I. Contexte et Problématique
Le présent article cherche à répondre à une question toute simple, quand on s’imagine que, lorsqu’on dévalue le FF, le F CFA se trouve être de fait dévalué, alors que le F CFA peut encore être dévalué par rapport au FF donc sans toucher au FF.
Quand on sait que le F CFA n’a aucune existence en dehors du FF, l’article examine la situation de double peine qui se trouve être infligée aux populations africaines utilisatrices du F CFA et cherche à savoir, parmi les deux types de dévaluation envisagés pour le F CFA, lequel devrait donc correspondre à la bonne dévaluation, et à quoi correspondrait l’autre dévaluation du F CFA, c’est-à-dire celle qui n’est pas la bonne dévaluation ?
II.
III. Les faits
3.1. Le Franc français (FF), une monnaie faible et fragile sur les marchés
Au début des années 1980, le franc français connaît trois dévaluations, reflétant des préoccupations internes à l’économie française, en ce qui concerne l’inflation interne, la perte de compétitivité et la lutte contre la fuite des capitaux. C’est ainsi que le FF a subi successivement les dévaluations suivantes :
• en octobre 1981 de 3 % ;
• en juin 1982 de 5,75 % ;
• puis en mars 1983 de 2,25 %.
Ainsi, globalement, le franc français, même s’il se stabilise sur les marchés des changes, en attendant d’être à nouveau dévalué de 3 % le 6 avril 1986, est apparu comme une monnaie plutôt faible.
À partir du 1er janvier 1999, le franc est remplacé par l’euro dans le cadre des transactions bancaires (finance, cartes bancaires et chéquiers) puis, le 1er janvier 2002, les pièces et billets libellés en franc sont remplacés par leurs équivalents en euro au taux de conversion fixé à : 6,559 57 FRF = 1 euro.
Il convient de noter qu’il est effectivement question ici de taux de conversion et non de parité ou de taux de change entre l’euro et le FF qui gardent le même type de relation qu’entre le FF et le FCFA depuis toujours.
3.2.
3.3. Les répercussions de la dévaluation du FF sur le F CFA
a) Les Illusions de monnaie faible ou de monnaie forte
Au plan des déclarations émotionnelles et de circonstances, personne n’avait jamais entendu parler de l’arrimage d’un F CFA à un franc français faible et fragile sur les marchés qui favoriserait l’économie des pays utilisateurs du F CFA.
Cependant, après la dévaluation de cette monnaie en 1994 et le remplacement du FF par l’euro, constitué au départ comme un panier de devises européennes, la déclaration de monnaie forte apparait dans un langage, désormais coutumier, de ces mêmes économistes spécialistes du F CFA, et selon lesquels, l’euro étant une monnaie forte, et l’économie des pays africains, une économie faible, alors l’arrimage du F CFA à l’euro constitue un frein à l’émergence économique de ces pays utilisateurs du F CFA.
Par conséquent, proposeraient-ils un décrochage du F CFA de l’euro, ou encore la dévaluation du F CFA, pour rendre cette monnaie compatible avec le niveau de développement des pays, ce qui laisserait apparaître pour argent comptant l’histoire d’un dérochage qui n’aura historiquement jamais eu lieu, tout en laissant envisager une conclusion, somme toute arrêtée d’avance, consistant à dévaluer le F CFA.
Ce faisant, pour avoir préparé des esprits déjà conditionnés par cette somme de tautologie, l’idée de dévaluation du F CFA apparaitra alors comme un choix volontaire et courageux de la part de responsables africains, visiblement restés jusqu’ici dubitatifs à accepter de porter un tel honneur, si s’en était vraiment un.
b) La dévaluation du Franc entraînant celle du FCFA
Nous savons qu’avec la relation fixant le FF à 50 F CFA, il est immédiat que si le FF est dévalué, alors le F CFA se trouve mécaniquement dévalué du même taux. Ainsi, toutes les quatre dévaluations du FF de 1981 à 1986 ont été systématiquement appliquées d’office au F CFA.
Cependant, l’histoire nous apprend que la dévaluation du franc en 1948 n’aura pas été appliquée au F CFA, ce qui permet de comprendre que rien n’obligerait en réalité les populations africaines à être exposées aux effets néfastes de la dévaluation du franc.
