Cette dernière décennie a été assez révélatrice des batailles géopolitiques autour de l’Afrique. La multiplication des sommets associant le continent aux pays ‘‘développés et prospères’’ (le dernier en date ‘‘US-Africa Leaders Summit’’) est en effet révélatrice de l’exacerbation en cours de la rivalité entre ces pays sur le continent africain. La question est de savoir comment les Africains pourront tirer profit de cette appétence des puissances anciennes et émergentes et faire en sorte que celle-ci se décline en opportunité. Le moment est certes opportun pour l’Afrique de tracer les sillons d’un nouveau partenariat avec le reste du monde. Cependant, le continent comptant 54 pays est loin d’être une entité unique. Malgré cela, il est de notre devoir en tant que citoyens de ces pays de reconnaître la nécessité des organisations régionales et les fondements d’un monde multipolaire qui permettent une coopération économique et politique. Nous devons travailler ensemble pour une intégration totale de nos différentes Communautés économiques sous régionales et pour qu’elles soient des forces politiques au service des citoyens et défendant de bonnes politiques de gouvernance ; mais aussi, pour la construction d’une Afrique unie, libre et harmonieusement démocratique parlant d’une seule voix. A défaut d’une intégration totale, chaque pays doit développer sa propre politique de sécurité nationale en tenant compte des Chartes des Communautés sous régionales et de l’Union Africaine. Conséquemment, le Mali doit se doter d’une politique extérieure moderne et pertinente.
Il va sans dire que nous faisons face à la mondialisation économique et financière. L’économie internationale est devenue en soi un objet de diplomatie, ce n’est plus l’accessoire de la diplomatie politique. Face à cette situation, notre obsession doit être de préparer et protéger l’avenir de la nation. Il s’agit d’ouvrir un nouveau chemin pour le Mali.
Nos politiques doivent désormais engager nos intérêts vitaux. Au milieu d’un monde bouleversé et troublé par l’éternel conflit des intérêts géostratégiques, notre pays doit unir toutes ses forces et toutes ses intelligences pour penser le rôle et la stratégie du Mali au 21ème siècle : préservation de nos intérêts, renforcement de la défense nationale, œuvrer pour une justice sociale et un développement durable. Nous devons pouvoir réaliser pleinement notre potentiel et parvenir à achever le cycle de la transformation tant souhaité. Cette nouvelle phase appelle une participation de notre peuple autour des objectifs de transformation structurelle et d’amélioration de la gouvernance. Il est important de dégager des stratégies pour le développement des ressources humaines nécessaires au développement économique et pour une bonne gestion de nos ressources naturelles afin qu’elles profitent prioritairement à nos populations dans leur ensemble, mais aussi obtenir l’effet de levier souhaité de nos politiques commerciales sur nos objectifs de développement.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons engendrer des méthodes diplomatiques nouvelles. Définir une politique de sécurité nationale sur laquelle s’articuleront les efforts de la diplomatie malienne. Établir des politiques bilatérales appropriées vis-à-vis des institutions de développement internationales et régionales, ainsi que des pays amis. La politique gouvernementale devrait aussi cibler le secteur privé pour attirer les investissements et accroître les relations commerciales. Il s’agira de mettre en place une diplomatie innovante adaptée aux réalités et à l’évolution du monde actuel.
Il est nécessaire de placer la diplomatie économique au même niveau que la coopération politique avec les États partenaires. Favoriser la promotion des investissements directs étrangers. Instaurer un lien fort entre le ministère des Affaires étrangères et les structures économiques et d’investissement qui sont au cœur de la promotion du Mali. Assurer la cohésion avec l’ensemble des partenaires nationaux et régionaux et établir le lien avec l’intelligence économique.
Les activités diplomatiques doivent être diversifiées en les étendant au-delà du cercle des diplomates professionnels. Le Mali doit disposer de diplomates qui ont une maîtrise parfaite des enjeux économiques et financiers du pays. Ils doivent être à même de proposer au gouvernement des solutions aux problèmes auxquels il est confronté et pouvoir les défendre devant nos alliés, nos partenaires bilatéraux, les institutions de développement et les forums de réflexion privés et publics. Les diplomates doivent faire valoir les intérêts nationaux par un usage judicieux des rouages diplomatiques. Ils doivent être capables de promouvoir les atouts économiques du Mali. D’où la nécessité de renforcer les capacités de nos diplomates en instaurant une formation continue pour leur permettre de mieux défendre les intérêts de notre pays avec des outils appropriés.
Il est impératif de mettre en place une diplomatie innovante adaptée aux réalités et à l’évolution du monde actuel afin de consolider davantage notre nation. Nous devons mettre en place des politiques de sécurité nationale pour permettre de mieux défendre les intérêts de notre pays avec des arguments valables et des solutions concrètes, mais aussi, d’assurer la promotion de notre Nation. Dans ce cadre, le Mali doit également engager une véritable offensive diplomatique en direction des partenaires du développement pour les informer et les mobiliser en faveur de la conclusion et du renforcement de la paix dans notre pays.
Ces engagements nous permettront non seulement de faire face à nos défis d’ordre géopolitique, économique et sécuritaire, mais aussi d’agir au mieux pour le rayonnement de notre nation dans le monde, pour sa pérennité, de son identité et de sa culture.
Cheick Boucadry Traoré
Bouga a nous de tirer notre épingle du jeu et je pense aussi qu’une integration Burkina Faso-Mali-Guinee est une solution pour le bonheur et la prospérité de nos peuples grands héritiers des royaumes et empires du Ghana, du Mande, du Songhoi, du Wasulu, du Kenedugu, de Segou, Macina, du Moro-Naba des Mossi, etc.
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