Le Mali : un pays sans services de renseignements

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Dans le temps, le Mali était un modèle et un pays lumière dans la nuit noire des secrets. Cela en raison de son passé ésotérique, mais aussi et surtout de la qualité de ses services de renseignements. Il avait des services bien organisés et structurés autour d’objectifs clairs et précis. Des services dirigés par des hommes de qualité et de devoir qui avaient le sens de l’honneur et de l’Etat…

 

 

Aujourd’hui, il n’y a pas de secrets au Mali ; la plupart des Maliens se sont spécialisés dans la délation, le dénigrement et l’apologie. Aussi avons-nous des services de renseignements inadaptés au contexte actuel et à ses enjeux, des services vidés de leurs contenu et contenant, déviés de leurs missions et dirigés par des lobbies ethniques et affairistes, spécialisés dans la manipulation et le chantage. Ils font tout sauf leur boulot. Or, dans la guerre asymétrique que mène le Mali, son salut passe obligatoirement par la mise en place d’un Etat fort et de services de renseignements dignes de ce nom. On dit que «l’information gagne la guerre» en tout cas : «l’information est la marchandise la plus chère au monde, elle a plus de valeur que l’argent, car une bonne information au bon moment est inestimable». En analyse stratégique et opérationnelle, tous les spécialistes sont d’accord que l’âme et la colonne vertébrale d’un pays, ce sont ses services de renseignements ; ce sont ses derniers remparts et ses derniers recours envers et contre tout. Comme exemple, nous avons le cas de l’Algérie dans les années 1990 et actuellement celui de l’Egypte. Si le Mali est tombé aussi bas, c’est parce que depuis des années, nos services de renseignements ont été transformés en une officine privée, pour servir le prince du jour de même que ses acolytes à coûts de milliards de nos francs. Au Mali, nous avons plusieurs services censés jouer leur rôle d’avant-garde des intérêts du pays, mais hélas, ils brillent soit par leur amateurisme, soit par le népotisme et la corruption, soit par un manque de leadership de leurs responsables ! Le premier d’entre eux, le saint des saints, la crème, l’élite, est la fameuse Sécurité d’Etat.

 

 

Ce service obsolète et déliquescent, de par son appellation, son organisation, sa structuration, son fonctionnement, sa gestion et ses méthodes, ne répond plus aux enjeux réels et supposés du nouveau Mali. Et pour ne pas retomber dans les mêmes travers qu’avant, il faut nécessairement le réformer. Depuis des années, ce service qui doit protéger même les arbres du Mali, a étalé ses tares et ses faiblesses, montré son incapacité à jouer pleinement son rôle, or quand il faillit, il y a des hommes qui meurent, si ce n’est le Mali même qui trépasse ! Merci … pour la dette de Verdun !!!

Imaginez-vous un seul instant un service comme la Sécurité d’Etat, au sein duquel il n’y a ni cellule politique, juridique, médiatique, ni opération clandestine ; où on ne fait ni projection, ni analyse stratégique encore moins opérationnelle ; où il n’existe qu’une cellule antiterroriste que de nom car incapable d’interpeller un imam, et qui laisse filer sous sa main un terroriste de moindre envergure comme le Tunisien Smith. Un service en sous-effectif, sans mode opératoire, moyens adéquats, qui est piloté à vue au gré des événements !

 

 

Pendant toute la crise, ce service a brillé par son absence et son manque d’initiatives. Par exemple, lors des négociations de Ouagadougou en juin 2013, il y avait les services de renseignements du monde entier sauf ceux du Mali, le principal concerné ! On n’a vu son énigmatique Directeur à côté du vieux rescapé, entouré de certains bandits armés qu’à la fin de la transition, lorsqu’il s’agissait pour ce dernier et ses invités d’un soir de narguer encore une fois le bon Dieu et le peuple malien, pour pouvoir justifier la casse de la caisse des fonds spéciaux de la Présidence. Mais aussi, il s’est illustré de manière inopportune par son zèle et sa démesure, lorsqu’il interpella des hommes politiques et des journalistes, parce que, tout simplement pris au dépourvu, il était incapable de garder son sang-froid pour analyser la situation réelle du pays de façon lucide et agir en conséquence.