En effet, en 1948, la dévaluation du franc n’a pas été appliquée au F CFA, qui a été porté de 1,7 franc à 2 francs, permettant ainsi de protéger le pouvoir d’achat des colons installés en Afrique. A cet effet, l’Etat français qui accordait aux colons un bonus de 70 % pour tout franc apporté à la métropole, a porté ce bonus à 100 % lors après la dévaluation du franc de 1948, faisant donc du F CFA le double du franc.
Vous comprenez ici, le rôle de décompte des valeurs en France, qui est assuré par le franc, l’unité de valeur, et le rôle d’instrument de mesure effectuée dans les colonies au moyen du F CFA, désormais défini comme étant le double du franc. Le nouveau taux de conversion du F CFA en franc permettait ainsi à la France, d’assurer la protection de ses intérêts coloniaux dans les colonies, une protection qui ne devrait pas faiblir avec les indépendances dans les pays issus de ces colonies.
C’est pourquoi, si par expérience, rien n’obligeait à répercuter sur le F CFA les dévaluations du franc français, la perpétuation de la protection des intérêts coloniaux justifie à elle seule cette situation, ainsi que nous allons l’examiner ci-après.
c) Répercussions systématique de la dévaluation du FF sur le F CFA
La répercussion systématique de la dévaluation du Franc sur le F CFA va être d’autant plus facilement acceptée qu’elle semblerait découler la relation entre le Franc français et le F CFA avec 1 FF= 50 F CFA, qui montre que la variation relative du FF et celle du F CFA sont les mêmes, ce qui maintiendrait de force les pays issus des colonies dans un effort d’assainissement de l’économie française.
Malheureusement, en tenant compte du fait que ces pays africains étaient tenus de transférer plus de 65 % de leurs devises à la France en échange des francs, une monnaie faible et soumise à des dévaluations répétées, alors ces pays se sont trouvés exposés de plein fouet à une déperdition financière brutale consécutive à la dévaluation du franc qui représente pour la France, une grande plus-value du fait d’une revalorisation des devises déposées par les pays africains en termes de francs. Il s’ensuit, comme si ces pays africains étaient tenus de nourrir des poules qu’ils ont mises à la disposition de la France qui en hérite en même temps des œufs.
D’où la situation de double peine pour les populations africaines qui perdent des ressources importantes lorsque la France dévalue son franc, une déperdition financière qui vient encore s’ajouter à celle consécutive à la dévaluation du F CFA, ainsi que nous examinerons cet aspect ci-après.
3.4. La dévaluation du FCFA de 1994 par rapport au FF
La dévaluation de 1994 du F CFA par rapport au FF constitue une décision qui, plus de 27 ans plus tard, manque toujours de paternité, les pays africains en ayant toujours rejeté la responsabilité sur la France, qui, aidée en cela par les institutions internationales de la Banque mondiale et du FMI, n’a pas arrêté de saluer le courage des Présidents africains qui auront pris, selon elle, une si difficile décision.
Une telle situation, à notre avis, est révélatrice d’un gros malaise, car cachant à peine une impuissance notoire des dirigeants africains, qui sentent comme par prémonition les conséquences dangereuses d’une décision qui leur est imposée et inédite.
Ils n’auraient pas tort, puisqu’ à l’analyse, il nous est apparu que les origines de ce mécanisme de dévaluation du F CFA, inconnu des Africains, sont lointaines et solidement établies dans une sordide tradition gauloise qui faisait que les Rois de France s’assuraient le financement de leur Trésor à travers des manipulations monétaires de l’Ecu, une troisième voie, souverainement établie aux côtés de l’imposition et de l’endettement.
En effet, à cette époque, dans le Royaume de France, les Rois, à travers un bicéphalisme monétaire fondé sur l’usage de l’écu et de la Livre Tournois, l’écu étant défini comme une quantité de Livre Tournois, fixe mais par la suite modifiable toujours à la baisse, récupéraient la différence de métal précieux lors de la refrappe des nouveaux écus toujours plus petits.
Le montant récupéré constituait les droits seigneuriaux qui servaient à alimenter le Trésor Royal par cette troisième voie décidée à la seule initiative du Roi et qui venait ainsi s’ajouter aux deux voies traditionnelles de l’imposition et de l’endettement.
Ce troisième mécanisme de financement du Trésor Royal a été aboli avec la révolution française par le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795), qui a institué la monnaie unique dans l’économie nationale, le franc, doté de son dixième, appelé décime, et de son centième, appelé centime, en remplacement de la Livre Tournois, tout en bannissant de fait l’instrument de cet mécanisme, à savoir l’Ecu, cette monnaie fictive qui était soumise souverainement à la diminution souveraine par le Roi.
