Le désert comme dessert…

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Nous le savions depuis Max Webber que le monopole de la violence, la violence légale s’entend, appartient à l’Etat. Il l’exprime  à travers sa police, il l’exprime à travers son armée et son arsenal juridique. Les citoyens concèdent à l’Etat ce monopole là en contrepartie d’une paix civile et de la garantie de protection de leurs biens matériels et physiques. Lorsque l’Etat faillit de garantir cette contrepartie, hé bien, les citoyens réclament une partie de ce monopole et, cela se traduit, malheureusement, dans l’accroissement des crimes, dans la recrudescence du banditisme et souvent au prix fort d’une guerre civile. Aujourd’hui, la question essentielle et fondamentale que nous devons nous poser ici au Mali est la suivante : En quoi l’Etat malien a-t-il failli pour que le citoyen, qu’il soit du septentrion ou de quelque fief qu’il s’agisse, décide de se faire ou de se rendre justice ?

Mr Chérif Haidara, USA

Mais c’est bien parce que dans cette crise sécuritaire au nord du Mali, ce régime a failli sur toute la ligne. Il a failli sur le plan diplomatique, il a failli sur le plan militaire et, à la fin, de façon impardonnable, il a failli politiquement permettant ainsi la résurgence des sentiments primaires se traduisant par la chasse à l’homme « noir » au nord du Mali et à l’homme « rouge » au sud du pays. Bref, il a permis à ce qui devait être une nation malienne tout court de s’identifier en termes de régions et de couleur. Quel  gâchis ! Quel malheur !

Le trop plein  et le ras-le-bol du camp militaire de Kati qui déversent actuellement sur Koulouba, Bamako et au-delà étaient trop bien prévisibles d’une fin de règne décennal d’un régime fait de rafistolage, de compromission et de distribution d’honneur Cristophien. La fin ne justifie t-elle pas les moyens ?  Au soir du régime du Général ATT, nous avons bien dit GENERAL, nous devons avoir le courage de dire qu’il laissera un pays qui continuera à méditer  sur son futur et sur son destin. Car l’espoir, quand il est assassiné, vivre devient vivoter. Nous n’avions cessé de dénoncer la légèreté de ce pouvoir dans sa gestion hasardeuse et  « à la malienne » des affaires depuis des lustres. Dans le mot écrivain, il y a le préfixe écrire et le suffixe vain. Nous avions donc écrit en vain, nous avions alerté en vain mais, le molosse ne change pas sa manière assise.  Lorsqu’une force est exercée sur des maillons, c’est bien le plus faible des maillons qui cède à la pression. Dans tous les accords signés en vu de résoudre les problèmes sécuritaires au nord Mali, l’objectivité nous impose la faiblesse du pouvoir malien. Pourquoi ni la Mauritanie, ni le Niger ou l’Algérie ne sont menacés dans leur intégrité territoriale ? Pourquoi les prises d’otages doivent elles généralement se résoudre sur le territoire malien ?

Les bandits, depuis Al Capone, savent qu’on obtient toujours assez avec un mot gentil et un flingue qu’avec un simple mot gentil. Depuis la transition d’entre 1991 et 1992 passant par la décennie Alpha O. Konaré, le Mali n’a pas su distinguer d’entre ses fils aux doléances légitimes et ceux avec des revendications  irrédentistes. Il continue, sous le patron de la transition aujourd’hui président, à confondre compromis politique et compromission. L’identité est aux nations ce que la personnalité est aux hommes, il ne peut avoir de compromis sur ce qui fait du Mali cette particularité, cette mosaïque raciale et ethnique.

Faire de la politique c’est prévoir dit-on. Quelles étaient les prévisions du gouvernement malien au cas où tous les accords signés ne seront pas ultimement respectés comme ce le fut depuis toujours ? Sachant que le bouillant et feu Colonel libyen avait une certaine emprise sur un certains nombres de « combattants », que planifiait le gouvernement du Général au cas ou Kadhafi s’effaçait du radar politique sahélien comme ce le fut en Octobre dernier avec l’hypocrisie, c’est vrai, des donneurs de leçon occidentaux ? Le hasard et les invocations ne sont pas des méthodes de juguler une crise aussi endémique que profonde. Mon général les prières de ceux ayant de gros canons sont généralement vite exhaussées. Est ce faire une révélation ici ? Pendant que nous y sommes, est ce la seule responsabilité du très conciliateur jusqu’à l’autisme président que nous devions dénoncer ? Est-ce la classe politique malienne dans son ensemble que nous devons interpeller surtout en cette année d’une élection si critique ? Ne doit-on pas dire quelques mots à l’endroit de ce peuple si résigné, si fataliste et si nostalgique d’une époque, certes charnue de son histoire, restée dans les consciences populaires mais qui ne définit plus, malheureusement et au désenchantement d’une minorité valeureuse, le malien contemporain ? C’est pourtant l’alchimie de tout cela qui explique la nouvelle culture malienne trempée au vitriol du mensonge, nourrie à la sève du défaitisme et entretenue par l’argent sale de la corruption institutionnalisée.