 

 

À côté de la Sécurité d’Etat, il y a les Renseignements généraux, très souvent, eux sont incapables de faire la différence entre l’information et le renseignement. Quant au Renseignement militaire, on dirait que ce dernier s’est spécialisé dans les fausses alertes, à cause du manque de sang-froid et de l’inculture de certains de ses agents. Seule les Directions de la Synthèse et du Renseignement de la Gendarmerie et de la police peuvent faire une vraie situation sur un événement. Or, ce ne sont pas des services spécialisés, mais très souvent ce sont nos services dits spécialisés qui plagient leurs rapports.

 

 

Pour le nouvel envol du Mali, il nous faut réformer nos services de renseignements ; il nous faut des hommes de l’ombre dont le labeur permette au Mali de guérir des blessures causées par les erreurs du passé. Les services maliens ont actuellement besoin de responsables intègres et indépendants, capables d’initiatives ; d’hommes capables de s’assumer en tous lieux et en toutes circonstances sans complaisance ni abus. Pas de béni-oui-oui, encore moins de faire-valoir. Ils ont besoin d’agents qualifiés dans toutes les couches et structures socioprofessionnelles de notre pays et même au-delà, des agents qui puissent garder une couverture et tenir leur langue devant l’argent, la bouteille et le pagne. Des agents qui ne se font pas dicter leurs rapports dans les salons feutrés par des adversaires indignes dans le seul dessein de salir l’autre pour garder des avantages et des postes. Oui, le Mali peut réussir le pari d’un Etat fort et vaincre ses ennemis, parce qu’il a des hommes qualifiés et dévoués à sa cause, des patriotes sincères qui se battent nuit et jour, souvent avec leurs propres moyens, pour le faire triompher. Même si au jour du mérite leur nom ne brille jamais au fronton de la République, ils sont conscients de leur rôle et sont imbus de leur «Malianité». Ce sont des femmes et des hommes intègres qui ne demandent rien que faire leur devoir de malien tout court, et pour cela, ils sont prêts à tous les sacrifices pour le Mali d’abord, pour sa grandeur, son honneur, sa dignité, et pour le bonheur de ses enfants. Que Dieu fasse que leurs sacrifices ne soient pas vains !

 

 

Et pourvu que le changement tant attendu ne soit pas un simple désir que l’on caresse et ressasse ! Et que vienne le temps du grand coup de torchon salvateur !

Bakary MARIKO, France

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3 COMMENTAIRES

  1. LE TIERS DES EFFECTIS DEVRAIT SUFFIRE POUR LE MALI !!!!!!!!

    En 2011, la DGSE employait 4 747 agents à temps plein[28]. Ces effectifs se répartissaient ainsi :

    1 259 personnels de catégorie A,
    855 personnels de catégorie B,
    1 308 personnels de catégorie C,
    558 officiers,
    750 sous-officiers,
    17 militaires du rang.

  2. monsieur Mariko vous êtes toujours dans la désinformation et dans l’ignorence!pour infos l’actuel directeur des renseignements malien est un spécialiste en la matière. Sachez que la S.E n’est pas une tribune politique ou il faut diffuser tout; vous êtes déconnecter de la réalité et c’est avec un grand plaisir que je vous annonce que pour la première fois dans l’histoire du mali que nous ayons un patron des renseignements discret;experimenté;specialiste.rare sont les maliens qui le connaisse et je pense que cela est une des qualités premières du rensegnement!comme vous le dite vous même il est énigmatique et vus le contexte actuel du mali je dirais que ce monsieur que je ne connais pas personnellement nous rassure.et pour terminer je dirais que la vraie reforme au mali devrait être celle du métier de journalisme…c’est une vraie catastrophe

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