Malheureusement, cette approche de monnaie fictive a été rappelée à la pratique par le Général De Gaulle en 1945, soit 150 ans après avoir été interdite, en appelant F CFA ce qui n’était que l’Ecu, mais en le plaçant dans les colonies, puis plus tard en le maintenant dans les pays issus de ces colonies, exposant ainsi les populations utilisatrices du F CFA à cette expropriation héritée des ancêtres Rois gaulois.
Il convient de savoir que cette pratique reste inconnue dans le monde entier, à l’exception du Royaume de France, initiateur de cette pratique, dont nous expliquerons et établirons le mécanisme frauduleux et extrêmement pervers.
Il s’agit donc là d’une partie de l’histoire de la France, certes honteuse car faite de fraude et d’injustice au sommet de la hiérarchie sociale, qui reste commune avec les pays africains, restés maintenus dans la survivance d’une pratique esclavagiste, dont les populations gauloises auront été les frais pendant plus de 400 ans.
C’est pourquoi, nous devons éviter de confondre les autorités françaises avec la population française, lorsque les comportements xénophobes et esclavagistes de la France sont dénoncés en Afrique, où les populations vivent les mêmes calvaires que les populations françaises d’une certaine époque du fait des mêmes dirigeants politiques français.
En effet, c’est cette pratique de diminution de l’écu, qui fait remplacer à l’usage le F CFA à 0,02 FF par un autre FCFA à 0,01 FF, qui a été appelée dévaluation de 50 % du F CFA par rapport au FF, cette monnaie de surcroit faible et fragile, qui n’aura pas fini de se déprécier et d’être dévalué au cours du temps jusqu’à sa disparition à la faveur de l’avènement de l’euro en 1999, d’où la double peine des populations utilisatrices du FCFA, un point que nous allons examiner ci-après.
IV. La double peine des populations utilisatrices du F CFA
Alors que l’expression « la dévaluation » laisserait comprendre qu’il s’agit d’une pratique connue pour être unique et précise, nous venons de constater l’existence de deux types de dévaluation en ce qui concerne le F CFA :
• le premier type de dévaluation du F CFA, qui est consécutive à la dévaluation du franc français, une décision souveraine française, qui fait constater la dévaluation du franc par rapport à toutes les monnaies du monde, sauf le F CFA, ce qui laisserait comprendre que ce F CFA ne serait pas une monnaie étrangère par rapport au Franc ;
• le second type du F CFA, qui concerne la dévaluation du F CFA par rapport au franc français, intervenue en 1994, qui consacre la dévaluation du F CFA par rapport à toutes monnaies du monde, le FF compris, et même le F CFA aussi, ainsi que nous pourrons le vérifier ci-après.
•
4.1. Sur le premier type de dévaluation du F CFA
Il apparait clairement le franc français et le F CFA relevant de la même autorité française ne sauraient être considérés comme des monnaies étrangères l’une à l’autre.
Par conséquent, le premier type de dévaluation du F CFA, à savoir celle qui est consécutive à la dévaluation du franc français, est celle qui correspond à la vraie dévaluation, car il montre que le
F CFA, comme son support, le franc, sont dévalués par rapport à toutes les monnaies du monde.
4.2. Sur le deuxième type de dévaluation
Sur le deuxième type de dévaluation, en déclarant dévaluer de 50 % le F CFA par rapport au franc, il est important de constater qu’une telle déclaration ne correspond pas à la pratique habituelle de la dévaluation, car la dévaluation d’une monnaie est une décision aveugle, qui s’exerce sur toutes les monnaies du monde de façon identique, mais pas de façon discriminatoire vis-à-vis d’une monnaie fixée.
Il est ainsi facile de comprendre que cette déclaration de dévaluation qui consiste en réalité à remplacer à l’usage un F CFA à 0,02 FF, par un F CFA à 0,01 FF constitue une erreur, ainsi que le prouve l’histoire monétaire du Mali, une erreur dont les conséquences dangereuses rendent nécessaires d’approfondir la connaissance relative à la monnaie et à son rôle dans l’économie.
a) Remplacer à l’usage un F CFA à 0,02 FF, par un F CFA à 0,01 FF : une grave erreur.
En effet, tout comme le centimètre et le double centimètre existent en représentant deux quantités distinctes de la même substance, le mètre, la monnaie de 0,01 FF et la monnaie de 0,02 FF existent en représentant deux quantités distinctes de la même substance, le FF.
