour se crisper sur le dossier de l’article 39. En usant bizarrement d’une argumentation qui jure totalement avec les principes républicains de l’Etat de droit. L’argumentation erronée  et insoutenable de Choguel est de faire croire que l’article 39 demeure en vigueur malgré l’ordonnance contradictoire que le gouvernement vient d’édicter. Au même moment, il n’entend pas l’appliquer comme l’exigent les syndicats. Dire que l’article 39 n’est pas abrogé par l’Ordonnance 2021-003/PT-RM du 16 juillet 2021 sur l’harmonisation des grilles, relève tout simplement de la manipulation et du mensonge d’Etat.

L’article 39 rentre directement en contradiction avec cette Ordonnance.

Or, l’article 4 de l’Ordonnance dispose : “La présente ordonnance, qui ABROGE TOUTES DISPOSITIONS ANTERIEURES  CONTRAIRES, sera enregistrée et publiée au Journal Officiel”. De jure, l’article 39 est implicitement abrogé, car il est contraire à l’Ordonnance 2021. Que propose l’esprit du Mali Kura dans ce cas?

Dr. Brahima FOMBA/Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJP)

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1 commentaire

  1. Bravo cher Fomba. On comprend Choguel, il s’est pris au piège mortel de sa propre fureur contre un pouvoir légal. Et le hic, c’est quil ne pe faire mieux. M5 aurait dû désigner kelun dotre. les tribulations du PM ne font ke commencer hélas!

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