Le nouveau Premier Ministre : Cent jours pour convaincre

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Après trois ans à la Primature, Modibo Sidibé et son équipe érodée et écornée, ont montré leurs limites. Le besoin de changement du cartel gouvernemental défaillant s’imposait à l’évidence. Pour pasticher Ronald Reagan qui disait que l’Etat n’était pas la solution , il est le problème, le malien lamda a compris depuis belle lurette que ce gouvernement n’était pas la solution , il était le problème à nos malheurs. Le Prince de Koulouba a fait languir en faisant durer le suspens pour les raisons qui lui sont propres. Pendant environ un an, la presse nationale a fait du remaniement gouvernemental un tel sujet de fixation qu’il a fini par tomber dans la désuétude et le ridicule. Tel un couperet la décision tant attendue a fini par tomber.

Donner la grande impulsion à un gouvernement malade moribond, et sauver une fin de règne par une politique volontariste et vigoureuse tient de tours de passe passe politique qui n’est pas à la portée du commun des mortels. Pour réussir cette gageure, il convient d’avoir du génie mais aussi l’art de concilier les mouvements de douleur et de fureur pour transcender les obstacles et atteindre les résultats. Changer le statu-quo ne va pas sans faire de mécontents. Ce challenge, c’en est vraiment un, ne sera pas , à ne pas en douter une partie de plaisir. Pour ce faire, le nouveau PM a besoin d’une période de grâce. Nous donnons une période probatoire de cent jours à notre premier ministre Madame Cissé Mariam Kaïdama Sidibé pour nous donner une idée claire de ce qu’elle sait faire en politique. En politique, cette période de mise à l’épreuve d’un novice s’étend généralement sur cent jours suffisants pour juger de la capacité d’un gouvernement à faire face aux dossiers brûlants d’un pays. Nous l’attendons de pieds fermes sur la lutte contre la corruption, la reforme du service public, l’école, le foncier, les reformes institutionnelles, la préparation des élections présidentielles crédibles et transparentes. Les premières impressions des trois premiers mois sont importantes et durables. Donc la balle se trouve être dans son camp.

Sa personnalité, la composition de son gouvernement, sa volonté de changement et les résultats seront nos critériums de vérité pour en bien juger.

Première femme malienne à se hisser à un tel haut niveau de responsabilité politique, sa nomination est un camouflet à l’ego des phallocrates qui vont faire des pieds et des mains pour lui rendre son magistère très compliqué. Elle sera en butte à deux dangers: le machisme de la classe politique et le sexisme médiatique. On ne saurait balayer du revers de la main une conception mysogyne multiséculaire solidement ancrée dans le subconscient d’un peuple en passe d’être pris en otage par les islamistes. Pour se faire accepter, elle a donc besoin d’avoir une personnalité forte: une véritable amazone. En fait de courage mâle et guerrier, elle en a besoin. Elle se doit d’être une femme de poigne de fer et de séduction, d’énergie et de fermété pour commander et sévir.

Pour aspirer nettoyer l’écurie d’Augias qu’est l’administration publique malienne, il y’a lieu pour elle d’être une véritable dame de fer qui ne se gênerait pas aux entournures pour cogner par ci , par là , avec une main d’acier dans un gant de velours. Gardons nous de tout procès d’antériorité à son endroit. Accompagnons la avec notre pâteline onction et bénédictions. Point n’est besoin pour elle de mener une vie de cloître et de s’enfermer dans une espèce de monastère politique pour recevoir des leçons et des pressions des uns et des autres. Elle a besoin d’être une cheftaine autoritaire, volontaire et rétive qui refusera de se faire cabrer par un ATT dont le jeu de prédilection est d’offrir les autres en pâtures. Toute attitude de mollesse et de condescence de sa part serait des plus suicidaires. Nous osons espérer pour une fois que cette bonne dame ne sera pas offerte comme une offrande rituelle comme l’a été le VEGAL, sacrifice expiatoire d’une certaine politique machiavélique aux antipodes de toute moralité.

La composition de l’effectif de son équipe sera indubitablement le noeuf gordien de la rude tâche qu’est la sienne, la clef de voûte de l’action qu’elle entendra mener.

Nous convenons que l’héritage légué à la pauvre hère n’est pas des plus faciles à gérer. Robert Louis Stevenson, célèbre écrivain écossais, auteur de “L’île au trésor” disait que: ” Dans la vie, il ne s’agit pas nécessairement d’avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes”. Il tient des douze travaux herculéens que de changer le statu-quo au Mali en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ou l’écrire. S’il était demandé à Madame Cissé Mariam Sidibé de choisir parmis les épreuves herculéennes, elle se ferait tirer par les oreilles pour nettoyer l’écurie d’Augias qu’est notre administration publique pour lui en donner sa splendeur.

Comme dans la mythologie grecque, le prix à payer par elle en vue d’acquérir l’immortalité politique s’avère être la laborieuse misssion d’éradiquer la corruption, véritable frein mortel à notre développement. Comme dans la mythologie, les écuries maliennes n’ayant pas été nettoyées depuis bientôt vingt ans, il faudrait les bras vigoureuses d’une héroïne courageuse. Mais l’immensité de cette épreuve ne doit nullement refroidir ses ardeurs, sa volonté réelle et inébranlable à s’y essayer. En cas d’échec, l’immensité de la tâche l’excusera. Faire son possible est toujours possible.

Et enfin, les résultats mitigés ou probants atteints par notre nouveau PM n’entameraient nullement la sincérité de sa tentative si et seulement si elle privilégiait l’intérêt supérieur de la nation malienne dans le choix de son consortium et de ses orientations. En cas d’échec, c’est le pire que nous puissions lui souhaiter, elle tracerait les sillons creux et bien espacés d’une nouvelle ère politique pour la gente féminine au Mali.

Comparaison n’est pas raison. Cependant, souvenons nous d’une certaine Edith Cresson, détentrice de la palme du règne le plus éphémère sous la V République à Matignon. Elle était venue donner un coup de fouet à la politique agonisante d’un Mitterrand en fin de mandat. Elle a succédé à Michel Rocard après trois ans à la Primature. Souhaitons pour Madame Cissé Mariame que ce magistère ne soit un regrettable poisson d’Avril empoisonné consacré par un passage météorique à la Primature. Quelque soit le résultat auquel elle sera parvenue, l’histoire retiendra qu’au Mali, à travers l’élection de Madame le Premier Ministre, l’espoir est né. Puisse t-il dévenir la chose la mieux partagée pour les femmes maliennes! Amen.

Une contribution de Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey
USA
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com

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