Ces deux entités peuvent exister indépendamment dans l’économie, l’une sans l’autre, ou les deux en même temps, chacune d’elle ayant un rôle spécifique dans l’économie, ainsi que le Mali en a fait l’expérience en 1983-84.
C’est ainsi, que le Mali à cette date, cherchant à adopter à l’usage le F CFA, la monnaie de 0,02 FF, en remplacement du FM, la monnaie de 0,01 FF alors circulation, a mis en circulation ces deux monnaies en même temps pour un temps d’adaptation, pour ensuite retirer progressivement de la circulation la petite monnaie, le FM, sur la base de 2 unités de FM données en échange pour une unité de F CFA, laissant finalement libre cours au seul F CFA.
Cette expérience riche du Mali mérite d’être connue et enseignée, car porteuse d’une évolution supersonique dans la connaissance de la monnaie et de la mesure en économie. En effet, elle permet de comprendre le rôle de chacune des unités monétaires, qu’il s’agisse du FF, du F CFA à 0,02 FF ou à 0,01 FF et de mieux expliquer la pratique des Rois du moyen-âge pour montrer qu’il ne s’agissait pas en la matière, d’une bonne expérience à reproduire, car empreinte d’ignorance et cachant à peine une grosse arnaque de la population utilisatrice de leur monnaie.
En effet, on comprend mieux l’attitude de la France, elle qui est habituée aux manipulations monétaires, d’avoir choisi, pour la première fois, en 1983-84 de jouer franc jeu au Mali en respectant l’équivalence qui existe logiquement ces deux monnaies de 0,02 FF et de 0,01 FF, une équivalence qu’elle préfèrera ignorer pour s’adonner à son jeu favori de prélèvement des droits seigneuriaux, surtout lorsqu’elle aura étendu son piège à un plus grand nombre de pays, notamment au sein de l’Uémoa, ainsi que cela fut le cas en 1994.
Ainsi, pour avoir reçu en 1983-84, de la future population utilisatrice du F CFA du Mali, 2 unités de la monnaie de 0,01 FF en 1983-84 en échange d’une unité de la monnaie de 0,02 FF, la France, dix ans plus tard, en 1994, va recevoir de toute la population utilisatrice du F CFA une unité de la monnaie de 0,02 FF en échange d’une unité de la monnaie de 0,01 FF, au cours d’une opération qu’elle va dénommer « dévaluation du FCFA ».
Chacun peut très bien ouvrir les yeux, en dehors de toute théorie sophistiquée enveloppée dans une érudition qui s’auto-entretient, pour comprendre le jeu à partir du moment où le principal acteur voudrait embarquer tout le monde. Tout le monde s’est laissé embarquer, sauf un malinké, son ami peulh ayant refusé cette fois-ci de l’accompagner.
b) Une voie d’approfondissement de la connaissance de la monnaie
Il faut comprendre, qu’en mettant en circulation en 1983-84 deux monnaies le FM à 0,01 FF et le F CFA à 0,02 FF, le Mali a montré qu’il peut exister plusieurs prix dans l’économie, pour traduire une seule valeur.
Ainsi, un prix de 100 FM était également affiché à 50 F CFA les deux prix désignant la même valeur de 1 FF qui s’écrit : 100*0,01 FF ou 50*0,02 FF, chacun de ces calculs donnant un résultat égal à 1 FF, représentant une quantité de FF ou d’étalon et désignant la valeur commune, qui est donc mesurée au moyen des unités de mesure que sont le FM et le F CFA, équivalents du centième de l’étalon FF et les deux centièmes de ce même étalon. Ces unités de mesures sont appelées numéraires.
Ainsi, le prix est la mesure de la valeur comme quantité d’un numéraire, représenté par le F CFA ou bien le franc malien. Il apparait donc ces deux instruments de mesure respectent des règles d’utilisation comme tout instrument de mesure, qu’il faut savoir protéger de la fraude.
En conclusion fondamentale, les instruments monétaires, loin d’être considérés comme des instruments de souveraineté soumis à la volonté du prince, sont des instruments dont les règles de manipulations s’imposent à l’autorité et cela pour des raisons d’optimalité économique et même plus, en termes de droits économiques des personnes.
c) De la manipulation frauduleuse de la monnaie
Ainsi, faut-il donc savoir, que la diminution des poids et mesures, qui est une pratique de fraude, connue dans les pesées avec des balances habituelles sur le marché, est encore praticable lorsque l’autorité monétaire donne la petite unité de mesure à la population pour lui reprendre la grande.