Comment est ce possible que pendant plus d’un demi siècle Bamako n’ait pas pu inculquer la notion de citoyenneté à toutes les autres parties du Mali ? Ha oui, peut être que le dégoût d’être citoyen malien est si répulsif chez certaines qu’aucune assimilation ne se peut. Rappelez-vous, un citoyen ne s’achète point.

Comment est ce que la prise d’armes est devenue un commerce de lucre pour certains ? Mais  c’est parce que les autorités maliennes n’ont  pas rendu son coût d’opération commerciale exorbitant pour ces chefs d’entreprise que la demande de partenariat et de « joint venture » ne faiblit pas. Et ceux qui touchent les dividendes ne sont pas nécessairement sur le sable, ils sont ici même sur les hauteurs de la capitale.

Tout s’achète dit-on et il suffit d’y mettre le prix parait il. Alors les différents régimes depuis au moins vingt ans et une bonne partie de ce peuple aussi ont succombé aux « largesses » et à la « générosité » de celui qui était devenu l’idole du Tout Mali. Mohammar Kadhafi. Mais à quel prix ? Quand le magot est La Valeur, aucune autre valeur ne tient. L’intempérie qui sévit au nord Mali avait été prédite par la météo lorsque de gros nuages s’amoncelèrent sur le pays du Guide qui guidait aussi la température du septentrion malien. Apparemment cette prévision n’était tenue au secret que pour nos dirigeants.

Il n’y a pas plus saison propice à la délation et à l’amalgame qu’en ces temps d’élections. Que disent-ils ceux là qui, encore une fois, veulent se jouer de nos consciences, de notre intelligence. Que disent-ils de ces tueries à Aguel’hok et d’Albeïbara? Comment expliquent-ils cette punition collective sur la base du faciès et de l’épiderme dans le sud malien ? Violente question s’il en est, qu’est ce qu’on nous cache de cette armée ? Mon Général, il se dit que les troupes qui se sont fait massacrées y étaient allées pas pour combattre mais plutôt à but dissuasif et que cela explique le manque de munitions qui fut fatal à ses dignes guerriers ? Dans une zone ou l’affrontement avec les bandits armés est de certitude infaillible, n’est ce pas ici les prémisses d’une haute trahison ? Mon Général, Il y a des guerres qui ne sont pas des choix mais des obligations. Et celles là, quand on ne les fait pas aujourd’hui, nous les ferons demain au prix fort.

Mon Général, par ces erreurs de jugement, et bien d’autres, qui frôlent la faute, de paisibles maliens font les frais de vos atermoiements. Des patriotes à la peau rouge que je baptise tous du nom de ASSADEK pour les hommes et  de Aicha pour les femmes, se retrouvent meurtris au plus profond de leur chair et de leur esprit. ASSADEK qui eut la vie sauve par le patriotisme et l’humanisme de quelques officiers non touaregs de notre armée ne peut être qu’un malien dont l’identité culturelle est touareg. Ce Monsieur que nous appelons, et les mots sont choisis de façon  consciente, un frère et un ami ne doit souffrir d’amalgame. C’est cela le Mali de notre serment.  Des informations insidieuses le localisant tantôt au Polisario tantôt en Algérie et tentant à le portraire comme Judas sont véhiculées ça et là par des pêcheurs en eau trouble, de tout bord d’ailleurs, aux fins de distendre la quiétude sociale et d’inciter à la phobie de tous les ASSADEK et de tous les Aicha, de tous les Coulibaly et de tous les Keïta. Mais nous savions tous comme Thierry Wolton que : « les menteurs ont toujours bonne conscience lorsqu’ils agissent en bande parce qu’ils finissent par croire aux mensonges qu’ils fabriquent»

Finalement et comme pour être aussi nostalgique, puisque c’est ce qui reste comme rêve pour ce Mali des « démocrates » et, aussi parce que quand une nation prend conscience d’elle même, elle veut toujours justifier son présent par son passé alors nous demandons si cette terre qui s’est tant nourrie du corps et du sang de ses fiers enfants, n’a-t-elle pas suffisamment engraissée de sa sève nourricière les grains sortis de ses entrailles pour gaver d’honneur et de vérité ceux là qui, au nom du pouvoir et de l’argent, ont trahi l’ambition d’une nation fraternelle léguée à ses progénitures du nord comme du sud  par ses ancêtres?  Le Mali aux mains de ses hommes politiques est comme cette femme hantée par cette trinité effroyable qui est de s’offrir, de s’ouvrir et de souffrir dans le battoir de l’époux irresponsable et jouisseur. Nous nous adressons donc à cette quantité, d’hommes et de femmes honorables, qui se réduit comme peau de chagrin, à cette qualité évanescente de citoyens qui continue de donner espoir et à ces patriotes touaregs, malinkés, sonrhaïs, Sarakolés, peulhs etc. afin de garder l’espoir illuminé au firmament de la rencontre des civilisations sur cette terre soudanaise.

Une contribution de Mr Haïdara Chérif (USA)

haidara01@sbcglobal.net

 

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1 commentaire

  1. J’ajouterais simplement pour completer M. Haïdara que “la bonté ne pas arborer le visage de la faiblesse”.

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