Dans une correspondance adressée à notre rédaction, le Général de police Niamé Kéïta, ancien Directeur général de la police nationale, dit tout sur les dissensions qui l’ont opposé à son ministre de tutelle, le Général Gassama. Selon lui, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a tout simplement désinformé le Président de la République, Chef suprême des Armées, en l’induisant dans l’erreur. Cette lettre fait suite à la diffusion sur les antennes de l’ORTM de l’émission Baroni au cours de laquelle le Président ATT a reçu des journalistes. Répondant à une question relative à la relève du Chef d’Etat major de la Garde nationale et des Directeurs généraux de la Gendarmerie et de la Police, ATT a dit que les deux premiers, ayant passé trois ans à la tête des structures qu’ils dirigent ont été remplacés. Quant à l’ancien patron de la Police, le Président ATT a dit qu’il a refusé de sanctionner raison pour laquelle il a été, à son tour, sanctionné. Lisez !
En janvier 2010, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection intérieure, le Général Sadio Gassama, m’a convoqué dans son bureau en me demandant de mettre fin à toute sanction disciplinaire et cela, suite à des entretiens qu’il a eus avec des syndicalistes de la police qui se plaignent de la rigueur. J’ai posé une seule question au ministre : "Les sanctions infligées sont-elles injustifiées ?". Pour toute réponse, le ministre m’ordonna de mettre fin à toutes les sanctions. Ce qui m’amena à une seconde question : "Dois-je surseoir même aux sanctions relatives aux cas de braquage et de détournements ? " Le ministre a répondu par l’affirmative. Alors, j’ai répliqué que cela se passerait après moi et pas tant que je suis le Directeur général de la police nationale.
Après avoir informé le Contrôleur général Yahaya Sangaré et l’Attaché de Cabinet du ministre, j’ai rejoint mon bureau. Dans la même semaine, le Général Gassama provoqua une réunion avec pour ordre du jour : l’insécurité dans le District de Bamako. A la réunion, nous avons été surpris que, dans la salle, le ministre demande à chacun de dire ce qu’il veut. C’était de la préméditation. Les éléments de la Compagnie de circulation routière (CCR), à tour de rôle, se sont soulevés contre la rigueur et la présence quasi permanente du Directeur général, de jour comme de nuit. Ma réplique sur la demande du ministre à desserrer l’étau est restée sans équivoque : "Je mettrai de l’ordre dans la police".
Concernant les syndicalistes, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a déclaré à tous les niveaux que c’est le Directeur général de la police qui a créé la nouvelle section syndicale. Je ne suis pas un Officier félon, encore moins un traitre. Je suis issu d’une grande famille digne, ayant un sens élevé pour l’honneur et la dignité. Je suis malinké de père et de mère. A la différence d’un porte-galon félon, menteur et traître, qui ose induire dans l’erreur en faisant de la rétention par rapport aux sanctions des syndicalistes. Contrairement à ce qu’il a rapporté au Président de la République, les syndicalistes ont été sanctionnés et je suis prêt à diffuser les documents y afférents.
M. le Président, je ne peux pas vous mentir et je ne peux guère vous trahir compte tenu du cousinage sacré qui lie Kéïta et Touré.
Après la fameuse rencontre à l’Ecole de police, le ministre Gassama, assisté de deux de ses collaborateurs, m’a reçu. Selon le Général Sadio Gassama, il ignorait toute cette situation quand bien même c’était prémédité. D’après eux, le pays a changé et pourquoi moi je continuerai à travailler de cette manière alors que je ne suis plus loin de la retraite et que le pouvoir en place est terminé. Ma réplique a été que ma nature ne me permet pas ce genre de comportement qui consiste à faire semblant d’être avec quelqu’un et le poignarder dans le dos.
Dans mon for intérieur, je suis profondément attaché aux valeurs culturelles qui existent entre les Touré et les Kéïta et je reconnais tout ce que le Président Touré a fait pour moi. Déjà, en 2003, j’avais refusé de revenir dans la police après 12 ans de détachement et son corrolaire de pression, de persécution, de marginalisation, 9 ans avec le grade de Commandant sans compter le refus de me dédommager après les casses consécutifs aux événements du 26 mars 1991 dont j’ai assez de détails. A suivre !
Général Dibi Niamé Siriman Kéïta