En effet, il apparaît, à l’analyse, que c’est par ce moyen de fraude, que le Roi, au moyen-âge français, recouvrait ses droits de seigneuriage, représentant en réalité un produit de fraude, que la Révolution française aura donc raison d’abolir en 1795.
Ce faisant, en reproduisant la même pratique sur le F CFA, au nom de la dévaluation, la France applique la diminution des poids et mesures en violation des règles d’utilisation de l’instrument de mesure. En effet, en procédant ainsi, elle expose les populations utilisatrices du F CFA, à une expropriation forcée en leur reprenant, à titre d’exemple, une valeur de un milliard de F CFA, soit 20 millions de FF, qu’elle leur compte désormais pour un milliard de FM, soit une valeur de 10 millions de FF, empochant ainsi la différence de un milliard de FM, soit encore 10 millions de FF, ainsi que le faisaient les Rois gaulois.
d) De la perturbation des prix
De plus, sur les marchés, les prix, désormais mesurés dans une unité de mesure deux fois plus petites, vont nominalement être orientés à la hausse, mais sans pouvoir atteindre le niveau double autorisant l’équivalence avec les anciens prix, ainsi qu’il est facile de se rappeler de l’expérience du Mali en 1983-84.
Ce faisant, à la suite de la manipulation frauduleuse, il y aura une perturbation des prix, qu’on croirait être en augmentation alors qu’ils sont réellement en baisse, une baisse inévitable du fait de l’appauvrissement des populations qui auront été expropriées de la moitié de leurs ressources monétaires.
e) De l’idée de double peine pour les populations utilisatrices du F CFA.
En fait, non seulement ces populations africaines subissent des déperditions financières lorsque le franc baisse ou est dévalué, et en plus, sur le peu d’argent qui leur reste, avec la mesure de fraude subtilement et intentionnellement appelée dévaluation, peu importe par qui, ces populations se font piquer leurs ressources financières fraiches, qu’elles croyaient avoir mises en sécurité auprès de la France.
Ce faisant, autant que les populations gauloises qui ont pu faire les frais de cette même pratique durant plus de 400 ans dans le Royaume de France (1360 à 1795), ces populations africaines ne font que commencer leur descente aux enfers, qui ne serait donc pas prêt de s’arrêter.
Cependant, en comprenant désormais que la sécurité des fonds africains placés auprès de la France devient synonyme d’insécurité absolue face à cette pratique avérée d’abus de confiance et même de crime organisé que le partenaire français aura érigé au rang de technique de coopération financière, il devient donc trop clair que la France aura réduit à sa plus simple expression la confiance dont elle pouvait être créditée, et sans laquelle rien de durable ne peut être encore construit.
V. Diminution des poids et mesures dans l’histoire en économie
Nous avons vu le caractère frauduleux de la décision de ramener le F CFA à sa propre moitié, dans l’ignorance qu’il s’agissait de la diminution des poids et mesures en prenant.
Nous allons voir que la diminution des poids et mesures peut être actionnée dans aucune intention de fraude, et sans dévier de son caractère contreproductif, ainsi que l’histoire des USA a pu nous en livrer la parfaite illustration.
En effet, en 1933, recommandation avait été faite au gouvernement américain, sur proposition de George F. WARREN , d’acheter de l’or à des prix qui augmentaient, dans l’optique de relancer l’économie.
A l’expérience, les résultats obtenus ont été jugés décevants, comme le constate le professeur J. K. Galbraith, selon lequel tout s’était révélé faux.
Il faut remarquer, qu’à l’époque, en 1933, le système monétaire américain était fondé sur l’or en tant qu’étalon. Ainsi, l’or connaissant un cours croissant, le dollar US exprimant l’unité de mesure représentait, en termes d’or, son étalon de référence, une sous unité petite et de plus en plus petite au fur et à mesure que le cours de l’or augmentait.
Ainsi, à la pratique, tout se passait comme si le système monétaire américain remplaçait une grande unité de mesure aux mains de la population par une plus petite unité, pratiquant dans les faits la diminution des poids et mesures, sans avoir procédé intentionnellement à aucune manipulation à la différence des Rois français qui fabriquaient le schéma de fraude.
Comme résultat, il s’est ensuivi une manne d’argent imprévue qui a été transférée au Trésor américain qui l’a ensuite utilisée pour créer le fonds de stabilisation du cours du dollar, ce qui en dit long sur l’immensité de cette somme, montant qu’on ne saurait dissimuler sans une grande dose de malhonnêteté intellectuelle.
