Le chômage au Mali : Facteur de déstabilisation en milieu scolaire et universitaire

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Nous avons tous quelque chose à dire sur l’école. De façon générale, ces propos relèvent de l’opinion et ne sont que rarement influencés par la parole experte et le discours scientifique. Cette situation porte préjudice et a déjà porté préjudice à l’école. De reforme en reforme, notre peuple est en train de perdre nos valeurs. Une chose est sûre, nous devons nous investir tous pour sauver l’école.

La violence en milieu scolaire et universitaire  vous dit-elle  quelque chose ? Dans plusieurs pays dont le Mali, le phénomène prend de l’ampleur d’année en année : il s’agit bien de la violence dans les établissements scolaires. Cette violence recouvre différentes formes: dégradation volontaire du matériel, trafics en tous genres, et de plus en plus de tentatives d’intimidation, voire agressions contre des enseignants ou des membres de l’administration scolaire.

 Le plus inquiétant est que, d’une part, cette forme de violence, autrefois restreinte à quelques établissements, tend à s’étendre et à faire tâche d’huile.

      " La violence n’est pas un phénomène nouveau des élèves difficiles. On l’a connue tout au long de notre parcours scolaire. Les bagarres, les dégradations de matériel, les menaces…voilà des années que ça dure." Ce qui est nouveau, c’est l’apparition de nouvelles formes de violences plus destructrices. "

   Quelles sont les causes des violences en milieu scolaire et universitaire?

  Les causes de cette agressivité et de cette violence des jeunes au sein des établissements scolaires et universitaires sont multiples et l’on ne saurait en privilégier certaines au détriment d’autres car toutes concourent à la manifestation de ce phénomène.

Les parents démissionnent, ils ont parfois du mal à inculquer à leur enfant le respect du maître sans lequel il n’est pas de transmission des savoirs possible.

   Aujourd’hui, et plus que jamais, la cellule familiale est fragilisée : diminution du temps consacré aux enfants, disparition de l’autorité parentale, divorces… Tant de facteurs qui expliquent la perte de repères structurants pour l’enfant.

  L’avenir des jeunes apparaît de plus en plus sombre

 Le taux de chômage bat des records et la situation ne semble qu’empirer. Avant 2008, le taux de chômage au Mali était de 14% et, depuis 2008, ce taux  a atteint les 30% ( du simple au double)  La majorité des adolescents ne perçoit plus la nécessité de faire des études qui ne débouchent sur rien, et de plus, l’image de l’enseignant s’est dégradée dans la société. L’enseignant n’a plus le prestige d’autrefois aux yeux des parents. Ceux-ci sont nombreux à remettre en question, devant leurs enfants, l’enseignement qu’ils reçoivent.

La violence devient une manière d’exprimer leur révolte face aux inégalités sociales et aux discriminations dont ils souffrent.

 Les conséquences directes de la crise économique sur le système d’enseignement

La crise aggrave aussi les causes matérielles de l’inégalité d’accès aux études. Enfin, tout le processus de dérégulation-autonomie-privatisation crée un terrain favorable au développement inégal, dual, du système d’enseignement. "Par ailleurs, la recherche de l’excellence, de la qualité totale, de la performance est exigée dans une société de plus en plus compétitive».

Cette logique de l’excellence produit inéluctablement l’exclusion et toutes ses conséquences.

C’est le chômage qui est le plus important facteur de déstabilisation de l’école et explique en partie le développement de la violence en milieu scolaire et universitaire.

Le chômage a déjà induit chez les élèves et étudiants un double processus : soit le jeune ne voit pas d’utilité à étudier, vu qu’à la fin de son parcours scolaire, il n’envisage aucune embauche ; soit il se rend compte des difficultés à venir et considère comme primordial de décrocher un diplôme. Les deux processus sont souvent présents chez le même élève bien que celui de la sur mobilisation apparaisse plus forte que celui de la démobilisation.

 Quelles Solutions pour y remédier ?

1. Avoir la volonté politique, agir avec courage en utilisant les ressources disponibles judicieusement pour :

-Remettre l’école dans sa fonction de facteur de mobilité sociale, d’instruction, d’éducation civique et sportive, de formation technique et professionnelle et de recherche scientifiques, qui réhabilite et moralise la fonction enseignante,

-Restaurer la discipline ainsi que l’éthique de la performance scolaire,

-Améliorer l’adéquation de la formation et de la recherche aux exigences du monde d’aujourd’hui et de demain et revaloriser la culture nationale et populaire dans l’ouverture sur le reste du monde.

2.         Avoir un programme économique tout à la fois volontariste et réaliste favorisant l’initiative privée, l’esprit d’entreprise, d’association et l’entraide communautaire, fondé sur le travail créateur, bien fait et justement rémunéré, et s’appuyant sur le rôle stratégique de l’Etat et des services publics tant en matière d’impulsion et de régulation économiques que de redistribution, d’équité, d’égalisation des chances et de solidarité entre les générations d’aujourd’hui et celles de demain.

En conclusion, la violence visible de la délinquance constitue un reflet de la violence invisible des conditions de vie socioéconomiques inacceptables. 

Dr.  Aly WELLE dit Agaly

Médecin gestionnaire hospitalier

 

 

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