Ce montant correspond, en pratique, aux droits de seigneuriage que les Rois de France récupéraient au moyen-âge à la suite de la diminution de l’écu, ou encore aux ressources des populations des pays africains utilisateurs du F CFA que le Trésor français soustrait de l’attention de ces pays sans leur souffler mot, ainsi que ces ressources ont pu être générées dans les mêmes circonstances cas en 1994 lors de la diminution du F CFA.
A l’analyse, le fait de retirer une telle manne de la circulation ne pouvait avoir comme conséquence que la déflation et le ralentissement économique, tout le contraire des attentes du gouvernement américain en termes de relance intérieure ou de crédit à l’économie.
C’est pourquoi, en janvier 1934, un nouveau cadre juridique demandé par le Président américain aura permis au gouvernement américain, à la différence des dirigeants français, d’affecter le montant imprévu reçu à la création un fonds destiné à acheter et vendre des devises selon les besoins de la stabilisation des changes ».
Conclusion
Par la traîtrise d’un Général peu reconnaissant des efforts des populations africaines consentis en faveur de la France, les populations africaines utilisatrices du F CFA se retrouvent victimes de la double peine que leur inflige le F CFA, la réplique de cette monnaie fictive anciennement utilisée dans le moyen-âge français sous le nom de l’écu par les Rois fainéants.
En effet, l’écu, cette monnaie fictive a été rappelée à la pratique par De Gaulle en 1945, soit 150 ans après son interdiction, en l’appelant F CFA et en le plaçant dans les colonies, et plus tard dans les pays issus de ces colonies.
C’est ainsi, que les populations utilisatrices du F CFA se sont retrouvées aujourd’hui exposées à cette expropriation héritée des ancêtres gaulois, restée malheureusement inconnue comme pratique en dehors de la France, où elle demeure encore comme une arme sécrète, du domaine réservé et strictement privé, qui n’aurait que peu de chance d’intéresser en dehors du cercle restreint des initiés du pouvoir en .France.
D’où l’intérêt de la recherche en économie pour comprendre ce qui se fait dans l’entreprise sans y mettre le pied, mais uniquement en interrogeant sur ce qui y entre et ce qui en sort.
Ainsi, nous avons pu mettre au clair une partie de l’histoire cruellement injuste de la France qui est malheureusement devenue, par la force des choses, commune avec les populations pays africains auxquelles elle aura été imposée par tous les moyens visibles et invisibles, dont on comprend mieux maintenant le pourquoi.
La série des sept livres que nous avons rédigés de 2002 à 2020 visent justement à expliquer les défaillances d’un système économique injuste et dégradant, car dépourvu de toute norme de justice et d’équité, ignorant la mesure sans laquelle aucun droit économique ne peut être connu pour être reconnu avant d’être défendu.
Il ne s’est donc pas agi de critiquer des défaillances d’un système poreux, mais de proposer des solutions simples, crédibles et vérifiables car dotées de la mesure, dans le cadre de ce que nous avons dénommé l’Economie scientifique, c’est-à-dire l’économie dotée de la mesure et d’une norme de justice et d’équité.
Ainsi, sur la base de simples mesures que confère la lecture des informations produites au moyen des instruments de mesure que sont les instruments monétaires du F CFA et du FF, puis de l’euro le remplaçant du FF depuis 1999, il est apparu, que de 1948 à nos jours, si nous considérons que les populations africaines utilisateurs du F CFA étaient toujours réunies avec les Français autour d’une grande calebasse de lait pour le boire, la cuillère détenue par les africains est passée du double de celle détenue par les français en 1948 pour devenir aujourd’hui 655,9 fois plus petite que celle détenue par ces mêmes français. Donc sur la période, cette cuillère des Africains serait divisée par plus de 1310 par rapport à celle détenue par les français.
Voilà donc un peu ce que réserve le système actuel du F CFA, dont il convient de s’interroger sur la finalité à long terme, avant qu’il n’arrive à proposer aux populations africaines ce qui ne sera qu’une fourchette à la place de la cuillère actuelle pour continuer à boire ce lait ensemble avec les amis français, une amitié que le Feu Président Bongo aimait comparer à l’amitié du Cavalier avec son Cheval, en regrettant, que le rôle de cheval ne fût que celui des Africains.
Dr. Lamine KEITA
(Économiste)
(Plutôt convaincu du rapprochement des peuples à travers la science et la culture éloignant de l’homme ses ignorances et de ses fantasmes).